Cet article est un extrait du livre Un ancien prêtre vous parle.
I. Les éléments du baptême
Le baptême prêché par les apôtres comprend plusieurs éléments. Nous voulons les rappeler ici avec la grâce de Dieu.
A. Le baptême chrétien comprend la foi chrétienne de la part de celui qui demande le baptême.
Tous les écrits du Nouveau Testament affirment la nécessité de la foi chez le candidat au baptême. Jésus est l’unique Médiateur de notre salut. On parvient à Jésus par la foi. « Jésus dit à la foule : Je suis le pain de vie. Celui qui vient à moi n’aura jamais faim et celui qui croit en moi n’aura jamais soif » (Jean 6.35). « En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui croit en moi a la vie éternelle. Je suis le pain de vie » (6.47,48). Rien de plus naturel que, dans les premiers temps de l’Église, chaque fois, avant de baptiser une personne, on lui faisait professer publiquement sa foi en Jésus-Christ. Jésus envoya ses apôtres pour baptiser, mais ils ne pouvaient administrer le baptême qu’après avoir prêché et enseigné l’Évangile :
« Allez donc, faites des disciples de toutes les nations, les baptisant au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit. » (Matthieu 28.19)
« Allez par tout le monde et prêchez la bonne nouvelle à toute la création. Celui qui croira et qui sera baptisé sera sauvé, mais celui qui ne croira pas sera condamné. » (Marc 16.15,16)
Quand l’eunuque demanda le baptême à Philippe, qui l’avait instruit, celui-ci lui dit : « Si tu crois de tout ton cœur, cela est possible. » L’eunuque répondit : « Je crois que Jésus est le Fils de Dieu » (Actes 8.36s). Le même livre des Actes affirme que « plusieurs Corinthiens, ayant entendu Paul, crurent aussi, et furent baptisés » (Actes 18.8).
B. Le baptême demande préalablement la repentance de l’âme.
Le pécheur ne devient pas bon, ne change pas son état de culpabilité ou ses sentiments par le baptême seul. La conversion doit être précédée de la foi et de la repentance. Par la foi, il croit en Jésus-Christ, son Sauveur. Par la repentance, il comprend avoir parcouru une fausse route. Il comprend qu’il faut transformer sa vie. Il doit être prêt, comme Zachée, à réparer dans la mesure du possible, le mal qu’il a fait : « Voici, Seigneur, je donne aux pauvres la moitié de mes biens, et, si j’ai fait tort de quelque chose à quelqu’un, je lui rends le quadruple » (Luc 19.5-8).
Pour recevoir efficacement le vrai baptême, le changement du cœur du candidat est nécessaire, et ce changement s’opère par la repentance appuyée sur la foi en Jésus, notre Sauveur. On comprend alors que Jésus ait donné aux apôtres le commandement de prêcher la repentance. « Il est écrit… que la repentance et le pardon des péchés seraient prêchés en son nom à toutes les nations, à commencer par Jérusalem » (Luc 24.46,47). On comprend aussi que Pierre ait adressé ces mots aux Juifs coupables d’avoir crucifié Jésus-Christ, le Sauveur : « Repentez-vous, et que chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus-Christ, pour le pardon de vos péchés, et vous recevrez le don du Saint-Esprit » (Actes 2.38).
C. Le baptême unit le pécheur à la mort et à la résurrection du Christ.
Quand un homme est emprisonné, il peut se repentir de son crime contre la société, il peut en son cœur se résoudre à changer ses mœurs, mais ce n’est pas suffisant pour lui ouvrir les portes de la prison. Le changement de sa situation actuelle peut seulement provenir d’une volonté, d’une autorité supérieure qui lui rendra la liberté. La même chose se produit pour le pénitent qui sollicite le baptême. Il a la foi, il a la repentance, donc il se trouve disposé à recevoir le don de Dieu. Mais se transformer de pécheur en saint est le fruit de la bonté divine qui lui accorde, par le baptême, la justification et le salut. Saul, le futur apôtre Paul, était déjà un croyant repenti quand Ananias lui dit : « Et, maintenant, que tardes-tu ? Lève-toi, sois baptisé, et lavé de tes péchés, en invoquant le nom du Seigneur » (Actes 22.16). C’est la doctrine centrale du Nouveau Testament concernant le baptême. Selon ce divin livre tout entier, on ne peut nier le lien étroit et très réel qui rattache le salut au baptême. C’est le baptême qui trempe (c’est le sens étymologique du mot baptême) et noie dans la mort du Christ, qui ensevelit avec le Christ, en vue d’une résurrection avec lui.
« Ignorez-vous, écrivait Paul aux Romains – ignorez-vous que nous tous, qui avons été baptisés en Jésus-Christ, c’est en sa mort que nous avons été baptisés ? Nous avons donc été ensevelis avec lui par le baptême en sa mort, afin que, comme Christ est ressuscité des morts, par la gloire du Père, de même nous aussi marchions en nouveauté de vie. » (Romains 6.3s)
Par le baptême, et dans celui-ci, le baptisé devient une même plante avec le Christ :
« En effet, si nous sommes devenus un même corps avec lui en la conformité avec sa mort, nous le serons aussi en la conformité avec sa résurrection, sachant que notre vieil homme a été crucifié avec lui, afin que le corps du péché fût détruit, pour que nous ne soyons plus esclaves du péché ; car celui qui est mort est libre du péché. » (Romains 6.5-7)
« Ainsi, vous-mêmes, regardez-vous comme morts au péché et comme vivants par Dieu en Jésus-Christ. » (Romains 6.11)
« Les recherches récentes, écrit J. J. von Allmenn, ont démontré que cette étonnante façon de penser n’est ni une image ni un symbole, mais qu’elle décrit une réalité : dans son baptême et par son baptême, le baptisé meurt avec le Christ et ressuscite avec Lui ; sa vie charnelle y trouve sa fin et sa vie spirituelle son début. Lé baptême renverse donc complètement la situation religieuse et morale de l’homme : il applique, en fait, à un individu, ce qui est vrai, en droit, pour le monde entier, à savoir qu’en Jésus-Christ, qui meurt et ressuscite, la création déchue s’achève et la création nouvelle commence. » (Vocabulaire biblique, Neuchâtel 1954, article : Baptême)
Le baptême est donc un bain de régénération, qui fait d’un fils de la chair un enfant de Dieu.
« Dieu nous a sauvés, non à cause des œuvres de justice que nous aurions faites, mais selon sa miséricorde, par le baptême de la régénération et le renouvellement du Saint-Esprit, qu’il a répandu sur nous avec abondance par Jésus-Christ, notre Sauveur, afin que, justifiés par sa grâce, nous devenions, en espérance, héritiers de la vie éternelle. » (Tite 3.5-7)
C’est pourquoi le baptême, nouvelle arche de salut, nous sauve, comme l’arche de Noé sauva sa famille de la ruine du déluge, selon les mots de l’apôtre Pierre :
« C’était l’image du baptême qui vous sauve maintenant : il n’est pas la purification des souillures du corps, mais l’engagement envers Dieu d’une bonne conscience ; il vous sauve par la résurrection de Jésus Christ, qui, parti pour le ciel, est à la droite de Dieu, et à qui sont soumis anges, pouvoirs et puissances. » (1 Pierre 3.21,22, TOB)
C’est pourquoi le baptisé doit prouver par une vie nouvelle que le baptême a représenté pour lui un vrai engagement.
« Que le péché ne règne point dans votre corps mortel, et n’obéissez pas à ses convoitises. Ne livrez pas vos membres au péché, comme des instruments d’iniquité ; mais donnez-vous vous-mêmes à Dieu, comme étant vivants, de morts que vous étiez, et offrez à Dieu vos membres, comme des instruments de justice. » (Romains 6.12s)
II. Quelques conséquences
Voici quelques-unes des conséquences les plus importantes qui découlent de l’étude des enseignements bibliques sur le baptême.
A. Le Nouveau Testament attache beaucoup d’importance au symbolisme de l’immersion.
Le baptême est le rite par lequel le croyant meurt et ressuscite en Jésus-Christ. Dans le baptême, l’homme est plongé et enseveli dans l’eau, comme Jésus a été enseveli dans le sépulcre. Ensuite, le baptisé sort de l’eau comme Jésus est sorti du sépulcre. C’est ce que l’Épître aux Colossiens répète aux chrétiens : « Vous êtes ensevelis avec lui par le baptême, vous êtes aussi ressuscités en lui et avec lui par la foi et la puissance de Dieu, qui l’a ressuscité des morts » (Col. 2.12).
La traduction du Nouveau Testament faite par l’Association Catholique des Études Bibliques au Canada (Montréal, 1953), donne l’explication de Aunote avec clarté et vérité (Rom. 6.3) :
« « C’est en sa mort que nous avons été baptisés. » Saint Paul fait ici allusion au mode d’administrer le baptême dans l’Église primitive, c’est-à-dire par immersion totale. Le baptisé s’ensevelissait d’abord dans l’eau (figure de sa sépulture avec le Christ enseveli) ; il en sortait ensuite… complètement purifié, et commençait une vie nouvelle, figure de sa résurrection avec le Christ ressuscité. » (p. 372)
C’est pour réaliser cette immersion totale que Jean-Baptiste « baptisait à Énon, près de Salim (comme c’est écrit en Jean 3.23), car il y avait là beaucoup d’eau ». Cette eau était nécessaire pour y plonger les hommes. Quand Philippe baptisa le ministre d’Éthiopie, qui était administrateur de tous les trésors de la reine Candace, « ils descendirent tous deux dans l’eau, et il le baptisa » (Actes 8.28), c’est-à-dire le plongea totalement dans l’eau.
Cet usage se perpétua pendant de nombreux siècles. Je vous rappelle ce que l’on dit dans le Dictionnaire de Théologie Catholique (tom. 11, col. 186ss) :
« On baptise, disait saint Justin (Apo. 1.61, en Patrologie Grec., VI, 420), là où on trouve l’eau nécessaire. C’était donc auprès d’une source, sur les bords d’une rivière, dans une citerne ou une piscine, partout où se rencontrait un endroit propice. À Rome, saint Pierre aurait baptisé dans le Tibre, selon Tertullien (De baptism. 4, Patr. Lat., 1, 1, 203). Pendant les trois premiers siècles, on baptisa dans les catacombes dans lesquelles se réfugiaient les chrétiens pour échapper aux persécutions. Mais, dès que la paix fut accordée à l’Église, on se mit en mesure d’avoir des locaux spéciaux pour y conférer le baptême avec toute la solennité possible, et on construisit… des édifices connus sous le nom de « Baptistères ». »
Nous aussi, nous voulons continuer à baptiser par immersion, comme cela se pratiquait aux temps apostoliques. Pourquoi changer ce que les apôtres ont exécuté ? Changer le rite du baptême, n’est-ce pas lui ôter le symbolisme que Paul y voyait, c’est-à-dire la mort et la sépulture du vieil homme enseveli dans l’eau pour naître à une nouvelle vie ? Et pourquoi dire : « Je te baptise », c’est-à-dire : « Je te plonge, je t’immerge dans l’eau », quand on verse simplement de l’eau sur la tête ? (C’est une antithèse.) Nous voulons donc, comme c’est encore de nos jours en usage chez les Grecs, rester fidèles à l’immersion pratiquée par les apôtres. Ne changeons pas de notre propre volonté ce que le Christ a établi à tout jamais !
B. Les apôtres n’ont pas baptisé les enfants.
Selon le Nouveau Testament, le baptême inclut toujours, comme nous l’avons déjà fait remarquer, la foi et la repentance. Or, les petits enfants n’ont pas la possibilité de croire, puisqu’ils ne sont pas capables d’actions personnelles. Vouloir remplacer la prétendue foi des nourrissons par celle des parrains et marraines, c’est méconnaître la foi biblique, la seule qui sauve, qui est toujours une foi personnelle. « Celui qui aura cru et sera baptisé sera sauvé » (Marc 16.16). On ne peut croire par substitution de personnes. On connaît, peut-être, les mots de Tertullien de Carthage, qui, vers l’an 200, écrivit en Afrique un livre sur le baptême. C’est lui qui enseigna aux chrétiens les préceptes suivants :
« Conduisez à Jésus vos enfants quand ils seront grands ; qu’ils apprennent l’enseignement chrétien, quand ils seront instruits sur le but vers lequel ils marchent. Faites-les devenir chrétiens dès qu’ils connaîtront Christ. » (Ante-Niceans Fathers, 111, 674-676)
De plus, le baptême comprend, comme nous l’avons vu ci-dessus, la repentance. Comment vos enfants peuvent-ils se repentir, eux qui n’ont pas la possibilité d’accomplir une action personnelle ? Vivant en état d’innocence, comment se repentiraient-ils de péchés qu’ils ne peuvent avoir commis ?
En effet, le même Tertullien, dans le passage déjà cité, posait aux chrétiens la question suivante : « Qu’est-ce que les enfants ont à faire, eux qui vivent une vie innocente, avec le pardon des péchés ? » Ce fut avec la doctrine du péché originel, jugement qui se répandit au temps de Cyprien et d’Origène, que le baptême, contre l’opinion de Tertullien, fut également administré aux enfants.
Que dire du baptême des « maisons » par les apôtres ? On nous objecte : « Les apôtres ont baptisé des maisons entières, des maisonnées comprenant peut-être des enfants. Donc, le baptême des enfants est un usage apostolique » (cf. Actes 10.24-48, 16.15-33; 1 Cor. 1.16, etc.).
Mais, quand le texte sacré nous relate les détails de ces conversions, il note, en accord avec les autres passages bibliques déjà invoqués, que toutes les personnes, avant d’être baptisées, crurent en la parole prêchée. Paul et Barnabas « annoncèrent la parole de Dieu au geôlier de Philippes, ainsi qu’à tous ceux qui étaient dans sa maison… et il (le geôlier) se réjouit avec toute sa famille de ce qu’il avait cru en Dieu » (Actes 16.32,34).
Nous aussi, comme Paul, nous ne baptisons pas les enfants qui ne savent pas discerner le bien du mal et qui n’ont pas encore la connaissance de Jésus par la foi. Ils seront baptisés quand, après avoir grandi et avoir péché comme chaque homme, ils pourront être instruits de l’Évangile, se convertir par leur foi et se repentir de leurs péchés ; ils seront baptisés quand ils auront la possibilité de se consacrer personnellement à lui. Nous croyons, en agissant de la sorte, répondre aux enseignements des apôtres qui n’ont baptisé que des adultes.
Conclusion
Mes amis, il n’est pas possible, après une simple lecture, de juger la véracité ou la fausseté de la matière étudiée. Il est nécessaire de beaucoup réfléchir à ce sujet et de méditer profondément les passages cités, après les avoir vérifiés dans la Bible. Néanmoins, il faut tout examiner dans la paix et avec amour, selon l’affirmation de Paul : « Éprouvez tout et retenez ce qui est bon. Tenez-vous à l’écart de toute espèce de mal » (1 Thess. 5.21,22).
Ensuite, il faut agir en conformité avec la vérité que nous avons trouvée :
« Mes frères, si l’un de vous s’éloigne de la vérité et qu’un autre l’y ramène, qu’il sache que celui qui ramène un pécheur de l’erreur de la voie où il s’égare sauvera une âme de la mort et couvrira une multitude de péchés. » (Jacques 5.19s)
Objection
On m’a demandé : « Que pensez-vous du péché originel ? »
Réponse :
La nature du péché d’Adam suscite depuis toujours de nombreuses discussions. Le récit de Genèse 3, qui parle du jardin d’Éden, de l’arbre de la vie et de l’arbre de la connaissance du bien et du mal, signifie que l’homme, en désobéissant aux ordres de Dieu, a voulu devenir l’égal de son Créateur, seul privilège qui lui manquait encore. Il a voulu tracer lui-même sa voie, sans suivre celle fixée par Dieu ; il a voulu poursuivre sa route, indépendamment de Dieu, sans aucune restriction, tentant ainsi l’expérience de tout ce qu’il désirait.
Mais, en agissant de la sorte, il modifia le cours de la vie humaine. Tous les enfants d’Adam, à la suite de cette chute, furent assujettis à la mort corporelle (Rom. 5.12ss). Mais ils ne deviennent pécheurs que lorsque les enfants, en grandissant, auront acquis la faculté de comprendre ce qu’ils font. Il n’y a pas dans la Bible de doctrine relative au péché originel héréditaire, qui nous éloigne de Dieu. L’état de culpabilité n’est pas héréditaire. Chacun pèche de sa propre volonté. Chaque homme sera puni pour les péchés qu’il aura commis et non pas pour ceux commis par ses ascendants (Ézé. 18.14-20). Jamais les apôtres n’ont baptisé un enfant. Toujours, ils baptisaient les grandes personnes, mais après avoir trouvé en ces adultes la foi en Jésus-Christ et la repentance de leurs péchés.
C’est la raison indiscutable pour laquelle on peut conclure que les apôtres n’étaient nullement persuadés de l’existence du péché originel, comme le croient les catholiques d’aujourd’hui.