La restauration : Un retour en arrière

En Luc 18.8 Jésus a posé une question surprenante : « Quand le Fils de l’homme viendra, trouvera-t‑il la foi sur la terre ? » Sans répondre directement à cette question, les apôtres de Jésus ont plus tard émis plusieurs avertissements en disant qu’un bon nombre de chrétiens seraient détournés de la vraie foi par de faux prophètes et de faux docteurs. Ils ont prédit une grande apostasie, c’est-à-dire un abandon de la vérité (1 Timothée 4.1-3; Actes 20.29,30; 2 Thessaloniciens 2.3; 2 Timothée 4.3; 2 Pierre 2.1; etc.). Ces prophéties se sont accomplies dans les siècles qui ont suivi la mort des apôtres. Bien que les hommes continuent de se considérer comme des chrétiens, beaucoup sont tombés dans le même genre de pièges que les Juifs que Paul décrit en Romains 10.2,3 :

« Je leur rends le témoignage qu’ils ont du zèle pour Dieu, mais sans intelligence : ne connaissant pas la justice de Dieu, et cherchant à établir leur propre justice, ils ne se sont pas soumis à la justice de Dieu. »

Bien qu’ils se voient comme étant toujours dans la bonne voie, ils ne le sont pas. Les paroles de Jésus en Marc 7.8,9 les décrivent parfaitement : « Vous abandonnez le commandement de Dieu, et vous observez la tradition des hommes. »

Au problème de l’éloignement de la vérité biblique s’ajoute le fléau de la division entre les croyants. Divers efforts de réformer des institutions étrangères à la Bible, des Églises totalement distinctes de celle dont nous lisons dans les pages du Nouveau Testament, ont eu pour résultat la création d’une multitude de dénominations. Par exemple, l’Église du Nazaréen est née au 19e siècle d’un désir de ramener le méthodisme aux principes de son fondateur, John Wesley. Au cours du siècle précédent, les méthodistes avaient vu le besoin de changement au sein de l’Église anglicane, et l’anglicanisme, quant à lui, avait voulu, deux siècles plus tôt, réformer le catholicisme, au moins en Angleterre. Mais il est clair qu’aucune de ces Églises – nazaréenne, méthodiste, anglicane ou catholique – n’était connue des apôtres. Elles sont différentes les unes des autres, et différentes de l’Église du premier siècle. Cette confusion est contraire à la volonté de Jésus, qui avait prié pour que ces disciples soient un, comme lui et son Père sont un (Jean 17.20,21).

Ces deux problèmes, l’apostasie et la division religieuse, pourraient être résolus, nous semble-t‑il, par le même remède : un retour en arrière. Un retour radical aux Écritures, qui sont la base de la véritable foi chrétienne, permettrait de redécouvrir ce que le Seigneur avait voulu et ordonné pour son Église. Il permettrait ainsi de restaurer les pratiques et les enseignements qui ont été perdus dans l’accumulation continuelle de traditions et de commandements d’hommes.

Un retour en arrière est-il désirable ?

Il y a une tendance à penser que ce qui est nouveau est toujours meilleur. On parle de progrès, d’évolution, d’amélioration, de développement, etc. On pense que l’Église a besoin de changer avec le temps, de s’adapter aux différentes cultures et aux différentes mentalités au fil des années, de se rendre moderne. Ce qu’il faut se rappeler, c’est que l’Église a été conçue par Celui qui a créé tous les hommes. Non seulement il connaît parfaitement l’être humain et son caractère, mais il a toute l’intelligence et toute la sagesse nécessaires pour définir une voie qui convienne aux besoins de tous les hommes, quels que soient leurs pays ou leur époque. Ni le message de l’Évangile ni la nature de l’Église n’ont besoin d’être améliorés ou d’être adaptés par les hommes.

En lisant le Nouveau Testament, nous pouvons voir qu’il y avait dans la pensée de Dieu un modèle pour son Église, un modèle qu’il a révélé aux hommes inspirés, lesquels avaient le devoir de le suivre et de l’enseigner aux autres, sans y apporter leurs propres modifications. Quand Dieu ordonna à Moïse de faire construire le tabernacle, un lieu d’adoration pour les Israélites, Moïse devait suivre un modèle. Hébreux 8.5 nous rappelle cette nécessité. Il dit que Moïse fut averti par Dieu en ces termes : « Aie soin […] de faire tout d’après le modèle qui t’a été montré. » Dieu ne laissa pas aux Israélites la liberté de décider de quelle manière ils le serviraient. Dans le Nouveau Testament, pareillement, il est manifeste que le Seigneur lui-même a décidé ce que son Église doit faire et enseigner, ce à quoi elle doit ressembler. Jésus a parlé sévèrement de ceux qui délaissaient les choses que Dieu avait ordonnées et qui instituaient des pratiques à leur propre goût. Il dit : « C’est en vain qu’ils m’honorent, en donnant des préceptes qui sont des commandements d’hommes » (Marc 7.7).

Il ressort clairement des épîtres de Paul qu’il enseignait la même chose partout où il allait. Ce n’est pas que la culture était pareille dans tous les pays où il travaillait. Au contraire, les gens de Lystre et de Derbe étaient considérés comme étant ignorants, superstitieux et presque « sauvages » ; les Corinthiens étaient des gens mondains qui recherchaient avant tout le luxe et le plaisir sexuel ; ceux de Philippes étaient fiers de leur citoyenneté et de leur culture romaines, lesquelles les distinguaient des villes grecques des alentours ; la force des Éphésiens, c’était la magie ; la gloire des Athéniens, c’était la philosophie. Chaque pays et même chaque ville avait sa propre culture et sa propre mentalité, mais l’apôtre était convaincu que tous avaient besoin du même enseignement. Il recommandait les mêmes pratiques partout. Et pourquoi ? Parce qu’il était conscient qu’il y avait un modèle donné par le Seigneur et auquel il devait être fidèle. Considérez les expressions suivantes tirées de ses écrits : « C’est ainsi que j’ordonne dans toutes les Églises » (1 Corinthiens 7.17) ; « Car j’ai reçu du Seigneur ce que je vous ai enseigné » (1 Corinthiens 11.23) ; « Comme dans toutes les Églises des saints, que les femmes se taisent dans les assemblées » (1 Corinthiens 14.33,34) ; « Retiens dans la foi et dans la charité qui est en Jésus-Christ le modèle de saines paroles que tu as reçues de moi. Garde le bon dépôt » (2 Timothée 1.13,14).

Compte tenu de ce langage, nous pouvons dire qu’un retour aux enseignements inspirés des apôtres est tout à fait souhaitable, voire nécessaire. Après tout, pousser en avant ne nous amène pas toujours là où il faut. Si l’on a pris un mauvais tournant et que l’on ne suit plus la bonne direction, on n’arrivera jamais où l’on veut aller, à moins qu’on ne reconnaisse et corrige son erreur. Voilà pourquoi le prophète Jérémie dit à ses compatriotes qui avaient abandonné la loi de Dieu :

« Ainsi parle l’Éternel : Placez-vous sur les chemins, regardez, et demandez quels sont les anciens sentiers, quelle est la bonne voie ; marchez-y et vous trouverez le repos de vos âmes ! » (Jérémie 6.16)

Peut-on retourner en arrière ? Parfois il n’y a pas d’autre choix, si l’on veut arriver à bon port.

Un retour en arrière est-il possible ?

Mais par quel moyen pouvons-nous retrouver la pureté et la simplicité du christianisme originel ? Est-ce vraiment possible de retourner en arrière, de reprendre des pratiques qui appartiennent à une autre époque, de retrouver ce qui a été délaissé par ceux qui nous ont précédés ? Plusieurs exemples bibliques nous montrent qu’il est tout à fait possible de le faire. Prenons-en deux.

Deux Chroniques 34 et 35 nous parle du roi Josias, qui a régné sur le royaume de Juda environ 600 ans avant Jésus. Le père et le grand-père de Josias, qui l’avaient précédé sur le trône à Jérusalem, avaient pratiqué toutes sortes d’idolâtrie criminelle. Pendant leur règne, la maison de l’Éternel était tombée dans un état déplorable. Arrivé au pouvoir, le jeune roi Josias fit tout ce qu’il put pour débarrasser le pays des idoles et pour ramener les hommes vers l’Éternel. Il donna aussi l’ordre de réparer le temple de Dieu à Jérusalem.

Au cours des travaux, un sacrificateur découvrit un livre : c’était la loi de l’Éternel, donnée par Moïse, la loi qui devait gouverner tous les Israélites en tant que peuple de Dieu. Ce sacrificateur remit le livre à un ministre du roi, qui l’apporta à Josias et lui en fit lecture.

« Lorsque le roi entendit les paroles de la loi, il déchira ses vêtements. Et le roi donna cet ordre à [ses serviteurs] : Allez, consultez l’Éternel pour moi et pour ce qui reste en Israël et en Juda, au sujet des paroles de ce livre qu’on a trouvé ; car grande est la colère de l’Éternel qui s’est répandue sur nous, parce que nos pères n’ont point observé la parole de l’Éternel et n’ont point mis en pratique tout ce qui est écrit dans ce livre. » (2 Chroniques 34.19-21)

Josias convoqua par la suite tous les habitants du pays pour une lecture publique du livre de la loi ; le roi et son peuple s’engagèrent alors à observer tout ce qui était écrit dans le livre de Dieu. Dans ce même mois, la nation d’Israël devait, selon la loi de Moïse, observer une fête importante, qui était la Pâque. Ne confondez pas celle-ci avec la fête de Pâques célébrée de nos jours. La Pâque juive commémorait la délivrance que Dieu accorda aux Israélites au temps de Moïse après 400 ans d’esclavage en Égypte. Sous la direction du roi Josias, le peuple obéit donc à toutes les ordonnances concernant la Pâque. Mais ces ordonnances avaient été négligées en Israël depuis plus longtemps que les règnes du père et du grand-père de Josias. Deux Chroniques 35.18 nous dit : « Aucune Pâque pareille à celle-là n’avait été célébrée en Israël depuis les jours de Samuel le prophète. » Cela veut dire que la volonté de Dieu à cet égard n’avait pas été respectée depuis environ quatre siècles. Mais grâce aux instructions dans le livre de la loi, Josias et son peuple purent restaurer l’observance de la Pâque.

Un autre exemple se trouve dans le livre de Néhémie, chapitre 8. Il s’agit de l’époque où les Juifs revinrent de leur captivité qui dura 70 ans à Babylone, et là encore il est question de l’une des trois grandes fêtes juives. Comme cela avait été ordonné, le peuple s’assembla à Jérusalem le premier jour du septième mois de l’année juive, et le scribe Esdras lut publiquement dans le livre de la loi. Comme au temps de Josias, il y eut un grand remords, car le peuple découvrit que la loi de Dieu n’avait pas été suivie. Mais ce remords fut suivi d’un empressement à mieux faire. Nous lisons à partir du verset 14 :

« Ils trouvèrent écrit dans la loi que l’Éternel avait prescrite par Moïse que les enfants d’Israël devaient habiter sous des tentes pendant la fête du septième mois, et proclamer cette publication dans toutes leurs villes et à Jérusalem : Allez chercher à la montagne des rameaux […] d’arbres touffus, pour faire des tentes, comme il est écrit. Alors le peuple alla chercher des rameaux, et ils se firent des tentes […] Toute l’assemblée de ceux qui étaient revenus de la captivité fit des tentes, et ils habitèrent sous ces tentes. Depuis le temps de Josué, fils de Nun, jusqu’à ce jour, les enfants d’Israël n’avaient rien fait de pareil. Et il y eut de très grandes réjouissances. » (Néhémie 8.14-17)

Cette fois-ci il s’agit d’un ordre de Dieu auquel le peuple n’avait pas obéi depuis environ mille ans ! Mais ce n’est pas parce que leurs ancêtres n’avaient pas obéi à la Parole de Dieu sur ce point depuis le temps de Josué que les Juifs du temps d’Esdras et Néhémie ne mirent pas en pratique ce qu’ils lurent. Ils constatèrent et regrettèrent l’apostasie de leurs pères en ce qui concerne la fête des Tabernacles, mais ils prirent par la suite la résolution d’obéir à la Parole là où ils ne l’avaient pas fait auparavant.

Le principe de restauration

Nous avons employé tout à l’heure le verbe « restaurer », et c’est un mot qui a toute son utilité lorsque nous traitons du problème de l’apostasie. Il évoque, en effet, toute l’approche que nous voulons recommander. On parle souvent de réforme. Il y a eu, par exemple, ce qu’on a l’habitude d’appeler « la Réforme protestante ». L’objectif des réformateurs était, au moins à l’origine, de réformer, d’améliorer ou de corriger les abus dans l’Église catholique. Sans vouloir condamner des hommes de grande foi et de bonne volonté, on peut constater qu’une des conséquences de leur travail a été la division. L’Église catholique n’ayant pas voulu accepter les réformes proposées, et les réformateurs n’étant pas toujours d’accord entre eux quant au degré de modification qui s’imposait, on a assisté à l’apparition d’une multitude d’Églises différentes, distinctes les unes des autres de par leurs noms, enseignements et chefs. Comme nous l’avons vu, certaines ne sont pas nées d’un désir de réformer l’Église catholique, mais de réformer une Église protestante qui semblait s’égarer de sa voie. Mais n’y a-t‑il pas un problème fondamental dans la notion de réforme ? Jésus dit en parabole : « Toute plante que n’a pas plantée mon Père céleste sera déracinée » (Matthieu 15.13). Si nous comprenons que des Églises dont la Bible ne parle pas ne sont pas des « plantes » que Dieu le Père a plantées, il est évident que ces Églises ne seront pas reconnues par lui. Elles ont des hommes comme fondateurs, et de plusieurs manières elles ne répondent pas à la description de l’Église dont parle le Nouveau Testament. Au lieu de vouloir réformer ou améliorer des institutions que Dieu n’a pas créées, ne vaut-il pas mieux restaurer ce qui était à l’origine ?

Une tentative de restauration

Dans un autre numéro de Chemin de Vérité (« Travaillons ensemble », Vol. 15, No. 5), nous avons parlé d’un organe religieux appelé le « Presbytère de Springfield » qui présidait à une communauté dynamique et croissante de plusieurs Églises locales dans l’état américain de Kentucky il y a plus de 200 ans. Malgré leur succès évident, les dirigeants de cette dénomination commencèrent à douter du bien-fondé de leur existence en tant qu’organisation. En effet, dans leur étude de la Bible, ils n’ont trouvé aucune justification pour soutenir l’existence d’une Église qui était manifestement distincte, non seulement des autres Églises modernes, mais surtout de celle qui est décrite dans la Bible. Ces hommes entreprirent donc une action courageuse et inédite : ils rédigèrent un document pour renoncer à leur propre autorité religieuse et dissoudre volontairement l’organisation qu’ils avaient créée. Ce document, parfois un peu humoristique, prit la forme du testament d’une personne sur le point de mourir et exprimant ses dernières volontés. Le titre du document est, en effet, « Testament et dernières volontés du Presbytère de Springfield », signé le 28 juin 1804.

En voici un extrait :

« Nous voulons que ce corps meure, qu’il soit dissous, et qu’il devienne un avec le corps de Christ […] car il n’y a qu’un seul corps, et un seul Esprit, comme aussi nous avons été appelés à une seule espérance par notre vocation.

Nous voulons que notre nom de distinction, avec son titre révérend, soit oublié, et qu’il n’y ait qu’un seul Seigneur sur l’héritage de Dieu et que son nom soit unique.

Nous voulons que notre pouvoir de faire des lois pour gouverner l’Église soit aboli à jamais, que le peuple ait libre accès à la Bible et qu’il adopte la loi de l’esprit de vie en Jésus-Christ […]

Nous voulons que le peuple prenne désormais la Bible comme le seul guide sûr pour aller au ciel. »

Ces hommes n’avaient pas du tout l’idée de « réformer » leur Église ; ils avaient décidé que leur Église, n’ayant pas été établie par le Seigneur lui-même, n’avait pas lieu d’exister. Ils voulaient que les hommes soient désormais membres, non pas d’une dénomination, mais de l’Église du Christ. Ils voulaient voir une « restauration » de l’Église du premier siècle.

Conclusion

Ce qui compte ici, ce n’est pas tellement le terme réforme ou restauration ; c’est l’intention de se conformer en tout à ce que le Nouveau Testament nous révèle au sujet de l’Église. Il faut être conscient que nous n’avons ni besoin ni le droit de créer une Église distincte de celle que Jésus a bâtie. Et il faut avoir confiance que la Bible nous révèle tout ce dont nous avons besoin pour devenir membres de cette Église et pour organiser des assemblées locales de cette seule Église. Comme nous le lisons en 2 Pierre 1.3 : « Sa puissance divine nous a donné tout ce qu’il faut pour accéder à la vie véritable et pour marcher selon la volonté de Dieu » (Parole vivante).

Pour résoudre le problème de l’apostasie, il faut revenir en arrière. Il faut reconnaître que les hommes ont fait fausse route en abandonnant les pratiques et les doctrines des apôtres de Jésus, et que la seule solution, c’est de revenir à la source, c’est-à-dire au Nouveau Testament. C’est ainsi que nous connaîtrons réellement la faveur de Dieu.