Aux yeux du monde, l’un des jours les plus importants de l’année pour les chrétiens est sans aucun doute la fête de Pâques, censée commémorer la résurrection de Jésus-Christ. Beaucoup passent des semaines à préparer ce jour en pratiquant le carême, ou en faisant, le Vendredi saint, ce qu’on appelle « le chemin de la croix ». On s’attendrait donc à trouver un enseignement plus ou moins approfondi dans les pages du Nouveau Testament concernant cette fête.
En réalité, la Bible n’en dit rien. Pour les francophones, on fait facilement de la confusion entre la fête de Pâques (au pluriel, avec « s » à la fin), qui n’est pas mentionnée dans la Bible, et la Pâque (au singulier), qui a lieu dans la même période de l’année. La Pâque fut ordonnée par Dieu sous l’ancienne alliance, et les Juifs avaient le devoir solennel de l’observer fidèlement chaque année.
Son institution est décrite en détail en Exode 12.1-14 :
« L’Éternel dit à Moïse et à Aaron dans le pays d’Égypte : Ce mois-ci sera pour vous le premier des mois ; il sera pour vous le premier des mois de l’année. Parlez à toute l’assemblée d’Israël et dites : Le dixième jour de ce mois, on prendra un agneau pour chaque famille, un agneau pour chaque maison. Si la maison est trop peu nombreuse pour un agneau, on le prendra avec son plus proche voisin, selon le nombre des personnes ; vous compterez pour cet agneau d’après ce que chacun peut manger. Ce sera un agneau sans défaut, mâle, âgé d’un an ; vous pourrez prendre un agneau ou un chevreau. Vous le garderez jusqu’au quatorzième jour de ce mois ; et toute l’assemblée d’Israël l’immolera entre les deux soirs. On prendra de son sang, et on en mettra sur les deux poteaux et sur le linteau de la porte des maisons où on le mangera. Cette même nuit, on en mangera la chair, rôtie au feu ; on la mangera avec des pains sans levain et des herbes amères. Vous ne le mangerez point à demi cuit et bouilli dans l’eau ; mais il sera rôti au feu, avec la tête, les jambes et l’intérieur. Vous n’en laisserez rien jusqu’au matin ; et, s’il en reste quelque chose le matin, vous le brûlerez au feu. Quand vous le mangerez, vous aurez vos reins ceints, vos souliers aux pieds et votre bâton à la main ; et vous le mangerez à la hâte. C’est la Pâque de l’Éternel. Cette nuit-là, je passerai dans le pays d’Égypte, et je frapperai tous les premiers-nés du pays d’Égypte, depuis les hommes jusqu’aux animaux, et j’exercerai des jugements contre tous les dieux de l’Égypte. Je suis l’Éternel. Le sang vous servira de signe sur les maisons où vous serez ; je verrai le sang, et je passerai par-dessus vous, et il n’y aura point de plaie qui vous détruise quand je frapperai le pays d’Égypte.
Vous conserverez le souvenir de ce jour, et vous le célébrerez par une fête en l’honneur de l’Éternel ; vous le célébrerez comme une loi perpétuelle pour vos descendants. »
Pendant les sept jours qui suivaient la Pâque chaque année, les Juifs devaient s’abstenir de manger du pain levé. Ils devaient manger uniquement du pain sans levain. Selon la loi, ils devaient se rendre à Jérusalem chaque année pour célébrer la fête (Deut. 16.5,6), mais comme le temple juif n’existe plus depuis l’an 70 apr. J.‑C., il est impossible d’observer la fête selon les prescriptions de la loi. Malgré cette impossibilité, les Juifs continuent d’en observer certains aspects. Ils mangent encore, par exemple, de l’agneau rôti et des pains sans levain la nuit de la Pâque.
Lors de la première Pâque, quand le peuple était encore en Égypte, chaque famille devait mettre le sang de l’agneau sacrifié sur les deux poteaux et sur le linteau de la porte de leurs maisons. Le sang de l’agneau par lequel les Israélites furent épargnés quand Dieu jugeait la nation d’Égypte symbolisait d’avance le sang de Jésus, par lequel nous les chrétiens sommes épargnés du jugement de Dieu sur les péchés du monde. Quand Jean-Baptiste vit Jésus, il dit : « Voici l’Agneau de Dieu qui ôte le péché du monde » (Jean 1.29). Et en 1 Corinthiens 5.7, Paul écrit : « Christ, notre Pâque, a été immolé. »
L’ancienne Pâque ne concerne pas les non-Juifs, car elle se rapporte à une délivrance que Dieu a accordée aux ancêtres des Juifs. Nos ancêtres n’ont pas été libérés de l’esclavage en Égypte. Mais ce que Dieu a ordonné aux Israélites de faire nous instruit sur la délivrance qu’il prévoyait déjà des siècles à l’avance pour vous et moi, la délivrance de l’esclavage du péché. Les Israélites ne pouvaient pas se libérer eux-mêmes. Nous non plus. Il a fallu la mort d’un agneau innocent pour que les Israélites ne meurent pas comme leurs voisins égyptiens. Il a fallu la mort du Christ pour que nous ne mourions pas éternellement comme les hommes du monde. Les Israélites devaient aussi suivre les instructions de Dieu pour être sauvés : il fallait sacrifier l’agneau, le préparer de la manière que Dieu ordonnait, mettre de son sang sur les portes et rester à l’intérieur de sa maison cette nuit-là (Exode 12.22). Nous aussi, nous devons obéir aux instructions de Dieu pour être sauvés : il faut croire à l’Évangile, se repentir de ses péchés, confesser sa foi, se faire immerger pour le pardon de ses péchés et rester dans la maison de Dieu, qui est son Église (Marc 16.15,16; Matt. 10.32,33; Actes 2.38,41; 1 Tim. 3.15).
L’idée de la Pâque contient donc un enseignement pour nous les chrétiens, mais nous ne l’observons pas comme les Juifs, car il faisait partie d’une loi qui a été accomplie et qui n’est plus en vigueur ; elle a été remplacée par une nouvelle alliance.
« Mais maintenant il [Christ] a obtenu un ministère d’autant supérieur qu’il est le médiateur d’une alliance plus excellente, fondée sur de meilleures promesses. En effet, si la première alliance avait été sans défaut, il n’aurait pas été question de la remplacer par une seconde. […] En disant : une alliance nouvelle, il a déclaré la première ancienne. » (Hébreux 8.6,7,13)
Paul dit en Colossiens 2.16,17 que le chrétien n’est pas à juger pour des questions de fêtes (juives) ou de sabbats.
« Que personne donc ne vous juge au sujet du manger ou du boire, ou au sujet d’une fête, d’une nouvelle lune ou des sabbats : c’était l’ombre des choses à venir, mais le corps est en Christ. »
La Pâque juive, comme les autres choses dans la loi qui n’ont pas été reprises par Dieu pour être incorporées dans le Nouveau Testament, n’était qu’une ombre. Elle symbolisait le fait que le Christ devait venir et qu’il allait mourir pour nous sauver par son sang. Mais maintenant l’ombre a cédé la place à la réalité qu’elle préfigurait, le Christ lui-même.
Alors, que dire de la fête des Pâques (avec « s ») ? (Nous parlons, bien sûr, de ses aspects religieux, et non pas des jeux d’enfants où l’on cache ou donne des œufs coloriés et des chocolats.) Dans beaucoup de communautés, on fait, le dimanche de Pâques, un culte spécial, parfois au lever du soleil. Et beaucoup de personnes qui viennent rarement à l’église les autres dimanches font un effort spécial pour être présentes ce jour-là, car c’est le jour de Pâques où l’on commémore la résurrection de Jésus.
Certainement, la résurrection de Jésus est extrêmement importante. Paul dit en 1 Corinthiens 15.14 : « Si Christ n’est pas ressuscité, notre prédication est donc vaine, et votre foi aussi est vaine. » Les apôtres ont beaucoup insisté sur la résurrection de Jésus quand ils évangélisaient, car c’est la preuve qu’il est le Fils de Dieu. Romains 1.4 dit que Jésus a été « déclaré Fils de Dieu avec puissance, selon l’Esprit de sainteté, par sa résurrection d’entre les morts ».
Mais est-ce que Dieu nous a demandé de réserver un jour dans l’année pour commémorer cette résurrection ? La Bible, parle-t‑elle de la fête des Pâques ? Et si oui, est-ce qu’elle contient des instructions pour qu’on sache comment l’observer, comme elle l’a fait pour la Pâque des Juifs ?
En fait, la Bible ne dit rien du tout au sujet d’une telle fête, qu’on l’appelle par le nom de Pâques (avec « s ») ou par un autre nom.
Tous les quatre Évangiles nous enseignent que Jésus est ressuscité le premier jour de la semaine, c’est-à-dire le dimanche. Et le Nouveau Testament nous montre clairement que les premiers chrétiens se réunissaient chaque premier jour de la semaine pour rompre le pain, c’est-à-dire pour observer le repas du Seigneur (Actes 20.7), et qu’ils faisaient la collecte ce jour-là (1 Cor. 16.1,2). Les chrétiens n’ont jamais pensé que c’était par pure coïncidence que le jour de leur culte était aussi le jour où leur Seigneur est sorti du tombeau. Ainsi, tous les dimanches (nom qui signifie « jour du Seigneur ») nous rappellent la résurrection de Jésus. Si nous suivons fidèlement le modèle du Nouveau Testament, nous n’avons même pas besoin d’une fête annuelle, car nous avons un rappel chaque semaine.
Jésus dit aux pharisiens et scribes en Marc 7.7,8 :
« C’est en vain qu’ils m’honorent, en donnant des préceptes qui sont des commandements d’hommes. Vous abandonnez le commandement de Dieu, et vous observez la tradition des hommes. »
Ce que Dieu demande, les hommes ne veulent pas le faire ; ce qu’il n’a pas demandé, c’est ce que les hommes estiment comme étant très important. Pour beaucoup de croyants, il n’est pas nécessaire de se réunir chaque dimanche et observer le repas du Seigneur ; ils ne veulent pas. Mais le fait de rester à la maison le dimanche de Pâques et négliger de participer à « la plus grande fête chrétienne de l’année », voilà ce qui leur paraît une faute grave. Par cette façon de penser, ils abandonnent le commandement de Dieu, et ils observent la tradition des hommes.
Nous sommes appelés à nous conformer au modèle de l’Église telle qu’elle nous est présentée dans le Nouveau Testament (voir Hébreux 8.5). La fête de Pâques ne fait pas partie de ce modèle. Nous ne pouvons pas faire « au nom du Seigneur » ce que le Seigneur n’a pas autorisé (Col. 3.17). N’allons donc pas au-delà de ce qui est écrit (1 Cor. 4.6), et contentons-nous de servir Dieu en suivant les enseignements de sa Parole.