Le royaume de Dieu est au milieu de vous

Lorsque Jésus commença son ministère public, la nation juive attendait depuis plusieurs siècles déjà l’instauration du « royaume de Dieu » qui avait été abondamment promis par ses prophètes. La lecture de ces prophéties, notamment celles de Nathan (2 Samuel 7.12-16), de David (Psaume 110.1,2), d’Ésaïe (Ésaïe 9.5,6) et de Daniel (Daniel 2.44,45), permettait d’attendre et d’espérer la venue d’un règne de justice et de paix parmi le peuple élu de Dieu.

Les Juifs envisageaient ce royaume par rapport aux autres royaumes de ce monde. Il serait le plus grand, le plus puissant, le plus riche. Cette espérance était essentiellement « terrienne ». Le pays d’lsraël étant alors occupé par les légions de César, on croyait naturellement que le règne de Dieu chasserait les Romains et rétablirait la gloire de David et de Salomon dont le souvenir nostalgique avait sa place dans le cœur de chaque Israélite pieux. C’est ce qui explique en grande partie le succès presque phénoménal de la prédication de Jean-Baptiste qui prêchait dans le désert de Judée :

« Repentez-vous, car le royaume des cieux est proche. » (Matthieu 3.2)

Or, Jésus parlait lui aussi d’un royaume qui allait bientôt paraître, et il laissait clairement entendre que lui-même était le Messie promis, car Messie et royaume étaient inséparables.

Le royaume est proche

Après son baptême, il retourna en Galilée et prêcha le même message qu’annonçait Jean au peuple : « Le royaume est proche » (Matthieu 4.17). Il enseignait en même temps à ses disciples de prier : « Que ton règne vienne » (Matthieu 6.10). Il illustrait, dans ses paraboles, les principes de ce royaume en faisant des comparaisons simples et lumineuses avec les choses les plus courantes de la vie quotidienne.

Plus tard, il envoya ses apôtres dans les villes et les villages d’lsraël avec ce message : « Le royaume de Dieu s’est approché de vous » (Luc 10.9).

Pourtant, Jésus ne présentait aucun des attributs de la royauté qu’attendaient ses contemporains. Issu d’une famille de provinciaux pauvres et obscurs, Jésus était plutôt le contraire de ce que l’on attendait et de ce que l’on voulait. Non seulement n’avait-il reçu aucune formation dans les écoles rabbiniques de Jérusalem, mais on le voyait constamment en compagnie de personnes à la réputation abîmée, voire tout à fait mauvaise… et c’est souvent dans ce milieu qu’il recrutait ses amis ! Aussi, pouvons-nous percevoir toute la dérision qui se cache derrière la question que lui posent les Pharisiens dans le dix-septième chapitre de Luc : « Quand viendra le royaume de Dieu ? » Ces hommes aisés, respectés, dédaigneux, retranchés derrière leurs traditions, leurs idées préconçues et leurs préjugés, ne pouvaient entendre ce pauvre illuminé discourir sur le royaume de Dieu sans se moquer de lui.

Mais Jésus leur montre, par sa réponse, qu’ils s’étaient complètement égarés en ce qui concerne la vraie nature du royaume messianique :

« Le royaume de Dieu » dit-il, « ne vient pas de manière à frapper les regards. On ne dira point : Il est ici, ou : Il est là. Car voici, le royaume de Dieu est au milieu de vous. » (Certaines versions disent « au-dedans de vous ».) (Luc 17.20,21)

Malheureusement, les Pharisiens contemporains de Jésus n’ont pas été les seuls à nourrir de fausses conceptions au sujet du royaume de Dieu. Ainsi, de nos jours, certains conçoivent le royaume de Dieu comme étant de nature politique : pour eux, c’est l’union de l’Église et de l’État… c’est de cette conception que naissent les Églises nationales. Depuis les jours de l’empereur Constantin, le monde a vu le développement d’une organisation mi-politique mi-religieuse qui se mit à exercer un pouvoir temporel, à se mêler de questions politiques, à envoyer des émissaires aux capitales du monde et à se proposer comme arbitre des nations. Cela ne peut pas être le royaume de Dieu.

Mon royaume n’est pas de ce monde

À l’encontre de cette puissance politico-religieuse, Jésus a dit expressément :

« Mon royaume n’est pas de ce monde, répondit Jésus. Si mon royaume était de ce monde, mes serviteurs auraient combattu pour moi afin que je ne fusse pas livré aux Juifs ; mais maintenant mon royaume n’est point d’ici-bas. » (Jean 18.36)

Tout comme ses disciples, son royaume, quoique dans le monde, n’est pas du monde (Jean 17.14-16).

Pour d’autres, le royaume de Dieu se conçoit essentiellement dans l’optique matérialiste. Ce sera une espèce d’utopie sur la terre où les hommes vivront plus ou moins à leur guise, même dans la désobéissance, même dans le péché, sans en subir les conséquences. Ce sera la délivrance automatique de toute souffrance humaine, de toute misère, de toute violence, de toute guerre… et cela par un acte souverain du Tout-Puissant sans qu’il soit question d’un changement radical dans le cœur des hommes.

Cependant, selon les paroles de Paul dans sa lettre aux Romains

« Le royaume de Dieu, ce n’est pas le manger et le boire. » (Romains 14.17)

C’est-à-dire qu’il est inutile de le rechercher dans les circonstances extérieures de notre existence, sauf dans la mesure où ces circonstances seront affectées et influencées par le renouveau de l’esprit humain qui est, comme nous le verrons, le siège profond du règne de Dieu.

Il est au milieu de nous

Beaucoup envisagent le royaume de Dieu comme un événement encore à venir. Ce royaume, pour eux, ne sera instauré que lorsque Jésus reviendra à la fin de cette ère de grâce pour régner personnellement sur la terre. Mais cette théorie n’a pas de fondement biblique. Rien ne permet d’affirmer que le Seigneur reviendra prendre place sur la terre ou qu’il commencera son règne lorsqu’il apparaîtra. Au contraire, ce sera le moment où il remettra le royaume entre les mains de Dieu (1 Corinthiens 15.24). Le « royaume de Dieu » était déjà proche pendant le ministère public de Jésus. « Il est au milieu de vous » dit-il à ses interlocuteurs, c’est-à-dire à votre portée. Que Jésus règne à présent est abondamment attesté par les Écritures, notamment par le fait qu’il est assis à la droite de Dieu depuis sa résurrection (Matthieu 28.18; Marc 16.19; Actes 2.29-36; Éphésiens 1.20-23 etc.). Ce royaume existe donc d’ores et déjà pour ceux qui veulent le recevoir selon l’Évangile.

La justice, la paix, la joie

Mais quelle est au juste la nature de ce royaume ? D’après le texte de Paul en Romains 14.17, le royaume « c’est la justice, la paix et la joie par le Saint-Esprit. » Ce royaume est donc spirituel et non pas matériel. Il concerne le cœur des hommes. C’est ce que Pierre veut dire lorsqu’il écrit : « Sanctifiez dans vos cœurs Christ le Seigneur » (1 Pierre 3.15).

La justice du royaume de Dieu dont parle l’apôtre Paul n’est pas notre justice personnelle. Il ne s’agit pas de nos efforts à nous justifier devant Dieu en faisant valoir nos œuvres de mérite (Tite 3.4,5). Christ a déjà tout mérité pour nous. Il n’appartient plus à l’homme qu’à mettre toute sa confiance en Dieu par une foi agissante, obéissante et soumise aux commandements du Christ (Philippiens 3.9; Galates 5.6; Jacques 2.14,15).

La paix du royaume n’est pas un stoïcisme résigné, ni un morne fatalisme. Elle ne vise pas une quelconque paix militaire. Cette paix dont parle l’Écriture est un bien intérieur. C’est l’apaisement d’un cœur qui se sent aimé de Dieu, pardonné par lui et réconcilié avec lui.

« Étant justifié par la foi, nous avons la paix avec Dieu par notre Seigneur Jésus-Christ. » (Romains 5.1)

De même, la joie du royaume n’a rien à voir avec les éclats de rire, l’amusement, le plaisir éphémère de l’homme animal. Cette joie du royaume est sœur de la paix du cœur dont nous venons de parler. Elle vient du Saint-Esprit comme un flot débordant, sain et durable. La source de ce flot, c’est la communion avec Dieu et l’espérance de la vie (Romains 5.5; 1 Pierre 1.3-9).

La nouvelle naissance

Pour accéder à cet état, à ce royaume, Jésus déclare qu’il faut naître de nouveau.

« En vérité je te le dis, si un homme ne naît de nouveau, il ne peut voir le royaume de Dieu. »

Ensuite, répondant à la perplexité de celui qui l’interroge, il ajoute :

« Je te le dis, si un homme ne naît d’eau et d’Esprit, il ne peut entrer dans le royaume de Dieu. » (Jean 3.3-5)

La nouvelle naissance est donc une condition indispensable pour entrer dans le royaume des cieux, et une vie nouvelle est le fruit de ce royaume dès qu’il a pris racine dans notre cœur, dans notre vie (Romains 6.4; 2 Corinthiens 5.17).

La vérité

Jésus dira plus tard au gouverneur Pilate, qui le questionnait :

« Tu le dis, je suis roi. Je suis né et je suis venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité. Quiconque est de la vérité écoute ma voix. » (Jean 18.37)

Le royaume du Christ est fondé sur la vérité, et ceux qui sont de la vérité font partie de ce royaume. Plus la vérité de Christ est acceptée et suivie par les hommes, plus son royaume prendra de l’extension dans le monde.

Nous pouvons donc affirmer que la réalité du royaume de Dieu ne se trouve pas dans un état quelconque de ce monde, même renouvelé, ni dans les circonstances externes de notre vie sur cette terre, mais plutôt dans l’état de notre âme devant Dieu à la lumière de sa Parole. C’est dans la région de l’esprit, du caractère, des dispositions intérieures que le règne de Dieu veut commencer.

Recevoir le royaume

Là où se trouve le roi, là se trouve aussi sa cour. Si Dieu a pris possession de notre âme, alors son règne est véritablement au milieu et au-dedans de nous. Souvenez-vous de ces paroles de Jésus à l’égard des enfants :

« Laissez venir à moi les petits enfants et ne les en empêchez pas ; car le royaume de Dieu est pour ceux qui leur ressemblent. Je vous le dis en vérité, quiconque ne recevra pas le royaume de Dieu comme un petit enfant n’y entrera pas. » (Luc 18.16,17)

Dans ce texte, on peut mesurer toute la complexité de la notion de royaume. Il présente ce royaume comme quelque chose qui est offert ; c’est tout l’enseignement qui est donné et que l’on reçoit ; c’est aussi et surtout, nous l’avons vu, un état dans lequel on entre, dans lequel on peut entrer maintenant. C’est aussi la société, la communauté, l’Église, qui continuera son œuvre. Ce sera aussi l’état des sauvés en Christ au dernier jour (Jacques 2.5; 2 Pierre 1.11). Mais dans ce texte, Jésus insiste surtout sur les dispositions intérieures indispensables à la réception de ce royaume et à son accession. Le premier contact que les hommes ont avec ce royaume, c’est d’abord par la proclamation de la Parole de Dieu. Nous devons apprendre à recevoir cette parole du royaume avec la simplicité et la confiance propres aux enfants ; avec les dispositions de l’enfant qui ignore le mal, qui n’a pas le souci des richesses, n’a ni arrogance, ni haine, qui croit sur parole et considère comme vrai tout ce qu’on lui dit.

Chers amis, considérez-vous comme vrai tout ce que le Seigneur vous dit et vous promet dans sa Parole ?

L’Église

Lorsque les apôtres annoncèrent l’Évangile du salut par Jésus-Christ pour la première fois le jour de la Pentecôte à Jérusalem, cet événement marqua d’une manière solennelle et avec la puissance de l’Esprit la venue du royaume de Dieu (Marc 9.1; Actes 1.8; 2.1-4). À partir de ce jour, la parole du royaume ne cessa pas de se répandre partout où il y avait des hommes, et la Bible dit que

« le Seigneur ajoutait chaque jour à l’Église ceux qui étaient sauvés. » (Actes 2.47)

Chers amis, connaissez-vous le royaume de Dieu avec sa justice, sa paix, sa joie, dans le pardon et l’amour de Dieu ? Peut-être êtes-vous de ceux au sujet desquels Jésus dit qu’ils ne sont « pas loin du royaume » (Marc 12.34). Puissiez-vous vous en approcher de plus en plus jusqu’à l’embrasser de tout votre cœur avec confiance par la nouvelle naissance. Alors, le royaume de Dieu sera en vous et vous serez en lui.