« Il firent nommer des anciens dans chaque Église »

Une étude du travail des anciens

Quand on cherche à savoir quelle sorte d’homme peut servir l’Église comme ancien, on a recours à deux passages qui répondent directement à la plupart de nos questions : 1 Timothée 3.1-7 et Tite 1.5-9. Certes, il y a des termes employés dans ces passages qu’il faut se donner la peine d’étudier afin de comprendre correctement la volonté de Dieu dans ce domaine, mais ces passages représentent le point de départ logique pour déterminer les qualifications des anciens. Mais si nous voulons savoir quelle est l’activité des anciens au sein de l’Église, le rôle qu’ils sont censés jouer, nous ne trouvons pas de texte biblique qui traite explicitement de leur travail. Cela ne signifie pas que la Bible est silencieuse à ce sujet. Le rôle des anciens se révèle assez clairement quand nous étudions : 1) le sens des termes employés pour les désigner ; 2) les qualifications qu’ils doivent posséder ; et 3) les exhortations qui les concernent.

Le sens des termes employés pour désigner les anciens

Il est important de reconnaître que le Nouveau Testament emploie trois termes de façon interchangeable pour parler des mêmes personnes : anciens, évêques, et pasteurs. Les mots ne sont pas des synonymes – chacun fait ressortir des aspects différents de la personne et du travail de l’ancien ; mais les trois termes se réfèrent aux mêmes hommes dans l’Église.

Nous voyons des idées associées à tous les trois termes en Actes 20. Au verset 17 Luc nous informe que « de Milet Paul envoya chercher à Éphèse les anciens de l’Église. Lorsqu’ils furent arrivés vers lui, il leur dit… ». Au verset 28, Paul parle toujours à ce même groupe, les anciens de l’Église d’Éphèse. Il leur dit : « Prenez donc garde à vous-mêmes et à tout le troupeau sur lequel le Saint-Esprit vous a établis évêques, pour paître l’Église du Seigneur, qu’il s’est acquise par son propre sang. » Paul s’adresse donc aux anciens, il leur rappelle qu’ils ont été établis évêques, et il les exhorte à faire le travail de pasteurs (bergers) en prenant soin du troupeau (l’Église) et en le faisant paître.

En Tite 1.5-7, Paul emploie de façon interchangeable les mots « ancien » et « évêque » : « Je t’ai laissé en Crète afin que… selon mes instructions, tu établisses des anciens dans chaque ville, s’il s’y trouve quelque homme irréprochable… Car il faut que l’évêque soit irréprochable, comme économe de Dieu. »

En 1 Pierre 5.1,2,4, il est clair que Pierre associe l’ancien et le travail des pasteurs/bergers : « Voici les exhortations que j’adresse aux anciens qui sont parmi vous, moi ancien comme eux… : Paissez le troupeau de Dieu qui est sous votre garde… et lorsque le souverain pasteur paraîtra, vous obtiendrez la couronne incorruptible de la gloire. »

Chacun de ces termes peut donc nous éclairer en ce qui concerne le rôle de ces hommes.

Avant d’examiner ces mots individuellement, rappelons-nous que dans le Nouveau Testament on ne rencontre jamais « le pasteur », « l’ancien » ou « l’évêque » (au singulier) d’une assemblée locale. Le modèle est très clair : il était toujours question d’une pluralité d’hommes dans ce rôle de leadership.

Actes 14.23 : « Ils firent nommer des anciens dans chaque Église… »

Actes 20.17 : « Paul envoya chercher à Éphèse les anciens de l’Église. »

Philippiens 1.1 : « à tous les saints en Jésus-Christ qui sont à Philippes, aux évêques et aux diacres. »

Tite 1.5 : « que, selon mes instructions, tu établisses des anciens dans chaque ville… »

Jacques 5.14 : « Quelqu’un parmi vous est-il malade ? Qu’il appelle les anciens de l’Église, et que les anciens prient pour lui… »

La Bible n’explique pas pourquoi les apôtres auraient conduit les Églises à toujours se doter d’un groupe d’hommes pour servir dans ce rôle au lieu de nommer un seul chef. Est-ce que c’était un moyen par lequel Dieu voulait diminuer le danger de l’orgueil ? Est-ce que la charge spirituelle d’une assemblée est trop lourde pour qu’un seul homme puisse la supporter ou s’en acquitter convenablement ? Est-ce que la tâche nécessite les efforts conjugués et la sagesse collective de plus d’une personne ? « Deux valent mieux qu’un, parce qu’ils retirent un bon salaire de leur travail. Car, s’ils tombent, l’un relève son compagnon ; mais malheur à celui qui est seul et qui tombe, sans avoir un second pour le relever… Et si quelqu’un est plus fort qu’un seul, les deux peuvent lui résister ; et la corde à trois fils ne se rompt pas facilement » (Ecclésiaste 4.9-12). Quelle qu’en soit la raison, le précédent est clair, et nous devons nous conformer au modèle : nous n’avons pas d’autorité biblique pour établir un seul ancien (pasteur, évêque) sur une assemblée locale ; soit on en établit un minimum de deux ou trois hommes, soit on attend.

Précisons, aussi, que chaque assemblée avait ses propres anciens, et que les devoirs de ces anciens se rapportaient à leurs assemblées respectives, leurs propres assemblées locales. Pierre dit en 1 Pierre 5.2 : « Faites paître le troupeau de Dieu qui est sous votre garde » (selon la version Colombe, « qui est avec vous »). Un berger ne peut prendre soin que du troupeau avec lequel il est. Au verset 3 Pierre leur dit de ne pas dominer sur « ceux qui vous sont échus en partage ». L’autorité d’un ancien ne s’étendait pas sur tous les chrétiens, mais seulement sur ceux qui lui étaient « échus en partage », c’est-à-dire, sur son Église locale. Dans le même verset, Pierre exhorte les anciens à être « les modèles du troupeau ». Une Église avait ainsi en son sein ceux qui lui servaient d’exemples ; ils étaient au milieu d’elle, là où leur vie quotidienne pouvait être constamment observée. Un évêque ne peut pas être un exemple direct et efficace pour une Église où il n’est pas continuellement en contact avec les membres. Établir un homme comme pasteur ou évêque ayant la surveillance de toutes les Églises locales dans un secteur donné serait violer le modèle donné dans le Nouveau Testament et tordre le sens des mots bibliques. Ceux que la Bible charge de surveiller l’Église ne peuvent exercer leur fonction que dans l’Église locale où ils sont eux-mêmes membres.

Passons donc au vif du sujet pour examiner le travail des anciens, en nous penchant premièrement sur les indices fournis par leurs appellations.

Ancien

Le mot grec traduit par ancien est le mot presbuteros, dont le premier sens est « un homme âgé ». Dans certains passages il est donc traduit par le mot « vieillard » (1 Timothée 5.1; Tite 2.2; etc.). C’est le contexte qui permet généralement de déterminer si le mot est employé simplement pour désigner des hommes relativement âgés, ou bien s’il s’agit de personnes chargées d’une responsabilité particulière au sein de l’Église. Par exemple, en 1 Timothée 5 et Tite 2, l’apôtre Paul donne des instructions concernant non seulement les presbuteroi, mais aussi les jeunes hommes, les femmes âgées et les jeunes femmes. Dans ce cas le mot est donc employé tout simplement pour préciser l’âge des hommes dont il parle. Par contre, en Actes 14.23 et en Tite 1.5, on parle d’« établir » des anciens dans chaque Église ou ville, ce qui n’aurait pas de sens si l’on se référait aux hommes âgés en général. Les vieillards sont des vieillards, qu’on les « établisse » ou pas. Ce n’est pas pour dire que l’âge n’a rien à voir dans l’identité des anciens établis dans l’Église. Ce mot évoque forcément l’idée de la maturité, et dans le sens d’âge chronologique et dans le sens spirituel. Les anciens sont des hommes relativement âgés, et des hommes mûrs et expérimentés dans la vie chrétienne.

Le mot « ancien » portait souvent une autre idée, en plus de celle de l’âge ; quand on l’employait pour désigner des hommes établis sur une communauté, le mot suggérait l’idée de l’autorité. Le mot « ancien » était, en effet, employé dans un tel sens déjà dans l’Ancien Testament et dans les Évangiles, avant donc l’établissement de l’Église du Seigneur. Les chefs de famille israélites sont mentionnés souvent dans les livres de Moïse, où ils sont appelés « anciens » (Ex. 3.16; 12.21; Deut. 27.1; etc.). On parle également des anciens de telle ou telle ville qui prenaient des décisions au nom de la ville et jouaient le rôle de juges ou de conseil municipal (Deut. 25.8; Jos. 20.4). Il faut noter aussi que les synagogues étaient généralement gouvernées par des conseils d’anciens, et que le sanhédrin, ou conseil supérieur des Juifs, était composé de sacrificateurs, de scribes et d’anciens du peuple. Nous ne voulons pas nous baser sur ces exemples pour définir le rôle des anciens dans l’Église ; nous les citons pour reconnaître simplement que les idées d’autorité et de leadership s’associaient certainement à ce terme.

Évêque

Le mot grec traduit par évêque vient du mot episcopeo, qui a pour sens primaire « regarder », mais qui, dans son usage habituel, portait l’idée de surveiller ou de regarder en vue de l’inspection ou du contrôle ; un episcopos pouvait donc être un surveillant ou un superviseur. Les mots « bishop » ou « évêque » ne correspondent pas au sens de l’original, et pour la plupart des lecteurs de nos jours ces deux mots portent un sens que le mot grec n’avait pas. Ce sont des mots d’un caractère surtout religieux qui évoquent souvent l’idée de soutanes, de cols renversés, de célibat, etc. Episcopos s’employait pour parler d’un chef de corvée, d’un superviseur d’ouvriers, ou d’un coordonnateur de chantres au temple juif. Il était employé pour parler de ceux qui devaient surveiller ou superviser d’autres personnes dans le but de les diriger dans leur travail et de s’assurer qu’ils accomplissaient avec fidélité les tâches qu’on leur attribuait. La meilleure traduction de ce mot en français serait donc probablement le mot « surveillant ».

En tant que surveillants, les anciens représentent l’Église quand elle agit comme un corps. Ils supervisent le culte pour que tout se fasse avec bienséance et ordre et pour l’édification. Ils dirigent le processus de la discipline. Ils veillent sur les différentes activités de l’Église.

Berger

Le mot poimen signifie simplement berger ; il est parfois traduit « pasteur », qui signifie la même chose. Il serait préférable d’employer le mot « berger », parce que le mot « pasteur » a si souvent été perverti par les dénominations pour parler de tout prédicateur et pour le distinguer des anciens. D’ailleurs, le sens primaire de « berger » est connu de tous, et la métaphore berger-ancien est parfaitement intelligible. (Une métaphore désigne un objet par un mot auquel il ne convient qu’en vertu d’une comparaison sous-entendue.) Par contre, beaucoup ne savent pas que le mot « pasteur » signifie berger.

Le berger était « gouverneur », guide, protecteur et compagnon d’un troupeau. Le berger littéral de l’époque dormait à côté de ses brebis, les défendait contre les animaux dangereux, les connaissait individuellement, et les appelait par leurs noms pour les conduire. Au lieu de donner des ordres, tel un général qui envoie mais n’accompagne pas ses soldats, le berger allait devant ses brebis et elles le suivaient (voir Jean 10.3,4). Il avait avec ses brebis une relation à la fois autoritaire et tendre. Il trouvait de la nourriture et de l’eau pour son troupeau et le ramenait la nuit à la bergerie (l’enclos). Il soignait les bêtes blessées, malades, ou faibles. Le terme « berger » était employé depuis des siècles en Israël pour parler de certains conducteurs religieux. Un bon berger faisait le contraire des « mauvais pasteurs » décrits en Ézéchiel 34.2-4 :

« Fils de l’homme, prophétise contre les pasteurs d’Israël ! Prophétise, et dis-leur, aux pasteurs : Ainsi parle le Seigneur, l’Éternel : Malheur aux pasteurs d’Israël, qui se paissaient eux-mêmes ! Les pasteurs ne devaient-ils pas paître le troupeau ? Vous avez mangé la graisse, vous vous êtes vêtus avec la laine, vous avez tué ce qui était gras, vous n’avez point fait paître les brebis. Vous n’avez pas fortifié celles qui étaient faibles, guéri celle qui était malade, pansé celle qui était blessée ; vous n’avez pas ramené celle qui s’égarait, cherché celle qui était perdue ; mais vous les avez dominées avec violence et avec dureté. »

Par contre, Jésus décrit la relation qui existait entre le bon berger et ses brebis. (Notez que les bergers d’un même village gardaient souvent leurs brebis dans un enclos commun.) :

« En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui n’entre pas par la porte dans la bergerie, mais qui y monte par ailleurs, est un voleur et un brigand. Mais celui qui entre par la porte est le berger des brebis. Le portier lui ouvre, et les brebis entendent sa voix ; il appelle par leur nom les brebis qui lui appartiennent, et il les conduit dehors. Lorsqu’il a fait sortir toutes ses propres brebis, il marche devant elles ; et les brebis le suivent, parce qu’elles connaissent sa voix. Elles ne suivront point un étranger ; mais elles fuiront loin de lui, parce qu’elles ne connaissent pas la voix des étrangers… Je suis le bon berger. Le bon berger donne sa vie pour ses brebis. Mais le mercenaire, qui n’est pas le berger, et à qui n’appartiennent pas les brebis, voit venir le loup, abandonne les brebis, et prend la fuite ; et le loup les ravit et les disperse. Le mercenaire s’enfuit, parce qu’il est mercenaire, et qu’il ne se met point en peine des brebis. Je suis le bon berger. Je connais mes brebis, et elles me connaissent. » (Jean 10.1-5,11-14)

Le terme rendu par « paître » englobe tout ce que le berger fait pour ses brebis et non seulement le fait de les nourrir. Il devait les guider d’un lieu à un autre pour qu’elles trouvent de la nourriture et de l’eau, les protéger du danger, et les empêcher de s’égarer. Remarquez l’exhortation de Paul en Actes 20.28-31 où il dit aux anciens de « prendre garde au troupeau » et de « veiller », compte tenu des loups cruels qui s’introduiraient parmi eux et n’épargneraient pas le troupeau.

Les bergers empêchent les brebis de s’égarer et cherchent à les ramener si elles se perdent. (Voir la parabole de Jésus en Luc 15.3-7.) Quand une brebis s’égare, le premier devoir du berger est de la chercher, un devoir qui semble s’imposer plus que les diverses obligations du moment envers les brebis « fidèles ». Il se peut qu’un membre tombe dans le péché et ne veuille pas s’en repentir. Il incomberait naturellement aux anciens de prendre l’initiative d’entamer la discipline. (« Frères, si un homme vient à être surpris en quelque faute, vous qui êtes spirituels, redressez-le avec un esprit de douceur » (Gal. 6.1; voir aussi 1 Cor. 5.1-13; 6.4,5; 2 Jean 9-11; etc.). S’il faut tant d’effort pour rechercher les brebis qui s’égarent, combien plus faut-il être vigilant pour éviter qu’elles s’éloignent et se perdent ? Il faut de la vigilance continuelle de la part de chaque ancien et des consultations fréquentes avec tout le groupe d’anciens. Comme le bon berger qui appelle ses brebis par leur nom, les anciens feraient bien de considérer régulièrement la liste de tous les membres de leur assemblée ; par leur inattention quelques-uns pourraient bien aller très loin du troupeau avant que quelqu’un ne s’en rende compte.

Les bergers sont censés protéger l’Église des ennemis, qu’ils viennent de l’intérieur ou de l’extérieur de l’Église. Ils doivent réagir promptement et avec sagesse et intégrité quand un groupe au sein de l’Église se sent négligé, méprisé ou victime de quelque manière que ce soit (Actes 6.1-6). Ils doivent exercer une bonne influence sur celui qui semble disposé à introduire de la division et le corriger si nécessaire. Les bergers doivent connaître tout homme qu’ils invitent ou permettent de s’adresser à l’Église et refuser ce privilège à tout étranger qui vient sans recommandation ou qu’ils savent être promoteur de division ou enseignant de fausse doctrine.

Le simple terme « berger » nous apprend donc beaucoup sur le travail des anciens. Il faut se rappeler, pourtant, qu’aucune comparaison (dans ce cas une métaphore) n’est valable à 100 %. Une comparaison s’appuie sur certaines ressemblances ; on considère deux choses qui se ressemblent sur certains points et non pas deux choses identiques sur tous les plans. On peut mentionner donc que les anciens travaillaient apparemment en équipe (nous avons déjà souligné qu’il s’agissait toujours d’une pluralité), alors que l’on conçoit généralement l’existence d’un berger comme étant assez solitaire. On peut aussi signaler que la perte d’une brebis est traitée comme étant entièrement la faute du berger, compte tenu de l’intelligence limitée des bêtes et de leur manque de moyens de se défendre ; quand il s’agit des membres d’une assemblée, par contre, ils sont responsables de leurs choix, et on ne pourrait pas accuser les anciens comme étant les seuls coupables en cas d’infidélité.

Les qualifications que les anciens doivent posséder

Nous apprenons certaines choses sur le travail des anciens quand nous considérons les qualifications qu’ils doivent posséder. Si, pour accéder à tel ou tel poste dans une société, il est exigé d’avoir une certaine taille, de jouir d’une bonne santé et de démontrer une force considérable, on peut supposer que la personne embauchée ne passera pas ses journées assise derrière un bureau. Les qualités requises nous suggèrent que cet employé sera engagé dans des activités physiques que n’importe qui ne serait pas forcément en mesure d’accomplir. Un comptable peut ne pas avoir de bonnes aptitudes sociales et pourtant faire un très bon travail de comptable, pourvu qu’il soit fort en maths, qu’il soit attentif aux détails et qu’il soit intègre. Un mécanicien, pour bien faire son travail, doit comprendre le fonctionnement des moteurs et savoir bien manipuler les outils du métier. Il peut être un mauvais mari et un père irresponsable et pourtant se montrer capable de réparer n’importe quelle panne de voiture. De même, nous avons droit de supposer que les qualités que la parole de Dieu exige des anciens se rapportent au rôle qu’ils sont appelés à jouer.

En ce qui concerne les qualifications d’un ancien, nous voyons un accent particulier sur son caractère et sa façon d’agir avec les autres. Il doit être « mari d’une seule femme, sobre, modéré, réglé dans sa conduite, hospitalier, propre à l’enseignement. Il faut qu’il ne soit ni adonné au vin, ni violent, mais indulgent, pacifique, désintéressé. Il faut qu’il dirige bien sa propre maison, et qu’il tienne ses enfants dans la soumission et dans une parfaite honnêteté ; car si quelqu’un ne sait pas diriger sa propre maison, comment prendra-t-il soin de l’Église de Dieu ? » (1 Timothée 3.2-5). Puisque l’ancien sert de modèle, il doit mener une vie que les autres chrétiens feraient bien d’imiter. Il doit se montrer digne de leur respect pour qu’ils le suivent volontiers. Il semble évident que l’ancien doit savoir travailler avec les hommes – il doit les aider à surmonter leurs faiblesses et grandir spirituellement ; il doit savoir conserver l’entente et l’unité dans le groupe ; il doit avoir la sagesse pour savoir quand il faut plus de rigueur ou plus de patience. Le travail d’un ancien ne se fait pas dans l’isolement d’un bureau ou d’un monastère – il se fait parmi les membres de l’Église.

Les anciens devraient exercer une mesure d’autorité et jouir de respect, d’où la nécessité de prendre soin de ne pas devenir orgueilleux. « Il ne faut pas qu’il soit un nouveau converti, de peur qu’enflé d’orgueil il ne tombe sous le jugement du diable » (1 Timothée 3.6).

L’ancien doit être un homme d’expérience, dans l’Église et aussi dans son foyer. Voilà les deux « écoles de formation » du pasteur. Il apprend beaucoup en élevant une famille, en exerçant l’autorité avec amour dans son foyer. Il y a donc certaines ressemblances entre le rôle d’un mari et père de famille et un ancien dans l’Église. Il apprend beaucoup en travaillant au sein de l’assemblée avant d’être ancien. Il apprend beaucoup sur le potentiel et les faiblesses des hommes en général, et de ses frères et sœurs dans l’assemblée en particulier. Son travail consiste moins à créer des programmes et des structures d’organisation tels qu’on les trouve dans une grande société ou un gouvernement, et plus à travailler avec des hommes et des femmes de tous les âges dans leurs luttes spirituelles et morales. Pour cela il lui faut de l’expérience.

Les anciens représentent l’Église aux yeux du monde. Voilà une raison pour laquelle 1 Timothée 3.7 dit : « Il faut aussi qu’il reçoive un bon témoignage de ceux du dehors, afin de ne pas tomber dans l’opprobre et dans les pièges du diable. » Les non-chrétiens peuvent rejeter nos croyances, mais ils respectent généralement un homme d’intégrité, de conviction, de courage et de compassion. Ils sont aussi souvent capables de reconnaître l’hypocrite. Un homme peut sembler bien saint quand il est dans une réunion de prière, mais si les non-chrétiens le voient comme méchant et injuste envers ses employés, coupable d’adultère et d’ivrognerie, et amoureux de l’argent, ils n’auront de respect ni pour lui ni pour l’Église qu’il est censé conduire. Ce sera certainement un obstacle à l’évangélisation.

L’ancien doit être « propre à l’enseignement » (1 Tim. 3.2), « attaché à la vraie parole telle qu’elle a été enseignée, afin d’être capable d’exhorter selon la saine doctrine et de réfuter les contradicteurs » (Tite 1.9). Le rôle des anciens comporte donc l’enseignement, l’exhortation et la défense de la bonne doctrine. Ils ne doivent pas simplement déléguer ce travail à un « professionnel ». De nombreux collèges d’anciens ont abdiqué leur rôle d’enseignant et laissé le soin au « prédicateur ». Ils deviennent ainsi moins assidus dans l’étude de la parole, et les membres se rendent compte qu’ils auront des réponses plus sûres à leurs questions s’ils s’adressent au prédicateur ; ils lui font plus confiance. Les anciens, étant vus comme moins experts en ce qui concerne la Bible, n’ont parfois ni la connaissance, ni la réputation, ni la confiance pour réfuter un prédicateur qui se détourne de la bonne doctrine. Ils doivent, au contraire, enseigner personnellement et veiller sur l’enseignement dispensé par les autres dans l’assemblée.

Les exhortations/enseignements qui les concernent

Enfin, le travail des anciens s’éclaircit davantage quand nous examinons les paroles qui s’adressent aux anciens et celles qui s’adressent aux membres à leur sujet.

L’exhortation de Paul aux anciens d’Éphèse en Actes 20, surtout les versets 28-35, contient plusieurs détails utiles :

« Prenez donc garde à vous-mêmes… » – Puisque les anciens fournissent à l’Église un modèle à imiter, ils doivent faire très attention à leur propre vie spirituelle et morale. Ils doivent prendre garde à eux-mêmes.

« Prenez donc garde à… tout le troupeau sur lequel le Saint-Esprit vous a établis évêques. » – Les anciens doivent faire preuve de vigilance en ce qui concerne l’état de leur assemblée. Comme nous l’avons dit plus haut, un « évêque » devait surveiller ou superviser d’autres personnes dans le but de les diriger dans leur travail et de s’assurer qu’ils accomplissaient avec fidélité les tâches qu’on leur attribuait. Cette responsabilité leur est donnée par Dieu. « Le Saint-Esprit les a établis évêques (Ac. 20.28). Lorsque des hommes sont choisis pour être anciens, selon les instructions données dans la Parole de Dieu inspirée par l’Esprit, ils sont divinement désignés pour cette œuvre » (Coy Roper, Vérité pour aujourd’hui, Vol. 7, No. 3, p. 14). Il ne faut donc pas qu’ils négligent leur devoir quand l’assemblée est défaillante ou menacée.

« Pour paître l’Église du Seigneur » – Le verbe « paître » est souvent compris dans le sens de nourrir, mais ce sens est plutôt limité, puisque le mot désigne tout ce que le berger fait pour ses brebis, et en général, le berger conduisait le troupeau là où les brebis pouvaient se nourrir convenablement ; il leur apportait rarement de quoi manger. Ainsi, plusieurs traductions mettent simplement « prenez soin de l’Église », ou comme dans la version NIV (anglais), « soyez des bergers de l’Église ». Nous avons déjà vu les différentes tâches qui faisaient partie du travail du berger.

« Veillez, donc » – Le « donc » se réfère au danger de « loups cruels » dont Paul parle au verset 29 et aux hommes parmi les anciens qui se lèveraient pour enseigner des choses pernicieuses et entraîner les disciples après eux. Ce sont de grands dangers pour l’Église, car si elle se détourne de la vérité, tout est perdu. Les anciens doivent tout faire pour que les chrétiens connaissent la vérité et y restent attachés.

« Je n’ai désiré ni l’argent, ni l’or, ni les vêtements de personne… Je vous ai montré de toutes manières que c’est en travaillant qu’il faut soutenir les faibles. » – En se donnant comme exemple à suivre, Paul enseigne aux anciens qu’ils doivent servir les autres, donner sans chercher leur propre intérêt, et aider les faibles.

L’apôtre Pierre, lui aussi, exhorta les anciens dans sa première épître (1 Pierre 5.1-4) :

« Paissez le troupeau » – voir plus haut.

« Non par contrainte, mais volontairement, selon Dieu ; non pour un gain sordide, mais avec dévouement » – La charge d’un ancien est très lourde – il doit l’assumer de bon cœur, parce qu’il aime Dieu et qu’il aime son peuple. L’amour de l’argent n’est pas une motivation noble pour l’œuvre de Dieu, et ce n’est généralement pas une motivation suffisamment forte pour amener l’ancien à bien faire son travail. Jésus a bien parlé du « mercenaire » (celui qui fait son travail pour un salaire) : « Le mercenaire, qui n’est pas le berger, et à qui n’appartiennent pas les brebis, voit venir le loup, abandonne les brebis, et prend la fuite ; et le loup les ravit et les disperse. Le mercenaire s’enfuit, parce qu’il est mercenaire, et qu’il ne se met point en peine de brebis » (Jean 10.12,13). Il est vrai que le troupeau (l’Église) n’appartient pas aux anciens, mais au Seigneur ; néanmoins, ils doivent avoir un amour sincère pour les chrétiens, malgré leurs faiblesses, parfois leur folie, malgré les déceptions, la fatigue, les dépenses et parfois le danger qu’il faut accepter pour bien faire le travail d’un ancien.

« Non comme dominant sur ceux qui vous sont échus en partage » – Les anciens sont des conducteurs-serviteurs. Ils ne cherchent pas à se faire servir ou à imposer égoïstement leur volonté sur les autres. Jésus avait bien enseigné ses apôtres : « Vous savez que ceux qu’on regarde comme les chefs des nations les tyrannisent, et que les grands les dominent. Il n’en est pas de même au milieu de vous. Mais quiconque veut être grand parmi vous, qu’il soit votre serviteur » (Marc 10.42,43).

« Mais en étant les modèles du troupeau » – Comme nous l’avons bien vu en parlant des qualifications des anciens, ils doivent être des modèles pour les chrétiens, des modèles en ce qui concerne la moralité et le dévouement au Christ, la vie familiale, l’enseignement, le service, l’humilité, etc. C’est tellement plus qu’un poste à occuper, une position d’autorité dans une organisation.

En Hébreux 13.7,17 nous avons une exhortation qui parle des « conducteurs » mais qui s’adressent aux autres membres de l’Église. « Le texte grec n’emploie ici aucun des termes habituels pour les anciens. Il semble évident pourtant (aucune autre personne n’étant désignée pour diriger une Église locale) que le mot “conducteurs” se réfère aux anciens » (Coy Roper). Le même mot grec est traduit « gouverneur » en Actes 7.10, où il se réfère à Joseph, que Pharaon « établit gouverneur d’Égypte et de toute sa maison ». Il est donc évident que les conducteurs en question ne conduisaient pas uniquement par leur exemple ; ils détenaient une certaine autorité. En plus, au verset 17, il est dit aux membres de leur « obéir ». Néanmoins, l’exemple est primordial. L’ancien doit laisser un bon exemple pour que les autres puissent dire à son sujet : « Souvenons-nous de lui et imitons sa foi » (v. 7).

« Ils veillent sur vos âmes comme devant en rendre compte. » – Ici nous voyons que le devoir des anciens ne se limite pas au fait de veiller sur l’Église de façon collective ; s’ils veillent sur nos âmes, c’est qu’ils s’intéressent à nous individuellement en vue de notre salut. Nous avons déjà évoqué la parabole de Jésus en Luc 15.3-7 où le berger laisse 99 brebis afin d’aller chercher une seule qui était perdue. La même attitude s’applique au berger spirituel : il évite que son troupeau soit dispersé, mais il s’occupe aussi des besoins de chaque brebis.

1 Timothée 5.17 contient une autre exhortation qui ne s’adresse pas aux anciens mais qui les concerne : « Que les anciens qui dirigent bien soient jugés dignes d’un double honneur, surtout ceux qui travaillent à la prédication et à l’enseignement. »

Le mot diriger, ou « gouverner » dans la version Crampon, est rendu « régner » en d’autres contextes. Que veut dire « diriger bien » ? Il s’agit évidemment de se donner avec zèle à ses fonctions d’ancien, d’y consacrer beaucoup de temps, de prière et d’effort. Voilà pourquoi un double honneur, c’est-à-dire, une aide matérielle (voir le verset suivant) serait à propos.

Quand Paul dit « surtout ceux qui travaillent à la prédication et à l’enseignement », il ne veut apparemment pas dire que certains anciens ne prêchaient pas ou n’enseignaient pas, puisque nous avons vu parmi les qualifications pour être ancien qu’il doit être « propre à l’enseignement » (1 Tim. 3.2) et « capable d’exhorter selon la saine doctrine » (Tite 1.9). Si tous les anciens devaient être capables d’enseigner, on peut supposer que tout ancien est parfois appelé à enseigner. Cependant, certains se consacrent particulièrement à cet aspect de l’œuvre ; s’il est question de soutenir financièrement des anciens, ceux qui se donnent avec zèle et efficacité à l’enseignement seraient les premiers à en bénéficier.

Éphésiens 4.11-15 se réfère à plusieurs rôles dans l’Église.

« Et il a donné les uns comme apôtres, les autres comme prophètes, les autres comme évangélistes, les autres comme pasteurs et docteurs, pour le perfectionnement des saints en vue du ministère et de l’édification du corps de Christ, jusqu’à ce que nous soyons tous parvenus à l’unité de la foi et de la connaissance du Fils de Dieu, à l’état d’homme fait, à la mesure de la stature parfaite de Christ, afin que nous ne soyons plus des enfants, flottants et emportés à tout vent de doctrine, par la tromperie des hommes, par leur ruse dans les moyens de séduction, mais que, professant la vérité dans la charité, nous croissions à tous égards en celui qui est le chef, Christ. »

Les anciens figurent parmi ceux que le Seigneur a donnés à son Église pour le perfectionnement des chrétiens. Évidemment ils n’étaient pas censés faire tout le travail de l’Église. Ils ne devaient pas être les seuls à connaître la parole. Les conducteurs de l’Église devaient plutôt perfectionner ou former tous les membres pour que ces derniers soient capables de servir, pour qu’ils soient mûrs en connaissance et en caractère, et enracinés dans la vraie doctrine.

Certains ont noté qu’au verset 11, les termes « pasteurs » et « docteurs » partagent un article défini en grec. Paul ne dit pas « les autres comme pasteurs et les autres comme docteurs » ; il dit « les autres comme pasteurs et docteurs ». Ces commentateurs suggèrent que les pasteurs étaient en même temps des docteurs, ou enseignants. Ils veillaient sur l’Église comme bergers et ils enseignaient l’Église.

Quand on tient compte du fait que les anciens sont non seulement des hommes qui enseignent, mais aussi des « surveillants » qui étaient censés, comme nous l’avons vu, superviser d’autres personnes dans le but de les diriger dans leur travail et de s’assurer qu’ils accomplissaient avec fidélité les tâches qu’on leur attribuait, on voit qu’il serait tout à fait normal qu’un ancien soit présent à la plupart des séances d’enseignement, que ce soit des cultes, des classes bibliques, des activités des jeunes, des cellules de prière, des conférences, etc. Non seulement ils ne laissent pas au prédicateur le soin de faire tous les sermons ou dispenser tous les enseignements, mais ils lui indiquent parfois ce qu’il y a lieu d’enseigner dans l’assemblée.

Jacques 5.14-16 dit : « Quelqu’un est-il malade ? Qu’il appelle les anciens de l’Église, et que les anciens prient pour lui, en l’oignant d’huile au nom du Seigneur ; la prière de la foi sauvera le malade, et le Seigneur le relèvera ; et s’il a commis des péchés, il lui sera pardonné. Confessez donc vos péchés les uns aux autres, et priez les uns pour les autres, afin que vous soyez guéris. La prière fervente du juste a une grande efficace. » Sans nous plonger dans les questions de l’onction d’huile et des dons miraculeux (À quoi servait l’huile ? Les anciens en question détenaient-ils un don de guérison ? etc.), soulignons simplement que beaucoup de fidèles semblent ignorer l’exhortation de ce passage de faire appel aux anciens pour des prières quand des problèmes tels que la maladie se présentent, car ils souhaitent forcément que « le prédicateur » vienne prier pour eux. Certes, le prédicateur ou tout autre frère fidèle peut assister les autres dans la prière, car le passage poursuit en disant de « priez les uns pour les autres », mais quand il est question de préciser certaines personnes, ce sont les anciens et non le prédicateur qui sont indiqués dans le texte. Une telle relation de confiance et de respect devait exister entre les anciens et leur « troupeau » que les membres se tournent naturellement vers eux quand ils ont besoin d’assistance, surtout de caractère spirituel.

En Actes 11.29,30, nous voyons la réaction de l’Église d’Antioche quand elle apprit la nouvelle qu’une grande famine allait venir sur toute la terre. Elle pensa aux frères et sœurs de la Judée, une région économiquement précaire qui souffrirait plus que les autres en de pareilles circonstances. « Les disciples résolurent d’envoyer, chacun selon ses moyens un secours aux frères qui habitaient la Judée. Ils le firent parvenir aux anciens par les mains de Barnabas et de Saul. » Les anciens étaient les représentants et les responsables de l’Église. Même en matière de choses matérielles, il convenait de passer par eux pour qu’ils prennent les décisions nécessaires ou confient aux hommes de leur choix la gestion des biens en question.

Résumé

Essayons donc de résumer ce que nous avons appris du rôle des anciens en examinant le sens des termes employés pour les désigner, les qualifications qu’ils doivent posséder, et les exhortations bibliques qui les concernent.

Les anciens servent de modèle du caractère et de la vie des chrétiens. Il n’y a pas de grande distance entre les anciens et les autres membres de l’Église, ce qui permet aux chrétiens d’observer et imiter le bon comportement de leurs conducteurs.

Les anciens veillent sur leur assemblée et ses membres ; ils connaissent leurs situations spirituelles et leurs besoins. Ils font tout pour éviter que les chrétiens s’égarent loin du Seigneur, et si quelques-uns s’en éloignent, les anciens les recherchent et essaient de les ramener.

Les anciens doivent protéger l’Église contre les fausses doctrines et ceux qui sèment la division. Pour cela ils doivent connaître bien la saine doctrine et être capables de réfuter les faux docteurs. Ils doivent contrôler les personnes avant de les inviter à s’adresser à l’assemblée.

Les anciens doivent enseigner et superviser l’enseignement dispensé par d’autres.

Les anciens doivent prier pour et avec les membres de l’Église.

Les anciens doivent déterminer la direction de l’Église dans ses activités, son budget, ses projets, etc.

Les anciens doivent, tout comme les évangélistes et « docteurs » ou enseignants, équiper les membres pour servir et s’édifier ; ils doivent les amener à la maturité.

Les anciens sont ceux qui « dirigent ». C’est aux anciens de déterminer la direction de l’Église dans ses activités, ses priorités, son budget, tout. Certes, le chef de l’Église est le Seigneur lui-même, et les anciens n’ont pas droit d’imposer ou d’enseigner quoi que ce soit qui puisse être en conflit avec la parole de Dieu. (Il est bien d’ajouter que les membres doivent obéir et avoir du respect pour les anciens – Héb. 13.17; 1 Tim. 5.17,18; il ne faut pas « recevoir d’accusation » facilement contre un ancien, sans confirmation, reconnaissant que les conducteurs sont souvent accusés à tort. En même temps, les anciens doivent rester simples et humbles et se considérer comme étant des serviteurs et non des rois – Marc 10.35,45; Matt. 23.6-12).

On aura une idée plus claire du rôle des anciens si l’on essaie de définir les rôles de l’évangéliste et du diacre. Parfois on mélange ces rôles, attribuant à un évangéliste (prédicateur) les responsabilités et l’autorité qui reviennent aux anciens, ou en confondant le travail des anciens et des diacres.

Deux autres rôles dans l’Église

L’évangéliste

Comme son nom l’indique, le travail principal de l’évangéliste est de porter l’évangile à ceux qui ne lui ont pas encore obéi. Si l’évangéliste ne se donne pas particulièrement à cette activité, on se demande pourquoi on l’appellerait évangéliste.

Selon la situation particulière, l’évangéliste peut avoir la responsabilité d’affermir ceux qui se convertissent, leur enseigner la vie chrétienne, les regrouper en assemblées locales, leur montrer comment adorer selon le Nouveau Testament, et les amener à la maturité. C’est ce que nous voyons l’apôtre Paul et ses compagnons faire dans les Actes ; c’est ce qu’il recommande à Tite, qui travaillait parmi toutes les assemblées sur l’île de Crète (Tite 2.1-10; 3.1,2). Je dis « selon la situation » parce que là où il y a des anciens, il semble que ces derniers ont la première responsabilité dans ce domaine.

Tout comme les anciens, les évangélistes semblent avoir le devoir de mettre l’Église en garde contre la fausse doctrine (1 Tim. 1.3; 4.6; etc.). Paul indiquait que l’apostasie viendrait du milieu des anciens (Actes 20.30) ; ils ne sont pas infaillibles. Tout comme les anciens pourraient avoir besoin de réfuter ou corriger un prédicateur ou évangéliste qui plongent dans l’erreur (Tite 1.9,10), il pourrait arriver qu’un prédicateur/évangéliste ait besoin de recommander à certains anciens de « ne pas enseigner d’autres doctrines » (1 Tim. 1.3; 5.19,20). Si l’apôtre Paul eut à « résister » à l’apôtre Pierre quand ce dernier était en erreur, bien que Paul ne soit pas le supérieur de Pierre, il est bien possible qu’un évangéliste ait besoin de faire voir à un ancien son erreur.

Les évangélistes devaient former d’autres hommes pour qu’ils soient capables, eux aussi, d’évangéliser et enseigner (2 Tim. 2.2).

Les évangélistes devaient encourager et guider les assemblées dans l’établissement des anciens (Tite 1.5-9).

Parfois l’évangéliste ne voit pas la valeur de son vrai rôle dans l’œuvre du Seigneur, et il n’est pas « chaud » pour que l’assemblée ait des anciens. Si les anciens sont nommés, il essaie de les manipuler ou les diriger, parce qu’il veut contrôler l’Église. Certes, un évangéliste peut donner des conseils utiles, et les anciens font bien de l’écouter. Mais il n’est pas membre adjoint du collège des anciens.

L’évangéliste devrait reconnaître que l’établissement d’un groupe d’anciens qualifiés est un témoignage qu’il a fait du bon travail. Il devrait se réjouir de voir l’Église franchir une étape importante dans sa marche vers la maturité. Il devrait être content de pouvoir désormais consacrer plus de temps à son activité de pêcheur d’hommes.

S’il pense que son autorité et son intérêt personnel sont menacés, il n’a pas l’attitude qu’il faut. S’il pense que son honneur sera réduit, il doit prendre l’attitude de Jean-Baptiste en Jean 3.30.

Il est mieux qu’un évangéliste ne tombe pas dans le piège de parler de l’assemblée qu’il « dirige », même si elle n’a pas encore d’anciens. La Bible n’emploie pas ce mot, « diriger », pour le rôle d’un évangéliste. Ce mot peut s’appliquer aux anciens, mais pas à l’évangéliste. Malheureusement nous avons des évangélistes qui prennent comme modèles les « pasteurs » dans les dénominations, allant même parfois jusqu’à se laisser appeler « pasteur ». Au lieu de dire que je dirige l’assemblée, il me semble que l’évangéliste ferait mieux de dire :

  • Je travaille au sein de telle assemblée.
  • Je sers telle assemblée.
  • J’essaie d’amener telle assemblée à la maturité.
  • J’assiste telle assemblée dans son travail.

Après que l’assemblée établit ses anciens, l’évangéliste doit mettre le bon exemple et se comporter envers les anciens comme le reste de l’assemblée est appelée à faire, en leur accordant du respect et de l’obéissance et en priant pour eux. Ce n’est pas humiliant pour les autres membres de respecter et obéir aux anciens ; cela ne doit pas sembler humiliant pour l’évangéliste de faire de même. Normalement, les anciens apprécient tous les efforts et les sacrifices des évangélistes, et il y a un amour sincère entre eux comme coéquipiers dans le service de Dieu.

Diacres

Il n’y a pas autant de détails dans la Bible sur cette fonction comme sur la fonction des anciens. Le mot « diacre » signifie tout simplement serviteur.

Les sept hommes choisis par l’Église en Actes 6 ne sont pas désignés par Luc comme diacres, et les critères ne sont pas aussi spécifiques que ceux des diacres en 1 Timothée 3, mais il s’agit presque certainement d’un rôle parallèle. Un problème d’ordre matériel et organisationnel risquait de détourner les apôtres de leur tâche et leur priver du temps nécessaire pour le ministère de la parole et de la prière. Ils demandèrent donc qu’on choisisse des hommes pour s’occuper de ce besoin.

Beaucoup de choses dans l’Église peuvent être confiées aux diacres pour que les anciens ne soient pas noyés dans les détails dont d’autres chrétiens peuvent s’occuper :

  • nettoyage
  • sonorisation
  • bibliothèque
  • repas fraternels
  • communion portée aux malades
  • école du dimanche
  • questions de transport
  • construction
  • entretien
  • comptabilité
  • ministère dans les prisons
  • achat de matériel
  • questions d’assurance
  • accueil
  • funérailles
  • bienfaisance
  • cours par correspondance
  • etc.

Les anciens doivent décider et communiquer de grandes lignes, et puis laisser travailler les diacres et les autres frères et sœurs. Parfois l’évangéliste veut usurper le rôle des anciens, il est vrai ; mais parfois les anciens se contentent de faire le travail qu’ils auraient dû confier aux diacres. Dans les deux cas, ce n’est pas bon. Que les anciens soient donc les bergers spirituels de l’Église, et qu’ils fassent le travail que Dieu a prévu pour eux.

Le travail des anciens est grand, noble et essentiel, et une assemblée sera bénie d’avoir des frères qualifiés qui aiment suffisamment l’Église et le Seigneur pour assumer cette charge.