Croire

Nous nous occuperons de définir le verbe CROIRE dans son contexte strictement biblique. Lorsqu’on réfléchit à ce sujet, nous sommes amenés à faire cette pénible constatation que le vrai croyant fait partie aujourd’hui d’une espèce qui est de plus en plus en voie de disparition. Rencontrer un homme dont la foi est authentique, vivante, vibrante, est chose rare.

La foi des apôtres

La foi des apôtres, celle qui jaillissait au sein de l’Église des premiers chrétiens, et qui aurait dû se transmettre de génération en génération, est aujourd’hui chose du passé. Elle est reléguée au rang d’une relique. Elle ne semble plus devoir trouver sa place dans notre monde moderne noyé dans un océan de matérialisme.

En effet, nous sommes aujourd’hui esclaves de notre siècle, esclaves de nos vacances, par nos responsabilités qui semblent nous accaparer de plus en plus. La religion n’a plus sa place dans la vie quotidienne. Tout cela est anormal.

L’homme n’a plus confiance que dans ses propres réalisations. Il s’admire, s’enorgueillit de lui-même, de ce qu’il a fait, de ce qu’il peut faire. Son orgueil démesuré et sa folle suffisance lui font oublier qu’il n’est qu’une créature et non pas un Dieu créateur. Il oublie qu’il se doit à un Dieu tout-puissant. Il court ainsi à sa propre perte, en se détruisant par l’intérieur.

Le sombre pressentiment du Christ se justifie-t-il pleinement à notre époque ? « Quand le Fils de l’homme viendra », dit-il un jour « trouvera-t-il la foi sur la terre ? » (Luc 18.8).

Cette phrase prononcée par Jésus devrait nous conduire à un examen de conscience. La religion est-elle pour moi un moyen de communier avec Dieu, ou n’est-elle qu’une simple habitude sociale à laquelle je me conforme bon gré mal gré ?

Michel Quoist, en penseur et psychologue, a bien su diagnostiquer dans notre société cet écart de la vraie foi :

  • Pour le bien-pensant elle est un ensemble de bons principes ;
  • Pour le vertueux, un code de vie morale ;
  • Pour le pieux, l’accomplissement de rites religieux.

Mais pour combien la foi est-elle cette lumière qui éclaire toute la vie et l’oriente jusqu’en ses moindres détails ?

Michel Quoist a su trouver les mots justes, et cela nous met tout à coup mal à l’aise. Pourtant, il faut considérer les choses avec lucidité. Parce que l’Évangile n’est pas connu ou mal connu, la foi (qui est un besoin chez l’homme) a été réduite à une foi humaine.

Elle s’est transformée en superstition dans bien des cas.

Une ferme assurance

Écoutons ce que la Bible dit sur le sujet de la foi. Le chapitre onze de l’épître aux Hébreux est entièrement consacré à ce sujet. Nous en lirons quelques versets :

« La foi est une ferme assurance des choses qu’on espère, une démonstration de celles qu’on ne voit pas. Pour l’avoir possédée, les anciens ont obtenu un témoignage favorable. C’est par la foi que nous reconnaissons que le monde a été formé par la parole de Dieu, en sorte que ce qu’on voit n’a pas été fait de choses visibles. »

Puis vient cette déclaration importante au verset 6 :

« Or, sans la foi, il est impossible d’être agréable à Dieu, car il faut que celui qui s’approche de Dieu croie qu’il existe et qu’il est le rémunérateur de ceux qui le cherchent. » (Hébreux 11.1-3,6)

« Sans la foi il est impossible d’être agréable à Dieu. » Seulement, pour que cette foi dont nous nous prétendons animés soit agréable à Dieu, il faut qu’elle soit authentique. La foi suppose le mouvement, l’activité, le travail, pour Dieu.

Il ne suffit pas de dire : « J’ai la foi. » Il faut le montrer. Il faut le prouver. Il faut l’exprimer. De toutes manières, si la foi est vraie, elle s’extériorisera irrésistiblement.

Écoutez le puissant raisonnement de Jacques dans son épître :

« Tu crois qu’il y a un seul Dieu, tu fais bien ; les démons le croient aussi, et ils tremblent. Veux-tu savoir, ô homme vain, que la foi sans les œuvres est inutile ? » (Jacques 2.19,20)

Plus loin, il ajoute :

« Comme le corps sans âme est mort, de même la foi sans les œuvres est morte. » (Jacques 2.26)

Exprimer notre foi

Il y a donc ceux qui ont une foi intellectuelle, mais qui sont incapables de la vivre. Dans quelle catégorie pouvons-nous nous ranger ?

L’Évangile de Jean rapporte une des dernières prédications du Christ, une de celles qui faisaient dire aux Juifs : « Jamais homme n’a parlé comme cet homme ! » Or, les paroles du Christ ont touché certains chefs du peuple. Jean nous dit :

« Cependant, même parmi les chefs, plusieurs crurent en lui ; mais, à cause des pharisiens, ils n’en faisaient pas l’aveu, dans la crainte d’être exclus de la synagogue. Car ils aimèrent la gloire des hommes, plus que la gloire de Dieu. » (Jean 12.42,43)

Dans ce cas, la foi qui avait saisi leur cœur pendant un moment s’était trouvée étouffée par la crainte des conséquences qu’elle pouvait avoir. En effet, un aveu aurait signifié l’exclusion.

Ne sommes-nous pas souvent comme ces hommes lâches, croyants de bonne volonté, mais n’osant pas trop exprimer nos convictions religieuses de peur d’être rejetés par la société, la famille, les amis ?

Au milieu de ces hésitations de notre part, de nos calculs fiévreux, de nos craintes et de nos appréhensions, la voix calme mais ferme du Christ nous rappelle :

« Je suis venu comme une lumière dans le monde, afin que quiconque croit en moi ne demeure pas dans les ténèbres. » (Jean 12.46)

D’où vient la foi

Nous pourrions répondre de diverses manières. Nous laisserons néanmoins la Bible répondre elle-même à toutes ces questions importantes. L’apôtre Paul déclare dans sa lettre aux Romains :

« La foi vient de ce qu’on entend, et ce qu’on entend vient de la parole de Christ. » (Romains 10.17)

La foi est donc le résultat d’un contact avec la parole de Christ, c’est-à-dire avec l’Évangile.

C’est en effet dans l’Évangile que je retrouve le Christ. C’est l’Évangile qui me décrit sa vie, sa mort et sa résurrection. C’est l’Évangile qui me transmet ses promesses et ses commandements.

Il faut donc que je me familiarise avec l’Évangile.

Il faut donc que j’apprenne à aimer l’Évangile.

Il faut que j’apprenne à respecter chaque phrase de ce message divin pour en faire une partie de moi-même.

Tout comme je m’imbibe littéralement des pensées et des tendances de mon journal, à force de le lire chaque jour, je puis aussi me laisser pénétrer par la parole de Dieu afin qu’elle pénètre mon cœur, ma conscience, mon jugement et jusqu’à mes espérances.

Au contact de la Parole de Dieu, deux attitudes peuvent se développer : soit qu’on la rejette, soit qu’on l’accepte.

Concernant cette première attitude, Jésus déclare :

« Celui qui me rejette et qui ne reçoit pas mes paroles a son juge ; la parole que j’ai annoncée, c’est elle qui le jugera au dernier jour. » (Jean 12.48)

Obéissance lucide

Quant à la seconde attitude, il n’y a qu’une manière d’accepter la Parole, c’est de lui rendre obéissance pleinement, spontanément et avec lucidité. Considérons un moment l’attitude des premiers chrétiens : la Bible nous dit que « ceux qui acceptèrent sa parole (la prédication de Pierre) furent baptisés » (Actes 2.41).

POURQUOI ? Parce que le commandement avait été catégorique et logique :

« Repentez-vous », telle avait été l’exhortation apostolique, « et que chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus-Christ, pour le pardon de vos péchés ; et vous recevrez le don du Saint-Esprit. » (Actes 2.38)

Après sa résurrection, Jésus avait donné à ses apôtres la mission d’aller…

« … par tout le monde et prêchez la bonne nouvelle à toute la création. Celui qui croira et qui sera baptisé sera sauvé, mais celui qui ne croira pas sera condamné. » (Marc 16.15,16)

Il y a donc une relation étroite entre la foi et le baptême. Nous pouvons même dire, en nous appuyant sur les Écritures, que dans la conversion, la foi et le baptême sont indissociables.

L’acte d’adhésion

Le narrateur précis et méticuleux qu’est Luc nous rapporte que, suite de la prédication de l’évangéliste Philippe qui leur annonçait « la bonne nouvelle du royaume de Dieu et du nom de Jésus-Christ », ceux qui crurent, « hommes et femmes se firent baptiser » (Actes 8.12). De même, dans la ville de Corinthe, après avoir entendu la prédication de l’apôtre Paul,

« Crispus, le chef de la synagogue crût au Seigneur avec toute sa famille. Et plusieurs Corinthiens, qui avaient entendu Paul, crurent aussi, et furent baptisés. » (Actes 18.8)

Il est aisé de constater que dans les conversions que nous rapporte la Bible, le baptême était un acte de foi et d’obéissance. Il constituait l’acte d’adhésion à la personne du Christ, l’engagement d’une bonne conscience envers Dieu, selon l’expression de l’apôtre Pierre (1 Pierre 3.21), et un engagement salutaire puisqu’il procurait le pardon des péchés.

« Repentez-vous et que chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus-Christ pour le pardon de vos péchés ; et vous recevrez le don du Saint-Esprit. » (Actes 2.38)