Telle fut la réponse donnée par l’apôtre Paul au geôlier de Philippes, dont la conversion est racontée en Actes des Apôtres, chapitre 16.
Telle est aussi la réponse qui est souvent donnée par certains évangélistes de nos jours lorsque la question du geôlier est posée : « Que faut-il que je fasse pour être sauvé ? »
Mais il y a une différence – une vaste différence – entre les deux cas. Voyons :
L’évangéliste moderne, en disant au pécheur de croire, le laisse supposer qu’il n’y a rien d’autre à faire pour son salut. Il enseigne que l’homme par la croyance seule peut avoir le pardon pour devenir un enfant de Dieu. D’aucuns iront jusqu’à dire que l’on est sauvé dès que l’on croit, qu’on a la vie éternelle et que ce salut ne pourra jamais se perdre.
Par contre, l’apôtre Paul ne s’arrête pas avec le seul commandement de croire au Seigneur Jésus. En lisant le contexte de ce verset (où, malheureusement, la plupart des évangélistes modernes ont l’habitude de s’arrêter), nous voyons que Paul et son compagnon, Silas, « lui annoncèrent la parole du Seigneur, ainsi qu’à tous ceux qui étaient dans sa maison » (v. 32).
Cette prédication s’avéra nécessaire, car le geôlier, un païen, ne connaissait pas Jésus-Christ. Sans qu’on lui prêche l’Évangile, il n’aurait pu ni le connaître ni croire. « La foi vient de ce qu’on entend, et ce qu’on entend vient de la parole de Christ », nous dit Paul en Romains 10.17. Si l’apôtre avait fait comme bon nombre de prédicateurs à l’heure actuelle, le geôlier n’aurait même pas su obéir à l’ordre qui lui avait été donné !
Mais le contexte dit davantage : « Il les prit avec lui, à cette heure même de la nuit, lava leurs plaies, et aussitôt il fut baptisé, lui et tous les siens » (v. 33).
Il est à regretter que les évangélistes de nos jours n’aillent pas aussi loin que Paul. Loin de semer dans l’esprit de ce pécheur l’idée qu’il pouvait être sauvé par la seule croyance, il lui enseigna ce qu’exige cette croyance. Le geôlier le comprit, car, sans attendre l’aube du jour, « à cette heure même de la nuit », il commença à exécuter les premières exigences de sa foi. Il témoigne un vrai repentir en lavant les plaies de ceux qu’il avait, quelques heures auparavant, battus de verges. De plus, il se fit baptiser avant le lever du soleil.
Comme nous pouvons maintenant le constater, c’est une mutilation de ce texte que de ne citer que le verset 31 (« Crois au Seigneur Jésus, et tu seras sauvé ») sans voir ce qui se trouve dans les versets suivants. N’est-ce pas là un abus flagrant du texte sacré ?
La conversion du geôlier ne diffère aucunement, en effet, des autres cas bibliques de conversion, où la croyance, la repentance et le baptême sont tous présentés comme étant pareillement nécessaires au salut (voir Actes 2.36-38 ; 8.12,13 ; 8.36-38 ; 9.3-19 ; 10.43-48).
Si Paul n’a pas parlé de suite du repentir et du baptême lorsqu’il fut interpellé par le geôlier, c’est qu’il voyait devant lui un homme n’ayant aucune notion de Christ ni de l’Évangile. Mais, dès qu’il lui eut annoncé la parole du Seigneur, il ne tarda pas à parler de cette obéissance qui fait partie intégrale de la foi.
Oui, que tous les évangélistes modernes insistent sur la nécessité absolue de croire en Jésus-Christ, sans quoi le pécheur sera condamné (Marc 16.16). Mais qu’ils appuient également sur le reste du texte, allant de la croyance jusqu’au repentir et au baptême avant d’arriver à la réjouissance dans le salut du péché. Car il est à remarquer que le geôlier, après son baptême, non pas avant, « les fit monter dans sa maison, mit la table et se réjouit avec toute sa famille d’avoir cru en Dieu » (v. 34).