Comment Dieu pourrait-il avoir un Fils ?

Les chrétiens adorent-ils trois dieux ?

Il arrive aux chrétiens comme aux musulmans de juger injustement, et cela n’est pas bon. On déplore parfois chez l’autre des croyances auxquelles il n’adhère même pas. Certains chrétiens considèrent tous les musulmans coupables de soutenir des actes violents commis par certains de leurs frères, alors que ce n’est pas le cas. Certains musulmans condamnent sévèrement les chrétiens pour des croyances que les vrais chrétiens n’ont jamais acceptées, ou bien ces musulmans condamnent des doctrines sans les comprendre.

Les chrétiens et les musulmans adorent tous le même Être Suprême, Créateur de toutes choses. On est tous d’accord sur le devoir de l’honorer, de connaître sa volonté pour les hommes, de le servir, de s’humilier devant sa grandeur et de l’aimer de tous nos cœurs. Par contre, nous avons des idées divergentes sur sa nature. La divergence est réelle, mais elle n’est pas aussi grande qu’on ne le pense, en partie parce que beaucoup de musulmans ne savent pas ce que la foi chrétienne enseigne à ce sujet. (Et encore, rappelons-nous que pas mal de soi-disant chrétiens connaissent mal les vérités enseignées dans leur propre Bible, quand bien même elle est disponible dans leurs langues maternelles. Comme nous l’avons dit précédemment, il ne faut pas rejeter le christianisme à cause de ceux qui le connaissent ou le pratiquent mal.)

« Ne dites pas : Il y a trois dieux »

Mohamed, tout comme nous, avait affaire à des chrétiens qui connaissaient mal la Bible. Parmi ceux qui portaient le nom de chrétien en Arabie au temps de Mohamed étaient des gens dont les croyances étaient très différentes des croyances de la plupart de ceux qui se considèrent chrétiens, et ce qui est plus important, très différentes de ce qu’enseigne la Bible. C’était sûrement de ces hérétiques que le Coran parle dans la Sourate 4, aya 171 : « Croyez donc en Allah et en Ses messagers. Et ne dites pas “Trois”. Cessez ! Ce sera meilleur pour vous. Allah n’est qu’un Dieu unique. » Ou encore, dans la Sourate 5:116 : « Allah dira : “Ô Jésus, fils de Marie, est-ce toi qui as dit aux gens : ‘Prenez-moi, ainsi que ma mère, pour deux divinités en dehors d’Allah ?’” » Même si ces gens du temps de Mohamed connaissaient mal la Bible et croyaient en plusieurs dieux, les musulmans aujourd’hui ont besoin de comprendre que ce n’est pas ce que croyaient les premiers disciples de Jésus, et ce n’est pas ce que la vaste majorité d’Églises enseignent de nos jours.

Considérez ces passages de la Torah et de l’Injeel :

Deutéronome 6.4 : « Écoute, Israël ! L’Éternel, notre Dieu, est le seul Éternel. »

Ésaïe 45.21,22 : « Il n’y a point d’autre Dieu que moi, je suis le seul Dieu juste et qui sauve… Je suis Dieu et il n’y en a point d’autre. »

Marc 12.29,30 : « Jésus répondit : Voici le premier [commandement] : Écoute, Israël, le Seigneur, notre Dieu, est l’unique Seigneur et : Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ta pensée, et de toute ta force. »

Romains 3.30 : « Il y a un seul Dieu, qui justifiera par la foi les circoncis, et par la foi les incirconcis. »

Jacques 2.19 : « Tu crois qu’il y a un seul Dieu, tu fais bien. »

Vous voyez donc que la Bible des chrétiens n’enseigne pas qu’il y a trois dieux distincts ; il y a un seul Dieu. Ajoutons que la Bible n’autorise nulle part aux hommes de vouer un culte quelconque à Marie, la mère de Jésus. Les hommes ont très mal fait d’en faire une sorte de déesse. Elle s’est bien dite « la servante du Seigneur » (Luc 1.38).

« Il ne s’est donné ni compagne ni enfant. »

Une autre idée que le Coran condamne, une idée qui a dû être enseignée par de faux chrétiens au temps de Mohamed, est que Dieu avait eu des rapports sexuels avec Marie afin qu’elle mette au monde l’enfant Jésus. Quel blasphème ! Je ne connais aucun chrétien qui accepte une telle idée monstrueuse. Le Coran dit dans la Sourate 6 – Al-Anam, aya 101 : « Créateur des cieux et de la terre. Comment aurait-il un enfant quand il n’a pas de compagne ? » et dans la Sourate 72 – Al-Jinn, aya 3 : « En vérité notre Seigneur – que Sa grandeur soit exaltée – ne S’est donné ni compagne, ni enfant ! ». Dans de tels passages, le Coran ne s’adresse ni à l’Église du premier siècle ni aux Églises modernes, car nous ne croyons pas que Dieu ait épousé Marie ou qu’il ait eu des rapports sexuels avec elle.

En réalité, il y a une ressemblance frappante entre le récit de la conception de Jésus contenu dans la Bible et le récit que contient le Coran. Lisez les deux, et vous verrez que les deux versions s’accordent :

« Au sixième mois, l’ange Gabriel fut envoyé par Dieu dans une ville de Galilée, appelée Nazareth, auprès d’une vierge fiancée à un homme de la maison de David, nommé Joseph. Le nom de la vierge était Marie. L’ange entra chez elle, et dit : Je te salue, toi à qui une grâce a été faite ; le Seigneur est avec toi. Troublée par cette parole, Marie se demandait ce que pouvait signifier une telle salutation. L’ange lui dit : Ne crains point, Marie ; car tu as trouvé grâce devant Dieu. Et voici, tu deviendras enceinte, et tu enfanteras un fils, et tu lui donneras le nom de Jésus… Marie dit à l’ange : Comment cela se fera-t-il, puisque je ne connais point d’homme ? L’ange lui répondit : Le Saint-Esprit viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te couvrira de son ombre. C’est pourquoi le saint enfant qui naîtra de toi sera appelé Fils de Dieu. Voici, Élisabeth, ta parente, a conçu, elle aussi, un fils en sa vieillesse, et celle qui était appelée stérile est dans son sixième mois. Car rien n’est impossible à Dieu. Marie dit : Je suis la servante du Seigneur ; qu’il me soit fait selon ta parole ! » (Luc 1.26-38)

Suivez maintenant le récit du même événement tel qu’il est relaté dans le Coran :

« Marie, quand elle se retira de sa famille en un lieu vers l’Orient, elle mit entre elle et eux un voile. Nous lui envoyâmes Notre Esprit (Gabriel), qui se présenta à elle sous la forme d’un homme parfait. Elle dit : “Je me réfugie contre toi auprès du Tout Miséricordieux. Si tu es pieux, [ne m’approche point].” Il dit : “Je suis en fait un Messager de ton Seigneur pour te faire don d’un fils pur.” Elle dit : “Comment aurais-je un fils, quand aucun homme ne m’a touchée, et que je ne suis pas prostituée ?” Il dit : “‘Ainsi sera-t-il ! Cela M’est facile,’ a dit ton Seigneur ! Et nous ferons de lui un signe pour les gens et une miséricorde de notre part. C’est une affaire déjà décidée.” » (Sourate 19 – Maryam, ayat 16-21)

Dans les deux récits, donc, il est souligné que Marie enfanterait étant vierge, et que ce serait par le pouvoir de Dieu, qui est pleinement capable de faire même ce qui paraît impossible aux hommes.

« Il n’a jamais engendré, n’a pas été engendré non plus »

Selon le Coran, Allah « n’a jamais engendré, n’a pas été engendré non plus » (Sourate 112 – Al-Ilhas, aya 3). Il est vrai que certaines traductions françaises de la Bible emploient le mot « engendré » ou « seul engendré » en parlant de Jésus. Mais prenons le temps de comprendre de quoi il s’agit avant de conclure que la Bible enseigne sur ce point ce que le Coran nie catégoriquement. Comme nous venons de le voir, la Bible ne dit nullement que Dieu ait eu des rapports sexuels avec Marie et qu’il ait ainsi engendré un fils. Pas du tout. Ce n’est pas ce que les chrétiens croient. Non, nous avons affaire à ce qu’on appelle dans la littérature un « anthropomorphisme ». Ce long mot signifie simplement qu’en parlant de Dieu on emploie des expressions qui lui attribuent, de manière figurée, une forme ou des activités humaines. Et la Bible et le Coran emploient ce genre de langage. Par exemple, on parle de la main de Dieu (Sourate 48 – Al-Fath, aya 10), de la face de Dieu (Sourate 55 – Ar-Rahman, ayat 26,27) ou de l’œil de Dieu (Sourate 20 – Ta-Ha, ayat 38,29; Sourate 11 – Hud, aya 37) ; on en parle comme étant assis sur un trône (Sourate 57 – Al-Hadid, aya 4), ou comme un guerrier qui manie une épée. Ou en ce qui concerne le Christ, il est dit que Dieu l’a engendré. On ne prend pas ce langage au pied de la lettre, mais on cherche l’idée que ces expressions familières sont censées communiquer.

Quelle serait alors l’idée que la Bible veut communiquer par le mot « engendré » ? Cela dépend du contexte. Prenons deux passages où nous le trouvons : en Actes 13 l’apôtre Paul prêchait sur la résurrection de Jésus. Il essayait de convaincre ses auditeurs que la résurrection de Jésus était bien l’accomplissement des promesses qui concernaient la postérité de David, le Messie. Il cita le deuxième Psaume, un passage qui avait été employé lors du couronnement des rois d’Israël. Dans ce passage, Dieu dit au roi : « Aujourd’hui je t’ai engendré. » Évidemment le roi existait avant son couronnement. Il avait déjà été engendré dans le sens physique par son père biologique. Le mot « engendré » dans ce passage ne se référait pas à la naissance du roi mais à l’idée que Dieu reconnaissait le nouveau roi comme, dans un certain sens – figuré, bien sûr – son « fils » spécial. Les Juifs croyaient que le passage trouvait son accomplissement partiel dans les rois qui s’étaient succédé sur le trône de David, mais qu’il serait pleinement accompli par le Messie. Paul dit que Jésus fut « engendré » par sa résurrection. Ce passage ne se réfère donc ni à un moment avant la fondation du monde où Jésus aurait commencé d’exister ni à sa naissance physique à Bethléhem.

Dans d’autres passages, on trouve l’expression dans la Bible anglaise « only begotten of the Father » (c’est-à-dire « le seul engendré du Père »), ou selon la traduction française, le « Fils unique » (Jean 1.14; 3.16). Le mot grec dans ces passages est le mot monogenês, formé de monos (unique), et génos (espèce), et qui signifie « le seul de son espèce ». Certaines traductions, s’appuyant sur la traduction latine appelée la Vulgate, ont traduit ce mot par « seul engendré », mais ce mot avait depuis longtemps perdu son sens strictement physique – le mot parle simplement de l’unicité du Christ en tant que Fils unique de Dieu. Contrairement à ce que pensent les musulmans, Dieu a daigné appeler des hommes et des femmes ses « enfants » pour témoigner de l’amour qu’il a pour eux. Le fait que Jésus est appelé « Fils unique » le distingue nettement de ces autres « enfants » de Dieu. L’équivalent le plus proche du mot grec monogenês serait l’expression, « seul en son genre ».

Il y a toujours des idées que nous avons besoin d’aborder concernant la nature de Dieu et la relation qui existe entre Dieu et Jésus-Christ. Mais nous espérons avoir au moins corrigé certaines fausses conceptions de ce que croient les chrétiens : ils ne croient pas en trois dieux ; ils ne croient pas que Dieu ait eu des rapports sexuels avec Marie, et ils ne croient pas que Jésus ait été engendré dans un sens littéral.

« Dieu peut-il avoir un Fils ? »

Il y a des idées auxquelles certains hommes s’opposent si fortement qu’ils réagissent avec une colère sans bornes quand ces idées sont abordées. Il suffit de prononcer certains mots pour mettre le feu au poudre – ils s’explosent de rage et n’écoutent même plus. Nous voyons de telles réactions chez les Juifs au premier siècle. Par exemple, dans le livre des Actes, dans le Nouveau Testament, un disciple de Jésus du nom d’Étienne prêchait à une foule juive. Dans sa prédication, il rappela à ces Juifs que leurs pères s’étaient souvent opposés aux messagers que Dieu leur envoyait, allant jusqu’à commettre le meurtre pour leur faire taire. Quand Étienne poursuivit pour leur déclarer qu’ils faisaient la même chose à l’égard de Jésus, le Messie, la Bible dit qu’ils « étaient furieux dans leurs cœurs, et ils grinçaient des dents contre lui ». Quand il continua à leur parler de la gloire de Jésus, « ils poussèrent alors de grands cris, en se bouchant les oreilles, et ils se précipitèrent tous ensemble sur lui, le traînèrent hors de la ville, et le lapidèrent » (Actes 7.54-58).

Plus tard, dans la même ville de Jérusalem, l’apôtre Paul prêchait à une autre foule juive. Ses auditeurs suivaient avec attention pendant qu’il leur racontait sa conversion. Mais quand il dit que Dieu l’avait envoyé pour prêcher la parole aux nations païennes, tout a changé. La Bible dit : « Ils l’écoutèrent jusqu’à cette parole. Mais alors ils élevèrent la voix, disant : Ôte de la terre un pareil homme ! Il n’est pas digne de vivre. Et ils poussèrent des cris, jetaient leurs vêtements, lançaient de la poussière en l’air » (Actes 22.22,23). Quelle hostilité envers l’idée que Dieu s’intéressait non seulement aux Juifs, mais à tous les autres peuples, aussi ! En réalité, Paul aurait pu montrer par leurs Écritures que Dieu s’était toujours intéressé à toutes ses créatures et avait même annoncé d’avance que les autres nations seraient bénies par lui. Mais par sa réaction exagérée, la foule s’est privée de la vérité. Elle n’a même pas eu l’occasion d’entendre les arguments que Paul aurait pu avancer pour lui faire savoir s’ils pouvaient être dans l’erreur ou pas.

Je vous demande de vous montrer plus nobles et plus raisonnables que ces Juifs d’autrefois. Ne vous fâchez pas dès que vous entendez ou lisez l’expression que nous voulons expliquer, les mots « Fils de Dieu ». Suivez bien afin de pouvoir évaluer correctement ce que je dirai.

Le mot « Fils »

Le Coran dit dans la Sourate 2 – Al-Baqarah, aya 116 : « Et ils ont dit : Allah s’est donné un fils ! Gloire à Lui ! Non ! » Le mot pour fils dans ce passage est le mot « walad » ﻮﻟﺪ, qui est presque toujours employé dans le sens physique. Le fait que le Coran, en niant que Jésus est le Fils de Dieu, précise le plus souvent que cela n’est pas possible puisque Dieu n’a pas de femme montre que c’est dans ce sens physique qu’il parle. Nous les chrétiens, on ne dirait jamais que Jésus était physiquement le Fils de Dieu ; nous avons déjà dit clairement que la conception de Jésus, bien que miraculeuse, n’était pas du tout le résultat de rapports sexuels entre Dieu et Marie. C’est une pensée affreuse que nous rejetons absolument. Mais il paraît qu’il y a un autre mot arabe pour « Fils », le mot « ib-na », (ابْنَ) et ce mot est parfois employé de façon figurée. Par exemple, dans la Sourate 2 – Al-Baqarah, aya 177, on trouve le terme ibn-al-sabil, littéralement « fils de la route », traduit généralement par « voyageur ». Bien sûr, personne ne pense que la route a littéralement fait un enfant ! Elle n’a pas eu des rapports sexuels ; elle n’a pas accouché. C’est juste une façon de suggérer l’association étroite entre celui qui voyage beaucoup et la route qu’il emprunte. De la même manière, les Égyptiens sont appelés « les fils du Nil », sans que personne n’en tire la conclusion que le fleuve a littéralement mis au monde des êtres humains.

La Bible, aussi, emploie le mot « fils » dans un sens figuré ou spirituel. Elle nous parle, par exemple, de « Joseph, surnommé par les apôtres Barnabas, ce qui signifie fils d’exhortation » (Actes 4.36). Évidemment cet homme avait l’habitude de toujours encourager ou exhorter ; cela faisait partie de son caractère. La Bible appelle des gens qui désobéissent à Dieu « les fils de la rébellion » (Éphésiens 5.6) ; ceux qui vivent selon la justice sont appelés « des enfants de la lumière » (1 Thessaloniciens 5.5). En Jean 8.44, Jésus s’adressait à des Juifs incrédules et hypocrites. Il leur dit : « Vous avez pour père le diable, et vous voulez accomplir les désirs de votre père. Il a été meurtrier dès le commencement, et il ne se tient pas dans la vérité, parce qu’il n’y a pas de vérité en lui. Lorsqu’il profère le mensonge, il parle de son propre fond ; car il est menteur et le père du mensonge. » Le diable n’a physiquement engendré ni ces Juifs méchants ni le mensonge. Appeler une personne le fils ou l’enfant de quelqu’un ou de quelque chose, c’est attribuer un trait de caractère, une activité ou une nature à la personne dont on parle. Ce n’est pas forcément parler de son origine biologique.

« Fils de l’homme »

Quand Jésus parlait de lui-même, il employait le plus souvent l’expression « le Fils de l’homme ». Selon ce que nous venons de voir, Jésus indiquait par là qu’il avait revêtu quelque chose de la nature d’un homme. Comme tout homme, il vivait dans un corps physique – ce qui veut dire qu’il pouvait devenir fatigué, avoir faim ou soif, être vu et touché physiquement par les hommes, et oui, il pouvait mourir. Il était réellement un homme.

Mais cette expression (Fils de l’homme) signifiait quelque chose de plus pour un Juif. En effet, le prophète Daniel avait reçu une vision plus de cinq cents ans avant Jésus :

« Je regardais pendant mes visions nocturnes, et voici, sur les nuées des cieux arriva quelqu’un de semblable à un fils de l’homme ; il s’avança vers l’ancien des jours, et on le fit approcher de lui. On lui donna la domination, la gloire et le règne ; et tous les peuples, les nations, et les hommes de toutes langues le servirent. Sa domination est une domination éternelle qui ne passera point, et son règne ne sera jamais détruit » (Daniel 7.13,14)

En s’identifiant comme le Fils de l’homme, Jésus annonçait qu’il était un personnage très spécial, un personnage dont les prophètes de Dieu avaient parlé et que le peuple avait attendu depuis très longtemps. En plus, il s’identifiait comme celui qui, selon la prophétie, serait revêtu d’une autorité universelle. Malgré son humble apparence, une gloire incroyable l’attendait.

« Fils de Dieu »

Mais Jésus a aussi accepté un autre titre, encore plus surprenant, pour ne pas dire choquant. Qu’on le veuille ou pas, ce prophète du Tout-Puissant s’est laissé appeler « Fils de Dieu ». Par exemple, Jésus demanda un jour à ses disciples ce qu’ils croyaient à son sujet. « Simon Pierre répondit : Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant. » Au lieu de le reprendre pour avoir mal parlé, Jésus lui dit : « Tu es heureux, Simon, fils de Jonas ; car ce ne sont pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela, mais c’est mon Père qui est dans les cieux » (Matthieu 16.17). Mais juste après nous lisons qu’il « recommanda aux disciples de ne dire à personne qu’il était le Christ ». Une autre fois, après que Jésus avait guéri un aveugle-né, il demanda à ce dernier : « Crois-tu au Fils de Dieu ? Il répondit : Et qui est-il, Seigneur, afin que je croie en lui ? Tu l’as vu, lui dit Jésus, et celui qui te parle, c’est lui. Et il dit : Je crois, Seigneur. Et il se prosterna devant lui » (Jean 9.35-38).

En se disant Fils de l’homme, Jésus reconnaissait, bien sûr, posséder les traits d’un homme. Quand Jésus se disait le Fils de Dieu, il indiquait qu’il possédait aussi des qualités de Dieu. Par exemple, il était sans péché. Le Coran dit, dans la Sourate 19 – Maryam, aya 19, que Jésus était pur. Selon Hébreux 4.15, « il a été tenté comme nous en toutes choses, sans commettre de péché ». Selon Marc 2.10 il avait aussi l’autorité de pardonner les péchés des hommes. Jean 2.25 dit : « Il n’avait pas besoin qu’on lui rendît témoignage d’aucun homme, car il savait lui-même ce qui était dans [le cœur de] l’homme. » Pour déterminer de quelles autres manières et à quel degré Jésus avait la nature de Dieu et la nature de l’homme, il faut bien lire tout ce que Dieu dit à son sujet dans l’Évangile. Mais rassurez-vous d’avance que la Bible n’emploie pas l’expression « Fils de Dieu » dans le sens littéral, c’est-à-dire physique. Jésus n’était pas Fils de Dieu dans le même sens que je suis fils de mon père humain.

Ce que cela signifiait selon les Juifs

Jésus acceptait qu’on l’appelle Fils de Dieu ; pourtant, en général, il ne disait pas publiquement qu’il était Fils de Dieu. Comme c’est le cas de nos jours, certaines personnes réagissaient violemment. En Jean 5.17,18 nous lisons : « Jésus leur répondit : Mon Père agit jusqu’à présent ; moi aussi, j’agis. À cause de cela, les Juifs cherchaient encore plus à le faire mourir… parce qu’il appelait Dieu son propre Père, se faisant lui-même égal à Dieu. » (Remarquez qu’ils n’ont pas pensé que Jésus prétendait que Dieu avait eu des rapports sexuels avec sa mère et l’avait donc engendré biologiquement. Non, ils se sont fâchés parce qu’ils considéraient que Jésus prétendait avoir la même nature que Dieu, être égal à Dieu.)

Quand les chefs des Juifs ont formellement condamné Jésus à mort, c’était pour cette même raison. Le chef de la cour, « le souverain sacrificateur, prenant la parole, lui dit : Je t’adjure, par le Dieu vivant, de nous dire si tu est le Christ, le Fils de Dieu. Jésus lui répondit : Tu l’as dit. De plus, je vous le déclare, vous verrez désormais le Fils de l’homme assis à la droite de la puissance de Dieu, et venant sur les nuées du ciel. » En voyant la réaction de la cour, nous comprenons pourquoi Jésus attendait le moment voulu par Dieu avant de s’identifier clairement et publiquement : « Alors le souverain sacrificateur déchira ses vêtements, disant : Il a blasphémé ! Qu’avons-nous encore besoin de témoins… Que vous en semble ? Ils répondirent : Il mérite la mort » (Matthieu 26.63-66). Ils n’ont fait aucun effort pour déterminer selon les prophéties si Jésus avait raison de dire qu’il était le Christ. Ils avaient décidé d’avance que c’était impossible.

Quand on l’avait pendu à la croix, des passants se moquaient de Jésus, en disant : « Il s’est confié en Dieu ; que Dieu le délivre maintenant, s’il l’aime. Car il a dit : Je suis Fils de Dieu » (Matthieu 27.43). Nous voyons ici un deuxième sens porté par l’expression « Fils de Dieu » : Jésus prétendait jouir d’une relation spéciale avec le Père céleste. En Jean 8.29 il dit : « Celui qui m’a envoyé est avec moi ; il ne m’a pas laissé seul, parce que je fais toujours ce qui lui est agréable. » La veille de sa mort, il pria : « Tu m’as aimé avant la fondation du monde » (Jean 17.24). Jésus avait une relation avec Dieu qui était supérieure à celle de toute autre personne au monde, comme celle d’un fils unique, un fils obéissant et bien-aimé, avec son père.

Un Dieu complexe

L’unité de Dieu

Nous avons déjà cité plusieurs versets bibliques qui affirment clairement qu’il y a un seul Dieu ; il est unique. Mais il y a différentes sortes d’unité. L’Islam enseigne qu’il y a chez Dieu une unité simple. Le Christianisme enseigne que Dieu est caractérisé par une unité complexe. Les musulmans emploient le mot Al-Tawhid pour parler de la sorte d’unité qu’ils conçoivent ; certains chrétiens emploient le mot Trinité, qui veut dire une triade, pour évoquer l’unité complexe d’un seul Dieu qui existe éternellement en trois personnes. Il est intéressant de noter que le mot Al-Tawhid ne se trouve pas dans le Coran, tout comme le mot Trinité ne se trouve pas dans la Bible. Ne permettons donc pas à ces mots de nous embrouiller ou nous empêcher de saisir ce que Dieu a révélé de lui-même.

Le Dieu unique, peut-il être un et en même temps exister en trois personnes ? Il est vrai qu’une telle idée peut nous dépasser, mais faut-il s’étonner si l’homme a du mal à saisir l’Être suprême et infini ? Que ce soit difficile à comprendre ou pas, essayons de réunir certaines vérités que Dieu a fait connaître à son propre sujet :

Nous avons déjà souligné que Dieu dit clairement et catégoriquement qu’il est unique, qu’il y a un seul Dieu. Cela est enseigné non seulement dans le Coran, mais dans la Torah, par les prophètes de l’Ancien Testament, et dans l’Évangile.

La Parole éternelle

Une deuxième vérité concerne la Parole de Dieu. Il est écrit dans l’Injeel : « Au commencement était la Parole, et la Parole était avec Dieu, et la Parole était Dieu. Elle était au commencement avec Dieu. Toutes choses ont été faites par elle, et rien de ce qui a été fait n’a été fait sans elle » (Jean 1.1-3). Quelle est cette parole dont Jean parle ? Le verset 14 du même chapitre le rend assez clair : « Et la Parole a été faite chair, et elle a habité parmi nous, pleine de grâce et de vérité ; et nous avons contemplé sa gloire, une gloire comme la gloire du Fils unique venu du Père. » Celui qui a été fait chair, qui a habité parmi les hommes, et qui avait la gloire du Fils unique venu du Père, est, sans aucun doute, Jésus-Christ. L’Écriture dit ainsi que la Parole, Jésus, était déjà au commencement de toutes choses. Il n’a pas commencé à exister, il n’a pas été créé – il était déjà avec Dieu. D’ailleurs, le verset 3 dit clairement que rien de ce qui a été fait n’a été fait sans elle, c’est-à-dire sans la Parole, qui est Jésus. Il est donc évident que Jésus ne fait pas partie de ce qui a été fait, puisqu’il ne pourrait pas se créer lui-même ou participer à sa propre création. Il n’est pas parmi les choses qui ont été faites – il est donc éternel.

Il est intéressant de noter que selon la majorité des musulmans, la Sourate 85 – Al-Buruj, ayat 21,22, qui parle d’un « Coran glorifié, préservé sur une tablette auprès d’Allah », signifie que le Coran n’a pas été créé et qu’il existe auprès de Dieu depuis le commencement. Au temps de Mohamed, cette parole éternelle aurait pris la forme d’un livre, le Coran. Ne peut-on pas demander : « Si la Parole de Dieu, le Coran, est éternelle et n’a pas été créée, pourquoi cela pose-t-il un problème si Jésus, la Parole de Dieu, est éternel et n’a pas été créé ? » ? Est-ce une coïncidence que même le Coran, dans la Sourate 4 – An-Nisa, aya 171, appelle Jésus « un Messager d’Allah, Sa parole qu’il a envoyée à Marie et un souffle de vie venant de Lui » ? Selon le Coran, Jésus est la Parole de Dieu. Or, la Parole de Dieu existe depuis l’éternité.

Au risque de plonger trop dans la philosophie, considérez ce dilemme : la plupart des musulmans sont d’accord que la Parole de Dieu est éternelle ; mais elle ne fait pas partie d’Allah. S’ils disent que la Parole n’a pas été créée, alors deux choses existent éternellement, et une telle déclaration constitue, selon l’Islam, un blasphème intolérable. Si, par contre, ils disent que la Parole de Dieu a été créée, c’est comme s’il y avait un temps où Allah ne parlait pas, ou ne pouvait pas parler. Dès qu’il a parlé, il aurait changé d’un état à un autre, une violation intolérable de la doctrine musulmane de l’immuabilité de Dieu, la doctrine que Dieu ne change pas. Si l’on reconnaît que la Parole, qui a été faite chair dans la personne de Jésus, a toujours existé et qu’elle est une partie de Dieu, l’une des trois personnes divines qui ensemble forment un seul Dieu, le dilemme disparaît. Il n’y a pas quelque chose à part Dieu qui existe éternellement, et Dieu n’a pas changé à un moment dans l’histoire.

Elle était Dieu, et elle était avec Dieu ? !

Nous venons de mentionner les trois personnes divines qui forment un seul Dieu. (Disons d’abord que ces trois personnes ne sont pas Dieu, Jésus, et Marie. Même si le Coran évoque cette idée dans la Sourate 5, aya 116, peut-être parce que certains hérétiques du temps de Mohamed y croyaient, Marie n’est pas éternelle, n’est pas une personne divine, n’est pas à adorer, et ne fait pas partie de ce que les gens appellent la Trinité.) Tout comme l’Islam parle des 99 noms parfaits d’Allah, la Bible emploie plus d’une appellation pour les trois personnes qui font Dieu. Il y a Celui qu’on appelle le Père, Dieu le Père, ou tout simplement Dieu ; il y a Celui qu’on appelle le Fils, Dieu le Fils, la Parole, l’Agneau ou le Christ ; et il y a Celui qu’on appelle l’Esprit, l’Esprit de Dieu, le Consolateur, ou le Saint-Esprit. Quand nous avons lu tout à l’heure dans l’Évangile que « la Parole était avec Dieu, et la Parole était Dieu » (Jean 1.1), le mot Dieu dans la première phrase se réfère à Dieu le Père ; la Parole n’était pas Dieu le Père, mais elle était « avec » Dieu le Père. Dans la deuxième phrase, le mot veut dire la divinité, l’Être suprême : la Parole était Dieu. Comme le Père est Dieu, la Parole est Dieu, aussi.

Jésus est Dieu ?

Plusieurs passages nous montrent que Jésus, la Parole, est Dieu : La Bible dit de Christ en Colossiens 2.9 : « Car en lui habite corporellement toute la plénitude de la divinité. » L’apôtre dit que les chrétiens devraient avoir les mêmes sentiments qui étaient en Jésus-Christ, « lequel, existant en forme de Dieu, n’a point regardé comme une proie à arracher d’être égal à Dieu, mais s’est dépouillé lui-même, en prenant une forme de serviteur, en devenant semblable aux hommes » (Philippiens 2.6,7). Avant donc de devenir homme, Jésus existait en forme de Dieu et était égal à Dieu le Père. Mais il ne s’est pas accroché à cette égalité avec Dieu. Il s’en est dépouillé pour un temps afin de devenir un homme comme nous, pour nous sauver.

Mais en plus des déclarations directes qui affirment la divinité de Jésus, il y a aussi des prophéties dans l’Ancien Testament qui, mises ensemble avec leur accomplissement dans le Nouveau Testament, enseignent clairement que Jésus est Dieu.

En Ésaïe 40.3, nous avons cette prophétie messianique : « Une voix crie : Préparez au désert le chemin de l’Éternel, aplanissez dans les lieux arides une route pour notre Dieu. » Notons ici que la voix crie qu’il faut aplanir le chemin devant l’Éternel. L’accomplissement de cette prophétie se trouve en Matthieu 3.3, où il nous est dit que la voix qui devait crier ces choses était celle de Jean-Baptiste. Or, de qui Jean-Baptiste a-t-il préparé le chemin ? De Jésus-Christ.

Regardons la prophétie de Malachie 3.1 : « Mon messager préparera le chemin devant moi, dit l’Éternel. » Ce messager est venu, et il a préparé le chemin devant… Jésus-Christ.

Zacharie 11.13 attribue ces paroles à l’Éternel : « Jette-le au potier, ce prix magnifique auquel ils m’ont estimé ! » Zacharie continue : « Et je pris les trente sicles d’argent, et je les jetai dans la maison de l’Éternel pour le potier. » Ici l’Éternel s’identifie fermement avec celui qui sera trahi et vendu au prix de 30 pièces d’argent, cet argent qui a servi finalement à acheter le champ du potier selon Matthieu 27.8-10. Celui qui a été vendu pour 30 pièces d’argent, c’était Jésus-Christ. Cette prophétie ne se comprend pas si le Messie n’était pas Dieu sur la terre.

Jésus n’est pas le Père

Voici maintenant de quoi compliquer les choses un peu : la même Bible qui dit que Jésus est Dieu enseigne aussi clairement que Jésus est distinct de Dieu le Père. Jésus est Dieu ; le Père est Dieu ; mais Jésus n’est pas le Père. Il n’est pas vrai, comme certains le pensent, que « Père » n’est que l’un des titres de Jésus, un rôle qu’il joue ou une mode dans laquelle il se manifeste aux hommes. Le Père et le Fils sont deux personnages distincts, et il y a des rapports personnels entre eux. Considérez les passages suivants :

« Le Père ne juge personne, mais il a remis tout jugement au Fils… Je ne puis rien faire de moi-même : selon que j’entends, je juge ; et mon jugement est juste, parce que je ne cherche pas ma volonté, mais la volonté de celui qui m’a envoyé. » (Jean 5.22,30)

« Je suis venu au nom de mon Père, et vous ne me recevez pas ; si un autre vient en son propre nom, vous le recevez. » (Jean 5.43)

« Jésus leur répondit : Ma doctrine n’est pas de moi, mais de celui qui m’a envoyé. Si quelqu’un veut faire sa volonté, il connaîtra si ma doctrine est de Dieu, ou si je parle de mon chef. Celui qui parle de son chef cherche sa propre gloire ; mais celui qui cherche la gloire de celui qui l’a envoyé, celui-là est vrai, et il n’y a point d’injustice en lui. » (Jean 7.16-18)

« Jésus répondit : Si je me glorifie moi-même, ma gloire n’est rien. C’est mon Père qui me glorifie, lui que vous dites être votre Dieu. » (Jean 8.54)

« Père, je veux que là où je suis ceux que tu m’as donnés soient aussi avec moi, afin qu’ils voient ma gloire, la gloire que tu m’as donnée, parce que tu m’as aimé avant la fondation du monde. » (Jean 17.24).

Évidemment, aucun de ces passages n’aurait le moindre sens si Jésus et le Père céleste étaient la même personne.

Nous comprendrons plus facilement certains passages de l’Écriture si nous reconnaissons que le mot « Dieu » se réfère souvent au Père seul. En Jean 16.27,28, par exemple, les deux termes sont employés de façon interchangeable. « Vous avez cru que je suis sorti de Dieu. Je suis sorti du Père, et je suis venu dans le monde ; maintenant, je quitte le monde, et je vais au Père. » En d’autres passages, le mot « Dieu » signifie la divinité de façon un peu plus générale et renferme à la fois le Père et le Fils. En 2 Jean 9, l’apôtre écrit : « Quiconque va plus loin et ne demeure pas dans la doctrine de Christ n’a point Dieu ; celui qui demeure dans cette doctrine a le Père et le Fils. »

Nous avons déjà parlé du fait que les chrétiens croient en un seul Dieu, mais que sa nature est plus complexe que la conception musulmane de Dieu. Il est unique, mais ce Dieu unique existe éternellement en trois personnes. Vous et moi, nous sommes des êtres complexes. Chacun de nous a un corps physique, mais aussi une âme, et un esprit. Une personne ayant un corps et un esprit n’est pas deux personnes différentes ; ce sont deux éléments distincts qui font partie de son être. L’homme n’est pas aussi simple qu’il ne paraît ; il est complexe sur le plan physique, son corps ayant plusieurs membres. Il est complexe sur le plan spirituel, son esprit et son âme étant difficiles à définir et impossibles à mesurer. Notre intelligence a du mal à comprendre tout ce qui concerne l’être humain. Nous ne devons pas nous étonner de ce que le Dieu infini soit plus complexe que nous, plus difficile à saisir. Ayons donc de l’humilité quand nous parlons de lui.

Ce que nous avons dit ici ne signifie pas du tout qu’il existe trois dieux alors que nous avions pensé qu’il n’en existait qu’un seul. Pas du tout ! Nous apprenons que le seul Dieu est plus complexe que ce que nous pourrions imaginer. Si nous avons du mal à saisir pleinement ce qu’il a révélé de lui-même, ne soyons pas surpris. Il est tellement grand, et nous sommes tellement petits ; ayons donc de l’humilité pour accepter que ce qu’il a révélé est vrai, tout en faisant assez d’efforts pour mieux comprendre.

Le danger de vouloir limiter Dieu

L’Islam se donne la noble ambition de toujours défendre l’honneur de Dieu. Peut-on trouver une plus grande proclamation de la grandeur de Dieu que celle que nous trouvons dans la Sourate 2 du Coran – Al-Baqarah, aya 255 :

« Allah ! Point de divinité à part lui, le Vivant, Celui qui subsiste par Lui-même. Ni somnolence ni sommeil ne Le saisissent. À lui appartient tout ce qui est dans les cieux et sur la terre. Qui peut intercéder auprès de lui sans Sa permission ? Il connaît leur passé et leur futur. Et, de Sa science, (eux) ils n’embrassent que ce qu’Il veut. Son Trône déborde les cieux et la terre, dont la garde ne Lui coûte aucune peine. Et il est le Très Haut, le Très Grand. »

Nous, les chrétiens, nous sommes tout à fait d’accord avec cette conception élevée du Dieu tout-puissant. Il est infiniment plus grand que tout ce que nous pouvons concevoir.

Malheureusement, en voulant défendre l’honneur et proclamer la gloire et la majesté de Dieu, il arrive aux hommes de limiter Dieu en quelque sorte. D’un côté on rejette ce que Dieu lui-même a révélé à son propre sujet. De l’autre côté, on dit présomptueusement des choses au sujet de Dieu que nous ne pouvons pas savoir. Lui seul peut nous faire savoir sa vraie nature.

« Dieu ne pourrait pas devenir un homme »

Nous savons tous que Dieu est puissant, majestueux et glorieux, au-delà de ce que nous pouvons imaginer. Il est totalement saint, juste et pur. Son autorité royale est absolue, et sa connaissance est parfaite. Quand on essaie de tenir compte de toute sa grandeur, on peut trouver qu’il serait déraisonnable, impensable qu’il se dépouille et s’humilie afin de prendre la forme d’un homme mortel et méprisable, afin de vivre parmi des pécheurs, afin même de souffrir pour eux. Il ne convient pas à l’Être suprême de mettre de côté sa dignité, et de s’humilier ainsi. Mais ce n’est pas tout. Selon ce que disent les chrétiens, Dieu aurait permis à des hommes méchants de le maltraiter, injustement, bien sûr. Ils l’auraient torturé et finalement tué. On se dit que ce n’est tout simplement pas possible.

Mais nous croyons que puisque Dieu est totalement libre, souverain et tout-puissant, il peut faire tout ce qu’il veut faire. La seule chose qui soit impossible à Dieu serait de pécher. La Bible dit, par exemple, qu’il est impossible que Dieu mente (Tite 1.2; Hébreux 6.18). Il serait contraire à la nature du Dieu de vérité de pratiquer le mensonge. C’est le diable qui est « le père du mensonge » (Jean 8.44). Dieu reste fidèle à son propre caractère saint, juste et fidèle. « Si nous le renions, lui aussi nous reniera ; si nous sommes infidèles, il demeure fidèle, car il ne peut se renier lui-même » (2 Timothée 2.12,13). Que Dieu soit loué, car il ne pèche pas ; et il ne peut pas pécher, car il n’est pas dans sa nature de vouloir pécher.

Mais ce n’est pas un péché que d’être un homme. Pourquoi dire, alors, que Dieu ne pourrait pas devenir un homme, s’il choisissait faire ainsi ? Si Dieu le Fils devenait un être humain, il aurait à accepter les limites de l’existence dans un corps humain, mais il ne cesserait pas d’être Dieu. Selon la Sourate 27 – An-Naml, aya 8, lorsque Moïse s’approcha du buisson ardent dans le désert du Sinaï, « on l’appela, – béni soit Celui qui est dans le feu et Celui qui est tout autour, et gloire à Allah, Seigneur de l’univers. » Si Allah a daigné se manifester dans un feu, ne peut-il pas se manifester dans la forme d’un homme ; un être humain est quand même plus grand qu’un feu. Remarquez que le Coran précise, avec raison, que même si Allah était dans le feu du buisson ardent, il continuait d’être tout autour et le Seigneur de l’univers. Pareillement, si Dieu était dans le corps de Jésus, il était en même temps partout ailleurs et demeurait le Maître de l’univers. Même quand le corps de Jésus était dans la tombe, Dieu régnait encore et remplissait l’univers.

Ce qu’il faut comprendre, c’est que Dieu peut faire ce qu’il veut faire. La question n’est donc pas « Comment Dieu pourrait-il devenir un être humain ? », mais

« Pourquoi Dieu accepterait-il de devenir un être humain ? »

Bien plus, pourquoi Dieu accepterait-il de souffrir injustement et d’être mis à mort pour sauver l’humanité. On peut répondre par un seul mot : l’amour.

« Dieu prouve son amour envers nous, en ce que, lorsque nous étions encore des pécheurs, Christ est mort pour nous. » (Romains 5.8)

« Pour nous, nous l’aimons, parce qu’il nous a aimés le premier. » (1 Jean 4.19)

Si nous ne comprenons pas l’amour de Dieu, c’est peut-être parce que notre grand orgueil nous empêche de saisir l’amour divin qui, selon 1 Corinthiens 13.4,5, « est patient, plein de bonté, ne se vante point, ne s’enfle point d’orgueil… ne cherche point son intérêt. »

La nuit où Jésus fut arrêté, il était seul avec ses douze apôtres. Depuis trois ans il avait enseigné ses disciples et leur avait montré comment il faut renoncer à ses propres intérêts pour servir les autres. Mais voilà que, selon Luc 22.24-26, ses disciples n’avaient pas encore appris la leçon. Ce passage nous dit :

« Il s’éleva aussi parmi les apôtres une contestation : lequel d’entre eux devait être estimé le plus grand ? Jésus leur dit : Les rois des nations les maîtrisent, et ceux qui les dominent sont appelés bienfaiteurs. Qu’il n’en soit pas de même pour vous. Mais que le plus grand parmi vous soit comme le plus petit, et celui qui gouverne comme celui qui sert. »

Puis Jésus a posé un acte par lequel il a une fois de plus enseigné à ses disciples cette leçon importante. En Jean 13.1-5 nous lisons :

« Avant la fête de Pâque, Jésus, sachant que son heure était venue de passer de ce monde au Père, et ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, mit le comble à son amour pour eux. Pendant le souper… Jésus, qui savait que le Père avait remis toutes choses entre ses mains, qu’il était venu de Dieu, et qu’il s’en allait à Dieu, se leva de table, ôta ses vêtements, et prit un linge, dont il se ceignit. Ensuite il versa de l’eau dans un bassin, et il se mit à laver les pieds des disciples, et à les essuyer avec le linge dont il était ceint. »

Laver les pieds des autres était une marque d’hospitalité et d’amour, mais c’était une tâche très humble, accomplie généralement par la personne la moins importante, celle dont le rang était le plus bas. Parmi les disciples de Jésus qui étaient présents cette nuit-là, aucun n’avait pensé rendre cet humble service à ses camarades. Mais Jésus lui-même, le Maître, s’est abaissé afin de le faire pour ses élèves. La lecture en Jean 13 se poursuit ainsi :

« Il vint donc à Simon Pierre ; et Pierre lui dit : Toi, Seigneur, tu me laves les pieds ! Jésus lui répondit : Si je ne te lave, tu n’auras point de part avec moi. Simon Pierre lui dit : Seigneur, non seulement les pieds, mais encore les mains et la tête. Jésus lui dit : Celui qui est lavé n’a besoin que de laver ses pieds pour être entièrement pur ; et vous êtes purs, mais non pas tous. Car il connaissait celui qui le livrait ; c’est pourquoi il dit : Vous n’êtes pas tous purs. »

Nous pouvons bien comprendre la réaction de Pierre. Il ne semblait pas normal pour le Seigneur de faire pour ses disciples ce qui était la tâche d’un esclave. Jean-Baptiste avait dit qu’il n’était pas digne même d’être l’esclave de Jésus, pas digne de délier la courroie de ses sandales pour laver ses pieds. S’il n’était pas digne de servir Jésus, à plus forte raison il n’était pas digne de se faire servir par Jésus. C’est le sentiment de Pierre, aussi. Pour lui, comme pour les hommes de nos jours, un grand personnage, un homme très important ne devait pas avoir à faire des tâches humbles. Ce sont les autres qui devraient servir une telle personne. Cela fait partie des droits liés à sa position. Combien plus ce serait vrai si on parlait de Dieu.

Les premiers versets du chapitre nous ont rappelé que Jésus était bien conscient de sa position en tant que Fils de Dieu. Il savait qu’il devait être bientôt glorifié, qu’il était venu de Dieu le Père et qu’il retournait vers Dieu le Père qui avait tout remis entre ses mains. Mais il ne s’accrochait pas à ses droits. Comme Philippiens 2.7,8 nous dit : « Il s’est dépouillé lui-même, en prenant une forme de serviteur, en devenant semblable aux hommes ; et ayant paru comme un simple homme, il s’est humilié lui-même, se rendant obéissant jusqu’à la mort, même la mort de la croix. » Pour Jésus, il n’y avait pas de conflit entre la grandeur et le service aux autres. Il dit en Marc 10.45 : « Le Fils de l’homme est venu, non pour être servi, mais pour servir et donner sa vie comme la rançon de plusieurs. »

Quand Pierre a voulu refuser d’avoir les pieds lavés par Jésus, le Seigneur lui a dit : « Si je ne te lave, tu n’auras point de part avec moi » (Jean 13.8). Ensuite il a parlé, non pas d’avoir les pieds propres, mais de l’idée d’être entièrement pur. En effet, ce ne sont pas les pieds de Pierre qu’il a en vue, mais son âme. Jésus lave ses disciples et les rend purs par son sang, par sa mort sur la croix. Laver les pieds de ses disciples pouvait sembler un service trop humiliant pour être accepté, mais être arrêté, insulté, battu et cloué sur une croix serait cent fois plus humiliant. Pourtant Jésus était prêt à subir tout cela, et celui qui ne peut pas accepter que Jésus souffre ainsi pour lui ne pourra jamais être purifié de ses péchés. Il n’y a pas d’autre solution. Si Pierre ne peut pas accepter que Jésus lui lave les pieds, comment acceptera-t-il que Jésus meure pour lui ? Il faut nous laisser servir, il faut nous laisser sauver par Jésus, qui est Dieu le Fils.

Un enseignement fondamental du christianisme, c’est que la plus grande action qu’une personne peut faire, c’est de servir, au point même de mourir pour les autres. Ce désintéressement, cette humilité, cet amour plein d’abnégation est au cœur de Dieu. Dieu est tellement grand qu’il s’est humilié pour se rendre serviteur. Le Créateur de l’univers a montré sa grandeur dans l’humilité, le service et l’amour.

Conclusion

Nous l’avons déjà dit : en voulant défendre l’honneur et proclamer la gloire et la majesté de Dieu, il arrive aux hommes de limiter Dieu en quelque sorte. Lui seul peut nous faire savoir sa vraie nature.

C’est à lui de nous dire si son unité est simple ou complexe. Nous ne devons pas nous étonner de ce que le Dieu infini soit plus complexe que nous, plus difficile à saisir. Ayons donc de l’humilité quand nous parlons de lui.

Nous devons aussi faire très attention avant de proclamer ce que Dieu ne peut pas être ou ne peut pas faire. Sommes-nous, avec notre intelligence et connaissance limitées, capables d’être les juges de ce que le Tout-Puissant peut faire ? Qui sommes-nous pour dire que Dieu ne peut pas, s’il le veut, prendre la forme d’un homme ? Est-ce qu’on ne pourrait pas se rendre ainsi coupable d’un blasphème ? Dieu est libre de se révéler tel qu’il est, au-delà de ce que l’homme comprend ou s’imagine. Comme dit le Coran : Allah « connaît leur passé et leur futur. Et, de Sa science, (eux) ils n’embrassent que ce qu’Il veut. »


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