Cet article est un extrait du livre Un ancien prêtre vous parle.
En 1901, Albert Schweitzer, âgé de vingt-six ans, étudiant en philosophie et théologie à Strasbourg, publia son livre Le secret historique de la vie de Jésus (Das Messianitats- und Leidengeheimnis. Eine Skizze des Lebens Jesu, Tubingen, 1901). Jésus, disait-il, aurait attendu de son vivant une catastrophe cosmique, comme l’attendaient bon nombre de ses contemporains. Le monde aurait dû être détruit à bref délai. Jésus-Christ ne pouvait donc pas avoir eu l’intention d’établir une Église. Les phrases concernant l’Église, qui lui sont attribuées dans les Évangiles, auraient été créées par les premiers chrétiens, qui, en voyant s’éloigner toujours plus le retour glorieux du Christ, lui ont attribué la doctrine de l’Église, étape intermédiaire entre sa résurrection et son retour. C’est la doctrine qui a été acceptée par l’École eschatologique.
Aujourd’hui, toutefois, d’autres savants, comme Mr Cullmann, pensent que l’idée d’une église n’était pas inconnue de Jésus. Il avait en effet le désir d’établir un nouveau peuple de Dieu, à savoir l’Église. C’est ce que nous allons voir par l’étude de la Parole de Dieu, qui nous révélera aussi ce qu’est Jésus-Christ par rapport à son Église.
I. Jésus fondateur de son Église
A) Le fils de l’homme.
On pense aujourd’hui, suivant le savant allemand Kattenbusch, que l’idée d’une Église est contenue dans le titre de « Fils de l’homme » que Jésus aimait se donner. (Ce titre se trouve seulement dans les Évangiles, sauf Actes 7.56 et Apocalypse 1.13; 14.14.) Ce titre provient sans doute de Daniel 7, où il signifie soit un personnage mystérieux « venant sur les nuées du ciel », soit « les saints du Très-Haut » qui constituent son « royaume » (Daniel 7.13,14,17,18,27). Jésus donc, s’appelant le Fils de l’homme, se qualifiait ainsi comme le fondateur de ce nouveau peuple de saints. C’est pour cette raison qu’il a choisi douze apôtres, destinés à être les douze pierres fondamentales, les colonnes du nouvel Israël qu’il allait établir.
B) Le pasteur et les brebis.
Jésus aimait se comparer à un pasteur qui conduit ses brebis.
« Je suis le bon pasteur. Je connais mes brebis, et mes brebis me connaissent… Je donne ma vie pour mes brebis. J’ai d’autres brebis encore qui ne sont pas de cet enclos ; celles-là aussi, je dois les mener ; elles écouteront ma voix ; et il y aura un seul troupeau, un seul pasteur. » (Jean 10.13-16)
Qu’on ne dise pas que c’est une invention de Jean, parce que la même image se trouve aussi dans des phrases que tous les critiques reconnaissent comme authentiques. Ses disciples, bien qu’étant un tout petit troupeau, ne doivent pas craindre : « Ne craignez pas, petit troupeau, car il a plu à votre Père de vous donner le royaume » (Luc 12.32). Quand Jésus sera conduit à la mort, le troupeau sera bouleversé : « Je frapperai le pasteur, et les brebis seront dispersées » (Marc 14.27). Mais après sa résurrection, selon l’usage des pasteurs, il les précédera en Galilée (Marc 16.7). Dans le futur, le troupeau va grandir toujours plus, comme le petit grain de sénevé, qui devient un arbre puissant. (Marc 4.30-32).
Jésus avait donc l’intention d’établir une Église, qui n’est pas une invention de ses disciples vivant dans l’attente du retour de Jésus.
II. Ce qu’est Jésus pour son Église
Pour son Église Jésus est le Sauveur, le Grand-Prêtre et le Seigneur.
A) Jésus est le Sauveur de son Église.
1. Démonstration. Les Grecs acclamaient leurs rois comme sauveurs (soter) de leur peuple. À ces faux sauveurs le christianisme a opposé le vrai et unique Sauveur des hommes, qui est Jésus-Christ. Jean écrit, par exemple :
« Et nous, nous avons contemplé et nous attestons que le Père a envoyé son Fils le Sauveur du monde. » (1 Jean 4.14)
Les racines de cette idée ne dérivent pas du paganisme, mais s’enfoncent dans la primitive communauté palestinienne et encore mieux dans l’enseignement de Jésus lui-même. Le nom de Jésus ne signifie-t-il pas « Dieu sauve » ? Aujourd’hui les noms humains n’ont plus de valeur. Un pape peut s’appeler Léon et être faible comme une brebis. Par contre, les noms donnés par Dieu dans la Bible signifient toujours la mission qui est confiée à une personne. Le nom de Jésus, donné par l’ange, signifie que cet enfant sauvera les hommes. Jésus signifie en effet : « Jahvé sauve ». Cet enfant était le moyen choisi par Dieu pour conduire les hommes au salut. Aux bergers, lors de la naissance de Jésus, l’ange dit :
« Voici que je vous annonce une grande joie, qui sera celle de tout le peuple, aujourd’hui, dans la ville de David, un Sauveur vous est né, qui est le Christ Seigneur. » (Luc 2.10,11)
Les rois et les héros, soit des Juifs, soit des Gentils, sauvaient leurs peuples en refoulant victorieusement tous leurs ennemis. Tel ne sera point le cas avec Jésus. Il sauvera les hommes en se livrant pour eux, en souffrant pour eux (Tite 2.14), en donnant « sa vie en rançon pour une multitude » (Marc 10.45). Pierre nous le dit en rappelant la prophétie d’Ésaïe :
« Le Christ a souffert pour vous… Lui qui n’a pas commis de faute… ; lui qui, insulté, ne rendait pas l’insulte, souffrant ne menaçait pas, mais se remettait à celui qui juge avec justice ; lui qui, sur le bois, a porté lui-même nos fautes dans son corps, afin que, morts à nos fautes, nous vivions pour la justice, lui dont la meurtrissure vous a guéris. Car vous étiez égarés comme des brebis, mais à présent vous êtes retournés vers le pasteur et le gardien de vos âmes. » (1 Pierre 2.21-25)
C’est en effet par sa mort et sa résurrection que Jésus Christ « a détruit la mort et fait resplendir la vie et l’immortalité par le moyen de l’évangile » (2 Timothée 1.10). Chaque dimanche les chrétiens sont appelés à se souvenir que Jésus-Christ a répandu son sang pour une multitude (Marc 14.24). Par le repas du Seigneur, ils proclament que Jésus est et sera à jamais leur unique Sauveur.
2. Une conséquence naturelle : Jésus est le seul Sauveur. Si nous voulons obéir à la Parole de Dieu qui nous présente Jésus-Christ comme notre Sauveur, nous ne pouvons pas accepter la doctrine des papes qui nous offrent en Marie une médiatrice et une co-rédemptrice qui a coopéré avec son Fils pour le salut des hommes. Nous ne pouvons pas accepter les paroles de Léon XIII qui nous enseigne que les hommes, pour aller à Jésus, doivent passer par sa mère (1891). Nous ne le pouvons pas, parce que la Parole de Dieu est très claire et nous défend de considérer aucune autre personne comme notre Sauveur.
« Car il n’y a pas sous le ciel d’autre nom donné aux hommes, par lequel il nous faille être sauvés. » (Actes 4.12)
« Car Dieu est unique, unique aussi le Médiateur entre Dieu et les hommes, le Christ Jésus, homme lui-même, qui s’est livré en rançon pour tous. » (1 Timothée 2.5,6)
Dans la Bible, il n’y a donc pas de place pour la prière à Marie et aux saints, pour leur intercession dans l’accomplissement de notre salut. C’est Dieu qui nous sauve par le moyen exclusif de son Fils unique : le Christ Jésus.
B) Jésus est le Grand-Prêtre des chrétiens.
1. Démonstration. Jésus a prophétisé la destruction du temple de Jérusalem. Aux disciples émus par la vision de la magnificence du temple se dressant vers le ciel dont la couverture d’or brillait à la lumière du soleil, Jésus dit : « Vous voyez tout cela, n’est-ce pas ? En vérité, je vous le dis, il ne restera pas ici pierre sur pierre : tout sera détruit » (Matthieu 24.2). C’était prophétiser la destitution du sacerdoce judaïque, qui était essentiellement lié au temple. Sans le temple les prêtres juifs n’auraient plus rien à faire.
Jésus en effet allait inaugurer un culte nouveau accompli en esprit et vérité :
« L’heure vient – et nous y sommes – où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et vérité, car ce sont là les adorateurs tels que les veut le Père. Dieu est esprit, et ceux qui l’adorent, c’est en esprit et vérité qu’ils doivent adorer. » (Jean 4.23,24)
Dans ce nouveau culte, Jésus sera le grand-prêtre. Jésus s’est appliqué le Psaume 110.1, où il est écrit qu’il siégera à la droite de Dieu (Psaumes 110.1, cité dans Matthieu 26.64). Dans ce même Psaume, il est aussi écrit que la même personne sera encore « prêtre à jamais, selon l’ordre de Melchisédek » (v. 4). En citant ce Psaume, Jésus se proclama implicitement le nouveau prêtre, supérieur aux Lévites, auquel même Abraham avait offert la dîme de tout ce qu’il avait conquis par sa victoire sur ses ennemis (cf. Genèse 14.18-20).
C’est dans l’Épître aux Hébreux plus que dans tout autre livre du Nouveau Testament que nous voyons Jésus présenté comme le Grand-Prêtre du christianisme. Cette lettre suppose que les lecteurs sont non seulement bien informés sur l’ancienne alliance, mais encore convertis du judaïsme. Son insistance sur le culte et la liturgie fait même songer à des prêtres juifs devenus chrétiens. (cf. Actes 6.7). À ces personnes qui se rappelaient avec nostalgie les splendeurs du culte lévitique et qui étaient tentées de revenir en arrière, l’auteur de l’épître présente l’immense supériorité du culte chrétien par rapport à l’ancienne liturgie judaïque. Les chrétiens ont Jésus-Christ pour leur prêtre « selon l’ordre de Melchisédec » (Hébreux 5.7-10). Voici les éléments par lesquels on voit sa supériorité sur les grands-prêtres juifs :
a) Jésus est l’unique Grand-Prêtre. Tandis que chez les Juifs il y avait une continuelle succession de prêtres parce qu’ils ne pouvaient pas rester en vie, Jésus-Christ, « du fait qu’il demeure pour l’éternité, il a un sacerdoce immuable », il « demeure prêtre pour toujours » (Hébreux 7.23,24). Dans le christianisme, il n’y a pas une série de grands-prêtres comme chez les Juifs, parce que Jésus est « toujours vivant pour intercéder en faveur » des hommes (Hébreux 7.25).
b) Tandis que les grands-prêtres des Juifs devaient continuellement répéter leurs sacrifices qui ne pouvaient point enlever les péchés, le sacrifice du Christ a été accompli une fois pour toutes. Il a « offert pour les péchés un sacrifice unique… par une oblation unique il a rendu parfaits et pour toujours ceux qu’il sanctifie » (Hébreux 10.12-14).
c) La valeur unique et infinie du sacrifice du Christ consiste dans le fait qu’il n’a pas offert des victimes d’animaux, mais il a offert son propre sang.
« Il entra une fois pour toutes dans le sanctuaire non pas avec du sang de boucs et de jeunes taureaux, mais avec son propre sang, nous ayant acquis une rédemption éternelle. » (Hébreux 9.12)
d) Son sacrifice du passé est indissolublement lié avec la gloire de son retour futur :
« Le Christ, après s’être offert une seule fois pour enlever les péchés d’un grand nombre (c’est-à-dire les péchés de ceux qui lui obéiront), apparaîtra une seconde fois – hors du péché – à ceux qui l’attendent pour leur donner le salut. » (Hébreux 9.28; cf. 5.9)
2. De la doctrine biblique dont nous avons parlé, on peut déduire les conséquences suivantes :
a) Si le sacrifice du Christ est unique, il ne peut donc pas être répété. La Messe (qui était appelée chez les premiers chrétiens « repas du Seigneur ») n’est pas le renouvellement du sacrifice de la croix. Elle doit en être uniquement la mémoire, le souvenir. C’est bien ce que Jésus nous a enseigné quand il a dit : « Faites ceci en mémoire de moi » (Luc 22.19).
b) Si Jésus est l’unique Grand-Prêtre, toujours vivant et opérant, on ne peut pas dire que son sacerdoce passe à une classe spéciale de chrétiens, ayant un pouvoir que d’autres n’ont pas.
Il n’y a pas de chrétiens qui puissent consacrer l’eucharistie et transformer le pain en le corps du Christ et le vin en le sang du Christ par la consécration. Le repas du Seigneur était célébré par tous les chrétiens ensemble quand ils mangeaient et buvaient en mémoire du Christ. Le point principal n’était pas alors la consécration, mais l’action de manger et de boire, action qui était accomplie par tous les chrétiens et non par une seule catégorie parmi eux (1 Corinthiens 11.26).
Il n’y avait pas alors de chrétiens qui pouvaient donner l’absolution des péchés d’autrui. Même l’apôtre Pierre n’a pas donné l’absolution à Simon le pécheur de Samarie, mais il lui rappela ce qu’il devait faire pour obtenir le pardon de ses péchés : « Repens-toi de ta méchanceté et prie le Seigneur. Peut-être ton péché te sera pardonné » (Actes 8.22). Comment les prêtres pourraient-ils avoir aujourd’hui un pouvoir que même l’apôtre Pierre n’avait pas ?
Les évêques qui existaient dans chaque communauté chrétienne n’avaient pas un sacerdoce spécial qui les distinguait des autres. Ils étaient seulement choisis par les autres frères pour guider la communauté dans l’ordre et la vérité. Ils devaient, par conséquent, conduire les brebis qui leur étaient confiées en tant que pasteurs par leur bon exemple :
« Aussi il faut que l’évêque soit irréprochable, mari d’une seule femme… sachant bien gouverner sa propre maison, et tenir ses enfants dans la soumission d’une manière parfaitement digne. Car celui qui ne sait pas gouverner sa propre maison, comment pourrait-il prendre soin de l’Église de Dieu ? » (1 Timothée 3.2,4,5)
Ils étaient appelés « évêques » parce qu’ils devaient surveiller l’Église de Dieu ; ils étaient aussi appelés « presbytres » – d’où vient le nom moderne de « prêtre » mais qui, en réalité, signifiait « anciens » et non personnes appartenant au sacerdoce – parce qu’ils devaient être choisis parmi des chrétiens mûrs dans la foi. « Que l’évêque ne soit pas un converti de fraîche date, de peur que, l’orgueil lui tournant la tête, il ne vienne à encourir la même condamnation que le Diable » (1 Timothée 3.6; pour la similitude des titres évêque et ancien, voir Actes 20.17,28).
c) Si Jésus est le Grand-Prêtre des chrétiens, il doit avoir de simples prêtres au-dessous de lui. Mais voici la merveilleuse doctrine du Nouveau Testament : tous les chrétiens, hommes et femmes, et pas une catégorie spéciale parmi eux, sont prêtres du Seigneur. C’est ce que chantait le chœur des voix qui retentirent au ciel devant la présence de l’Agneau et qui fut entendu par Jean dans son Apocalypse :
« Tu fus égorgé et tu rachetas, pour Dieu, au prix de ton sang, des hommes de toute race, de toute langue, de tout peuple et de toute nation ; tu as fait d’eux pour notre Dieu une royauté de Prêtres, régnant sur la terre. » (Apocalypse 5.9,10; cf. 1 Pierre 2.5,9)
Il est triste de voir les catholiques oublier presque complètement le sacerdoce universel des chrétiens dont la Bible parle, pour exalter une prêtrise dont la Bible ne parle jamais. Je ne pouvais pas le comprendre, et c’est pour cela que j’ai dû quitter un sacerdoce sans aucune valeur pour devenir par le baptême chrétien un vrai prêtre de Jésus-Christ.
C) Jésus est le Seigneur de son Église.
1. Démonstration. Le titre par excellence qui exprime la foi que Jésus règne déjà sur l’Église et l’univers est celui de « Seigneur ». O. Cullmann, qui a bien étudié l’origine de ce titre, nie fortement, à l’encontre de Bousset et Bultmann, que cette appellation soit tardive. Il est vrai que la confession de foi en Christ comme le « Seigneur » dut valoir surtout contre le culte des empereurs qui étaient appelés « seigneurs ». Cependant, les chrétiens, dès le lendemain de la résurrection de Jésus, ont cru qu’il était le Seigneur, et qu’à partir de son ascension, il s’était assis à la droite du Père pour intercéder en faveur des hommes et pour gouverner son Église par son Esprit. Au jour de la Pentecôte, Pierre dit aux Juifs :
« Dieu l’a ressuscité, ce Jésus ; nous en sommes tous témoins. Et maintenant, exalté par la droite de Dieu, il a reçu du Père l’Esprit Saint… et l’a répandu… Que toute la maison d’Israël le sache donc avec certitude : Dieu l’a fait Seigneur et Christ, ce Jésus que vous avez crucifié. » (Actes 2.32,33,36)
Parce qu’il avait été immolé, l’Agneau est maintenant « digne de recevoir la puissance, la richesse, la sagesse, la force, la gloire et la louange » (Apocalypse 5.12; cf. Hébreux 10.12).
C’est avant tout dans le « Repas du Seigneur » que les frères retrouvaient leur Maître, et le priaient de venir parmi eux comme il l’avait promis. Maranatha, disaient-ils. Cette formule araméenne pieusement transcrite avant d’être traduite, prouve d’une part que le terme mar, à savoir « Seigneur », par lequel les disciples appelaient Jésus de son vivant, était devenu pour eux le titre de sa souveraineté. Il était pour eux leur « Seigneur ». Ce mot était surtout la profession de leur foi dans le retour du Seigneur : « Le Seigneur vient », mais il était aussi une prière par laquelle ils lui demandaient de venir : « Viens, notre Seigneur, viens ! » On peut donc dire que la foi en Jésus, le Seigneur, remonte aux premiers jours de la communauté palestinienne.
Dans l’Ancien Testament grec, le mot kurios « Seigneur » substituait le nom ineffable de Dieu, que les Juifs ne pouvaient pas prononcer. Par son application à Jésus dans le Nouveau Testament, on peut voir à quel point les chrétiens le tenaient exalté au niveau de Dieu lui-même. Jésus est celui qui règne sur tous les hommes, Juifs et païens, qui en lui forment un seul corps :
« Il n’y a donc pas de distinction entre Juifs et Grecs : tous ont le même Seigneur, riche envers tous ceux qui l’invoquent. En effet, quiconque invoquera le nom du Seigneur sera sauvé. » (Romains 10.12,13)
2. Quelques conséquences. Si Jésus est le Seigneur qui encore aujourd’hui règne et dirige son Église, on voit qu’on ne peut parler d’un vicaire établi par lui sur la terre et qui le représente. L’idée d’une papauté sur la terre est en contradiction avec tous les passages de la Bible qui nous présentent Jésus comme le Seigneur, comme celui qui, par son Esprit, édifie l’Église. C’est Jésus et non les hommes qui édifie et dirige l’Église. « J’édifierai mon Église » (Matthieu 16.18). Lui, et non Pierre !
Si Jésus est le Seigneur, on ne peut pas changer ses commandements. Ce n’est pas seulement par la bouche qu’on proclame Jésus comme le Seigneur, mais c’est plutôt par l’obéissance à sa volonté. Qu’il me soit permis de rappeler quelques exemples :
a) Le baptême. Je ne peux pas comprendre, ce que des protestants affirment, que le baptême n’est pas nécessaire au salut, quand Pierre, inspiré par l’Esprit Saint, dit : « Que chacun de vous se fasse baptiser pour la rémission de vos péchés » (Actes 2.38). Je ne comprends pas non plus les catholiques qui, en exagérant sa nécessité, donnent aujourd’hui le baptême aux enfants, tandis que Jésus a dit : « Celui qui croira et sera baptisé sera sauvé » (Marc 16.16). Selon Jésus, il faut croire avant d’être baptisé. La religion chrétienne est un choix personnel.
Je ne comprends pas non plus comment les catholiques et quelques protestants peuvent dire que Jésus est leur Seigneur, quand ils baptisent les personnes en versant quelques gouttes d’eau sur leur tête, tandis que Jésus a dit de les « baptiser », c’est-à-dire de les plonger dans l’eau. L’étymologie du nom signifie, en effet : « immerger, plonger dans l’eau ». L’étymologie nous est confirmée par l’histoire et l’archéologie chrétienne. Qu’on ne dise pas que c’est un élément sans valeur. C’est la volonté du Seigneur, et ça suffit ! C’est l’unique moyen de représenter visiblement notre mort, ensevelissement et résurrection par rapport à la mort, l’ensevelissement et la résurrection du Christ (Romains 6.4).
b) Le repas du Seigneur. Si Jésus est le Seigneur, on ne peut pas retrancher du repas du Seigneur le vin, alors que Jésus-Christ lui-même y a uni les deux éléments, le pain et le vin. En mangeant le pain, les chrétiens voient le symbole du corps de Jésus offert en sacrifice, et en buvant le vin, ils proclament que Jésus est mort pour nos péchés, en les purifiant par son sang. C’est le Seigneur qui a dit – et uniquement pour le vin – : « Buvez-en tous », comme s’il voulait prévenir et reprocher l’élimination future du calice qui a été accomplie au 12e siècle. S’il est le Seigneur, il faut accomplir humblement, comme de tout petits enfants, ce qu’il a établi à jamais. Il n’est plus notre Seigneur si, en contradiction avec sa parole, nous suivons les traditions des hommes.
c) L’Église. Si Jésus est le Seigneur, on ne peut pas changer la constitution de son Église, comme il nous l’a donnée par les apôtres, guidés par son Esprit Saint. Les premières communautés étaient complètement indépendantes les unes des autres, bien qu’elles fussent unies par la même foi, le même baptême et le même amour.
« Appliquez-vous à conserver l’unité de l’Esprit par ce lien de paix. Il n’y a qu’un corps et qu’un Esprit, comme il n’y a qu’une espérance… Un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême ; un seul Dieu et Père de tous, qui est au-dessus de tous, parmi tous et en tous. » (Éphésiens 4.3-6)
d) Notre vie. Si Jésus est le Seigneur, il faut lui consacrer toute notre vie. C’est Paul qui nous en assure :
« En effet nul d’entre nous ne vit pour soi-même, comme nul ne meurt pour soi-même. Si nous vivons, nous vivons pour le Seigneur et si nous mourons, nous mourons pour le Seigneur. Donc, dans la vie comme dans la mort, nous appartenons au Seigneur. Car le Christ est mort et revenu à la vie, pour être le Seigneur des morts et des vivants. » (Romains 14.7-9)
Dans notre vie, comme Paul le faisait, nous devons suivre les exemples de Jésus et marcher selon sa volonté. Il faut que nous puissions aussi répéter les paroles de Paul :
« Je suis crucifié avec le Christ ; et si je vis, ce n’est plus moi, mais le Christ qui vit en moi ; ma vie présente dans la chair je la vis dans la foi au Fils de Dieu qui m’a aimé et s’est livré pour moi. » (Galates 2.20)
Dans notre mort nous sommes pleins d’assurance, parce que nous irons auprès du Seigneur.
« Nous sommes donc pleins d’assurance et préférons quitter le corps pour aller demeurer auprès du Seigneur. Aussi, que nous demeurions en ce corps ou que nous le quittions, ayons à cœur de lui plaire. » (2 Corinthiens 5.8,9)
Il n’y a donc pas de feu du purgatoire pour tous ceux qui meurent dans le Seigneur ! Voilà notre espérance ou, mieux encore, notre assurance. Ces paroles de Jean sont toujours valables pour nous :
« Puis j’entendis une voix me dire : Écris : Heureux les morts qui meurent dans le Seigneur ; dès maintenant – oui, dit l’Esprit – qu’ils se reposent de leurs fatigues, car leurs œuvres les accompagnent. » (Apocalypse 14.13)
Je ne peux pas croire que ceux qui souffrent dans le feu du purgatoire soient bienheureux et se reposent. Cette doctrine n’est pas chrétienne ; elle provient du paganisme dont la justice était sans la grâce. Or, dans le christianisme tout est miséricorde et grâce ; c’est Dieu – et non le feu – qui nous purifie par le sang du Christ. Si Jésus est le Seigneur, il faut lui obéir et croire.
Jésus est-il vraiment notre Seigneur ? Avons-nous toujours accompli sa volonté ? L’Église que nous fréquentons est-elle vraiment l’Église du Christ, de Dieu, du Seigneur ? Nous appelons-nous seulement chrétiens, pour affirmer notre appartenance au Christ (Actes 11.26) ?
Qu’on se rappelle les mots sévères mais justes que Jésus prononça devant les Juifs. Ils sont toujours valables, pour chacun de nous aussi :
« Ce n’est pas en me disant : Seigneur, Seigneur, qu’on entrera dans le Royaume des Cieux, mais c’est en faisant la volonté de mon Père qui est dans les cieux. » (Matthieu 7.21)