Le signe de Jonas

Je vous invite aujourd’hui à examiner avec moi une page de la Bible qui est le point de mire préféré des critiques. Il s’agit de la prophétie de Jonas. Qui n’a pas entendu parler de Jonas et de la baleine ? Tout le monde sait à peu près de quoi il s’agit. C’est une histoire que l’on classe sans hésitation au rang des contes pour enfants. Ce qui est plus grave, c’est que, le livre de Jonas se trouvant dans la Bible, on en vient à considérer la Bible tout entière comme un recueil de fables et de légendes.

Or, parmi ceux qui rendent un verdict aussi définitif, je gage que 99 % n’ont pas lu la Bible, ne serait-ce qu’une seule fois, pas même le livre de Jonas, qui n’occupe pourtant que quatre chapitres – 48 versets en tout – soit environ cinq minutes de lecture. Comment peut-on porter un jugement objectif sur quoi que ce soit, en l’occurrence sur un document ou un rapport, sans avoir auparavant examiné le contenu de ce rapport ? !

Prophétie de Jonas

Quel est le contenu de la prophétie de Jonas ? Dès le premier chapitre, Dieu donne au prophète Jonas la mission d’aller dans la ville de Ninive, capitale des Assyriens, pour annoncer aux habitants la ruine prochaine de leur capitale s’ils ne se repentent pas de leur corruption et de leur cruauté.

Or, Jonas est un Hébreu. L’Assyrien est un ennemi, un païen ; Jonas ne peut pas supporter l’idée que Dieu s’intéresse à tout ce qui est étranger à Israël. Alors, il essaie de se dérober à sa mission et se dirige dans la direction opposée. Il trouve à s’embarquer sur un navire qui fait voile vers Tarsis, au sud-ouest de l’Espagne.

Pendant le voyage, la mer se déchaîne. On frôle le naufrage à chaque instant. Les marins jettent toute la cargaison à la mer pour alléger le navire, mais rien n’y fait. La situation est désespérée. Chacun implore son dieu. Jonas finit par avouer que c’est à cause de lui que la tempête s’est levée. Dans l’aveuglement de sa révolte, il avait cru qu’il était possible de fuir l’Éternel, mais l’Éternel le poursuit… et il propose lui-même qu’on le jette à la mer.

Alors commence le chapitre deux. Ici, deux versets font sourire les critiques : le premier et le dernier.

Voici le premier :

« L’Éternel fit venir un grand poisson pour engloutir Jonas, et Jonas fut dans le ventre du poisson trois jours et trois nuits. » (Jonas 2.1)

Voici le dernier :

« L’Éternel parla au poisson, et le poisson vomit Jonas sur la terre. » (Jonas 2.11)

Entre ces deux versets s’intercale la supplication de Jonas. Enfin, le prophète, surmontant sa réticence, ira à Ninive, qui se repentira et se tournera vers Dieu.

Histoire ou légende

Il faut avouer franchement que le récit est surprenant. C’est le moins que l’on puisse dire. Certains le trouvent positivement invraisemblable et n’hésitent pas à dire qu’il s’agit d’une légende sans aucun fondement historique. D’autres sont d’avis que nous sommes en présence d’une parabole destinée à illustrer la sollicitude de Dieu pour tous les peuples, non seulement pour Israël.

Mais tout aussi franchement, je ne vois pas en quoi il est plus difficile à un chrétien d’accepter ce récit comme parfaitement historique que de croire que Jésus est sorti vivant du ventre de la terre après y avoir séjourné trois jours !

Mais parlons d’abord de Jonas, de l’homme lui-même. Est-il un personnage fictif auquel on a donné ce nom pour agrémenter la parabole ? Au contraire, on s’aperçoit qu’il est question de lui comme d’un être réel dont l’existence est aussi attestée que celle d’un David ou d’un Ésaïe. Le livre qui porte son nom précise qu’il est fils d’Amitthaï. Et le second livre des Rois fait une référence historique à une prophétie de Jonas qui s’accomplit sous le règne du roi d’Israël, Jéroboam (2 Rois 14.25). Ce texte précise en outre quelle était la résidence du prophète.

Il n’y a donc aucun doute quant à l’historicité du personnage. Mais les faits, que penser des faits ? L’histoire est-elle véridique ?

Qu’en dit Jésus ?

Signalons d’abord que, dans ses enseignements, Jésus fait mention de Jonas en des termes qui montrent qu’il ne partageait certes pas notre méfiance à l’égard de l’extraordinaire aventure du prophète.

Un jour que les Juifs incrédules et hypocrites lui avaient demandé :

« Maître, nous voudrions te voir faire un miracle. Il leur répondit : Une génération méchante et adultère demande un miracle ; il ne lui sera donné d’autre miracle que celui du prophète Jonas. Car, de même que Jonas fut trois jours et trois nuits dans le ventre d’un grand poisson, de même le Fils de l’homme sera trois jours et trois nuits dans le sein de la terre. » (Matthieu 12.38-40)

Puis il mentionne la conversion des habitants de Ninive qui seront présents au jour du jugement et condamneront « cette génération » (v. 41). Car les Ninivites se repentirent autrefois à la prédication de Jonas. Or, avec Jésus, il y avait « plus que Jonas », et cependant ses exhortations au repentir n’étaient pas écoutées.

Qu’on ne nous dise pas qu’en évoquant l’histoire de Jonas, Jésus ne vient pas de porter un jugement sur la réalité des faits, car, dans le même discours, il mentionne aussitôt la reine de Saba qui vint « des extrémités de la terre pour entendre la sagesse de Salomon », et il ajoute, comme pour Jonas : « Et voici, il y a ici plus que Salomon » (v. 42) … Ou la reine de Saba et Salomon sont-ils eux aussi des personnages de légende ou de parabole ? ! ! !

Possible… probable… vraisemblable…

Entrons dans le vif du sujet. En réalité, ce qui préoccupe, ce qui gêne les chrétiens, c’est cette histoire de la baleine. Est-ce scientifiquement probable ?

Il n’est pas possible évidemment de prouver que cet épisode dans la vie du prophète a réellement eu lieu, mais peut-on au moins prouver que cela aurait pu se produire ? Autrement dit, est-ce scientifiquement probable, pour ne pas dire possible ?

Eh bien ! Je crois que nous pouvons franchement répondre par l’affirmative. Ouvrons ici une parenthèse nécessaire avant de continuer. Si notre foi exige pour chaque miracle une démonstration scientifique de sa vraisemblance, notre conception du miracle et de la puissance de Dieu sont complètement et dangereusement faussées. Ce souci de rechercher dans tout miracle de la Bible « une vraisemblance scientifique », une « cause naturelle », ce souci qui conduit parfois à des acrobaties ridicules, trahit une répugnance à accepter l’idée d’une action directe de Dieu dans les affaires des hommes. On voit mal comment une telle « foi » peut résister devant le miracle de l’incarnation ou de la résurrection !

Nous avons pu remarquer que la Bible ne fait nullement mention d’une baleine. Il est question d’un « gros poisson ». Le mot hébreu dag est employé, nous dit-on, quelque dix-neuf fois dans l’Ancien Testament, et il est chaque fois traduit par « poisson ». Certains insistent sur l’idée que la baleine n’est pas un poisson (au moins selon la nomenclature moderne). L’idée de faire avaler Jonas par une baleine est explicable par le fait qu’on ne pouvait pas imaginer un poisson assez gros pour héberger un homme pendant trois jours. Or, il est notoire qu’une baleine a un gosier particulièrement étroit par rapport à sa taille, trop étroit pour permettre le passage à un homme, fût-il très petit. Cela est vrai, du moins, de la plupart des baleines.

On sait qu’il existe dans la famille des baleines des espèces de toutes tailles et de toutes formes, dont certaines peuvent engloutir aisément des morceaux de taille d’un homme.

Interrogeons la science

Nous ne voulons pas faire de cette étude un cours d’ichtyologie, mais, puisque nous sommes tourmentés par notre raison et des questions d’ordre scientifique, il nous faut interroger la science pour qu’elle dise ce qu’elle sait du gosier des baleines et des grands poissons. Quoique la famille des baleines nous fournisse d’amples espaces où loger confortablement notre scepticisme et où trouver la réponse à nos questions, c’est du côté des grands poissons que nous avons des remarques intéressantes à faire ; des requins plus précisément.

Il paraît que la famille des requins est, elle aussi, composée d’espèces nombreuses et variées et que tous les requins ne sont pas aussi féroces qu’on le dit. Certaines espèces ne déchirent pas leurs proies. Elles préfèrent les avaler d’un seul coup, proprement. Exemple : le rhincodon, appelé aussi le requin-baleine, qui a des habitudes gastronomiques assez singulières. Il se chauffe au soleil à la surface de la mer. Lorsque la faim le tenaille, il ouvre une gueule énorme et nage à grande vitesse engouffrant tout ce qui se trouve sur son passage.

Il y a quelques années, on a entendu cette information surprenante sur l’antenne de Radio Luxembourg, par le journaliste M. George De Cannes. Il dit en substance : « Les ménagères qui ont fait leur marché à Kirashi cette semaine ne sont pas près d’oublier ce qu’elles ont vu. En ouvrant un requin sur son étal, un poissonnier découvrit le cadavre entier d’un homme, un vieillard recroquevillé, qui serrait encore contre sa poitrine une petite cruche d’huile. » Qui sait depuis combien de temps il était là !

Mais ce qui est encore concluant, c’est l’aventure survenue à un marin anglais dans la Manche. Il tomba par-dessus bord en essayant de harponner un de ces monstrueux rhincodons, et, avant qu’il ait pu être récupéré, il fut englouti par l’un de ces monstres. Toute la petite flottille de pêche se mit aussitôt à traquer le requin, qui ne fut repéré et abattu par un coup de carabine que 48 heures après l’accident. Trop lourd pour être hissé à bord, on le remorqua jusqu’à la côte où on l’ouvrit pour donner à ce qui pouvait rester de l’infortuné marin une sépulture plus décente. Quelle ne fut pas la stupéfaction des marins lorsqu’ils retrouvèrent leur compagnon inconscient mais vivant ! On le transporta aussitôt à l’hôpital, d’où il put sortir quelques heures plus tard.

Cet incident fit du bruit à l’époque, comme on peut imaginer. Tout le monde put voir le marin en question, pour un shilling, exposé comme une curiosité au London Museum, où on l’exhibait, bien entendu, comme le « Jonas du 20e siècle ».

Le docteur H. Rimmer, qui rapporte ce fait dans son livre, Harmony of Science& Scripture, déclare avoir personnellement insisté pour rencontrer le marin miraculé. Il raconte qu’il était d’un aspect bizarre, car son système pileux avait entièrement disparu et sa peau était couverte d’étranges taches d’un brun jaunâtre.

La remarque du docteur Rimmer vaut la peine d’être relevée en guise de conclusion : « Si un homme a pu vivre deux jours dans le ventre d’un grand poisson, et cela sans un secours providentiel particulier, est-il si difficile de croire qu’un prophète de Dieu ait pu vivre cette même expérience un jour de plus ? »

Conclusion

Si quelqu’un souffre d’une allergie au surnaturel, peut-être ces considérations le soulageront-elles un peu. En tout cas, nous savons que le récit biblique est parfaitement vraisemblable.

Quant à nous chrétiens, il nous suffit de savoir qu’il fait partie de la Bible et que nous avons en outre le témoignage personnel du Christ. Y croire est une question de sagesse élémentaire.