Cet article est un extrait du livre Un ancien prêtre vous parle.
Les cloches des églises catholiques sonnèrent à toute volée ce matin-là. C’était la Toussaint de l’an mil neuf cent cinquante, un jour de grande joie. Sa Sainteté Pie XII allait proclamer à tout le monde l’Assomption de Marie au ciel. Dès ce moment, tous les chrétiens auraient à croire, pour aller au ciel, que la très Sainte Vierge Marie a été enlevée dans ce lieu, non seulement avec son âme, mais aussi avec son corps.
Et les arguments, où sont-ils ? La Bible n’en dit pas un mot.
Plusieurs fois, j’ai demandé à mes amis catholiques : « Comment peut-on, aujourd’hui, savoir que Marie soit montée au ciel avec son propre corps, tandis que les premiers chrétiens, plus proches que nous de l’événement, ne le savaient pas ? » Ils me répondaient paisiblement : « Ne vous en souciez pas. La doctrine de l’Assomption (comme c’est peut-être aussi le cas pour d’autres dogmes) n’est pas contenue dans la Bible, mais se trouve dans la Tradition. L’infaillibilité du pape lui donne des yeux aptes à percevoir cette vérité qui, peut-être, reste encore obscure aux autres membres de l’Église. C’est la Tradition qui est le puits dans lequel le pape puise l’eau de vérité et du salut. La Bible est seulement une petite partie, mais n’est pas la Tradition complète. »
On voit l’importance du sujet que nous allons traiter : Bible ou Tradition ? Où se trouve la norme de notre foi ?
Nous verrons tout de suite que les apôtres sont les uniques témoins de Jésus-Christ, que leur témoignage est maintenant contenu dans la Bible, et que nous pouvons l’interpréter par nous-mêmes.
I. Les apôtres sont les témoins de Jésus
Jésus a vécu en Palestine, au temps de l’empereur Tibère ; il a été crucifié sous Ponce Pilate. Il était la « Parole de Dieu… faite chair ». Il est venu dans ce monde pour nous faire connaître le Père qui est dans les cieux. « Personne n’a jamais vu Dieu, écrit l’apôtre Jean ; le Fils unique, qui est dans le sein du Père, est celui qui nous l’a fait connaître » (Jean 1.18). Oui, parce que Dieu, ayant dans le passé parlé à l’homme par les prophètes, dans les derniers temps nous a parlé par son Fils. En effet, l’Épître aux Hébreux nous dit qu’« après avoir autrefois parlé à nos pères, de plusieurs manières, par les prophètes, Dieu nous a parlé dans ces derniers temps par le Fils, celui qu’il a établi héritier de toutes choses » (Héb. 1.1,2).
Jésus n’a rien écrit. Il a seulement prêché son admirable message d’amour et de pardon. Il a exhorté les hommes à lever leurs yeux au-dessus de la terre pour regarder le ciel. Et, à la fin, il est mort sur le bois infâme de la croix pour sauver nos âmes. Il est aussi ressuscité par la puissance de Dieu qui était en lui.
C’est dommage que nous n’étions pas en Palestine lorsque toutes ces choses arrivèrent. Nous, qui vivons beaucoup de temps après ces événements, comment pourrons-nous connaître ce que Jésus a enseigné ? De quelle manière pourrons-nous avoir part au salut promis à l’humanité déchue par Jésus ? Les siècles s’écoulent, les choses s’oublient.
Quand nous ne sommes pas présents à quelques événements, que devons-nous faire pour connaître ce qui est advenu ? C’est aux témoins oculaires que nous avons recours, à ceux qui ont vu les choses de leurs propres yeux, écouté les paroles de leurs propres oreilles. C’est l’unique moyen dont nous disposons. Nous devons faire pareillement dans le cas de Jésus. C’est par l’intermédiaire des apôtres que nous en avons le moyen, parce qu’ils furent témoins de tout ce que Jésus a fait et dit.
A. Les apôtres sont les personnes qui, ayant vécu avec Jésus, connaissaient sa vie et son enseignement.
Jean écrit dans son Évangile :
« Oui, la parole est devenue chair, et elle a séjourné au milieu de nous, et nous avons contemplé sa gloire, comme celle du Fils unique envoyé par son Père, tout rempli de grâce et de vérité » (Jean 1.14).
Et encore dans sa première épître :
« Ce qui existait dès le commencement, ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nous avons contemplé et que nos mains ont touché, quant à la parole de vie…, ce que nous avons vu et entendu, nous vous l’annonçons pour que, vous aussi, vous soyez en communion avec nous. » (1 Jean 1.1-3)
« Ce ne sont pas des fables adroitement fabriquées, nous dit l’apôtre Pierre, que nous avons racontées, en faisant connaître la puissance de notre Seigneur Jésus-Christ et en vous parlant de son avènement ; non, nous avons été témoins oculaires de sa majesté. En effet, il a reçu de Dieu, son Père, tout honneur et toute gloire, lorsqu’une voix, écho de la gloire suprême, lui parla ainsi : « Voici mon Fils bien-aimé, c’est en lui que je prends plaisir. » Et cette voix, nous l’avons entendue comme venant du ciel, quand nous étions avec lui sur la montagne sainte. » (2 Pierre 1.16-18; cf. Matt. 17.1-16)
Quand les apôtres voulurent donner un successeur à Judas, ils présentèrent à Dieu, pour le choix, deux personnes parmi celles qui avaient été avec lui « pendant tout le temps que le Seigneur Jésus avait vécu…, depuis le baptême jusqu’au jour où il a été enlevé… », afin qu’elles fussent « témoin de sa résurrection » (Actes 1.22). Paul aussi fut témoin parce que Jésus lui apparut sur la route de Damas et lui donna par révélation la connaissance de l’Évangile de salut. « Je vous déclare, frères, que l’Évangile qui a été annoncé par moi ne vient pas de l’homme ; car je ne l’ai reçu ni appris d’aucun homme, mais de Jésus-Christ lui-même, qui me l’a révélé » (Galates 1.11,12).
B. Parmi les témoins de son époque, ce fut Jésus lui-même qui choisit ses apôtres et les prépara avec grand soin.
« Ce n’est pas vous, dit Jésus, qui m’avez choisi ; c’est moi qui vous ai désignés et vous ai établis, afin que vous alliez, et que vous portiez du fruit, et que votre fruit demeure. » (Jean 15.16)
C’est Jésus qui, sur la route de Damas, appela Saul pour qu’il devienne l’apôtre Paul (Actes 9.3). C’est « le Seigneur » qui, par le sort, manifesta sa volonté de choisir, entre les deux personnes présentées, Mathias, pour qu’il prenne la place de Judas, le traître. « Ensuite, ils tirèrent au sort, et le sort tomba sur Mathias, qui fut associé aux douze apôtres » (Actes 1.24-26).
Les apôtres, pour cela, sont toujours avec Jésus. Là où il est, il veut que les siens y soient aussi. C’est à eux, par excellence, qu’il apparut ressuscité ; c’est avec eux « qu’il a mangé et bu après sa résurrection » (Actes 10.41). C’est à eux qu’il a donné des instructions particulières : « … parce qu’il vous a été donné de connaître les mystères du royaume des Cieux ; mais, pour eux, cela ne leur a pas été donné » (Matthieu 13.11). Mais ils doivent après sa mort transmettre ses enseignements aux autres.
« Ce que je vous dis dans les ténèbres, dites-le en plein jour ; et, ce que vous entendez par l’oreille, prêchez-le sur les toits. » (Matthieu 10.27)
« Allez, faites de toutes les nations des disciples, les baptisant au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit, en leur enseignant à garder tout ce que je vous ai commandé. » (Matthieu 28.19,20)
C. Dans cette mission, ce sera le Saint-Esprit qui appuiera les apôtres.
« Je prierai le Père, qui vous donnera un autre Consolateur, afin qu’il soit éternellement avec vous, l’Esprit de vérité…
Le Consolateur, le Saint-Esprit, que le Père enverra en mon nom, celui-là vous enseignera toutes choses, et vous remettra en mémoire tout ce que je vous ai dit. » (Jean 14.16,17,26)
Les apôtres sont donc les témoins autorisés des actions et des paroles de Jésus. Nous pouvons leur donner, avec sûreté, toute notre confiance. Ils sont l’unique moyen dont nous disposons pour connaître les actions et les paroles de Jésus. Et, jusqu’ici, nous sommes en harmonie avec les amis catholiques.
II. La Bible est la prédication des apôtres qui dure sans intermittence
Les apôtres ont prêché en vérité. Ils savaient que « la foi vient de ce qu’on entend, et on entend lorsque la parole de Christ est prêchée » (Rom. 10.17). Paul aussi a prêché. C’était comme une nécessité pour lui. « C’est, en effet, écrivait-il, pour annoncer l’Évangile… que Christ m’a envoyé » (1 Cor. 1.17). « Si j’annonce l’Évangile, je n’ai pas sujet de m’en glorifier : c’est, en effet, une nécessité qui m’est imposée ; et malheur à moi si je n’annonce pas l’Évangile » (1 Cor. 9.16).
Mails les apôtres savaient qu’ils allaient bientôt mourir et qu’ils ne pourraient pas toujours être avec les chrétiens des diverses Églises. Et comment auraient-ils pu continuer leur prédication jusqu’à la fin du monde ? Alors, les apôtres, ou leurs disciples, comme c’est le cas de Marc et de Luc, guidés par le Saint-Esprit, écrivirent la substance de leur prédication. Ce furent d’abord des lettres. Dans ce temps-là, l’enseignement de Jésus était aussi oral qu’écrit. Mais le contenu était le même. On comprend alors l’exhortation de Paul à propos de la dernière venue de Jésus à la fin du monde : « Ainsi donc, frères, demeurez fermes et retenez les enseignements que nous vous avons transmis, soit de vive voix, soit par notre lettre » (2 Thess. 2.15). Après vinrent les Évangiles, c’est-à-dire une récolte des faits et des paroles de Jésus, comme ils étaient alors prêchés par les apôtres. Deux furent écrits par les apôtres Matthieu et Jean ; deux, au contraire, par les disciples Marc et Luc, qui écrivirent, nous dit-on, ce qu’ils avaient respectivement reçu par la prédication de Pierre et de Paul. Ainsi, quand la voix des témoins se tut avec la mort du dernier apôtre, ces ambassadeurs de Jésus continuèrent à lui rendre témoignage par leurs écrits, scrupuleusement gardés par l’Église. Leurs écrits devinrent ainsi canoniques, c’est-à-dire une « règle » (en grec : canon), pour tous les chrétiens. Ce sont des écrits qui, maintenant, nous font connaître Jésus et le message du salut qu’il nous a apporté. Une Église qui, aujourd’hui, accepte uniquement ce que les apôtres ont enseigné par leurs livres, c’est cette même Église qui était sur la terre quand l’Église catholique romaine n’existait pas encore ; c’est la même Église des apôtres. C’est pour cette raison que la véritable Église du Christ est antérieure naturellement à l’Église catholique.
Pourquoi acceptons-nous seulement la Bible comme norme de foi, sans les traditions humaines ? Voici les raisons :
A. Nous acceptons la Bible, parce que l’Ancien Testament a été accepté par Jésus comme parole de Dieu, et le Nouveau Testament contient la prédication des apôtres qui est nécessaire à notre salut.
Jésus, en se référant à l’Ancien Testament, a dit : « L’Écriture ne peut être anéantie » (Jean 10.35). Donc, il accepterait comme inspirée de Dieu la Bible des Hébreux.
Mais Jésus, avant de commencer sa passion douloureuse qui l’amena à la croix, éleva au Père une noble prière. Dans celle-ci, il prie tout d’abord pour les apôtres. Et, enfin, il prie aussi pour ceux qui croient en lui « par leur parole », c’est-à-dire par la parole des apôtres (Jean 17.20s).
Donc, tous les hommes, y compris nous-mêmes, doivent croire en Jésus par la parole des apôtres. Il n’y a pas d’autres possibilités. Mais je me demande : « Comment puis-je écouter leur parole et avoir ainsi la vraie foi, moi qui vis longtemps après la mort du dernier apôtre ? » C’est dans la Bible que j’écoute leurs voix. Je prends le Nouveau Testament et je le lis. À ce moment, la parole des apôtres résonne à mes oreilles. Elle me parle de Jésus et me fait baisser la tête devant lui, qui est mon unique Sauveur. Je crois à Jésus par la parole des apôtres. J’appartiens donc à ceux qui sont à Jésus et pour lesquels il a prié le soir de son martyre.
C’est donc la Bible qui m’amène au salut ; c’est elle qui, par les paroles des apôtres, mène à la vie éternelle tous ceux qui, avec humilité et simplicité, acceptent sa doctrine.
B. Nous n’acceptons comme norme de foi que les écrits de la Bible, parce qu’ils sont suffisants à notre salut.
Nos amis catholiques nous répètent toujours : « Mais la Bible n’est pas suffisante. Elle constitue seulement une partie de la Tradition complète ; c’est la partie écrite, tandis qu’il existe une autre partie qui, n’étant pas écrite dans le Nouveau Testament, a été transmise oralement, c’est-à-dire de bouche à bouche. » Je ne veux pas dire que tout ce que Jésus a fait soit contenu dans les livres du Nouveau Testament. Jean écrit dans le dernier verset de son Évangile : « Il y a encore beaucoup d’autres choses que Jésus a faites ; et, si on les écrivait en détail, je ne pense pas que le monde entier pourrait contenir les livres qu’on écrirait » (Jean 21.25).
Je veux seulement dire que les choses qui ne sont pas contenues dans le Nouveau Testament ne sont pas nécessaires à notre salut. Pour le salut, la Bible est plus que suffisante. Ceci vous étonne peut-être, et vous ne croyez pas ce que je vous dis. Mais nous devons tous croire à ce que le même apôtre Jean dit :
« Jésus a fait en présence de ses disciples beaucoup d’autres miracles, qui ne sont pas rapportés dans ce livre. Mais, ce qui s’y trouve a été écrit afin que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et qu’en croyant, vous ayez la vie par son nom. » (Jean 20.30,31)
Mes chers frères et amis ! Voulons-nous avoir la vie ? Est-il nécessaire de connaître les professions de foi, soit de l’Église catholique, soit de quelqu’autre Église ? Est-il nécessaire d’accepter tous les dogmes qui, par les affirmations du pape, viennent continuellement s’ajouter à la croyance primitive des chrétiens ? Pas du tout ! C’est suffisant de croire en Jésus-Christ, le Fils de Dieu, et de lui obéir. La voie du salut ne peut pas se modifier au cours des siècles. « Jésus est le même hier, aujourd’hui, et pour tous les siècles à venir » (Hébreux 13.8). Thomas d’Aquin et Bernard de Clairvaux, qui déniaient l’Immaculée Conception de Marie, furent déclarés saints par l’Église catholique. Un chrétien qui aujourd’hui aurait la même croyance que ces deux saints serait au contraire un hérétique et ne pourrait pas se sauver. Ce changement dans la voie du salut, je ne l’ai jamais compris ! Le Nouveau Testament, qui ne change pas, suffit pour nous montrer le chemin à suivre.
C. Nous acceptons seulement la Bible parce que les enseignements non contenus dans la Bible et transmis de bouche en bouche se corrompent et perdent leur pureté originale.
Nous en avons un exemple dans le dernier chapitre de Jean. On disait que Jésus avait promis l’immortalité à l’apôtre Jean. « Le bruit se répandit parmi les frères que ce disciple ne mourrait point. » Et l’apôtre corrigea par son Évangile cette interprétation. Voilà ce qu’il écrit en rappelant les vraies paroles de Jésus : « Cependant, Jésus n’avait pas dit : Il ne mourra pas, mais : Si je veux qu’il demeure jusqu’à ce que je vienne, que t’importe ? » (Jean 21.22,23). Si les sentences de Jésus, passant de bouche en bouche, s’étaient déjà corrompues tandis que les apôtres vivaient encore, combien plus elles se seraient transformées après leur mort ! C’est donc par le Nouveau Testament que les paroles de Jésus parviennent dans leur pureté jusqu’à nous. Étant écrites, il n’est plus possible pour nous de les changer. Ainsi, par leurs livres, les apôtres continuent à rendre témoignage de Jésus, de sa vie et de son message de salut.
D. Nous pouvons comprendre la Bible par nous-mêmes.
Nos amis catholiques nous disent toujours : « Il n’est pas possible de comprendre la Bible par nous-mêmes. C’est un livre trop difficile. Seulement ceux qui forment la direction (magisterium) de l’Église, c’est-à-dire le pape et les évêques, peuvent la comprendre et nous l’expliquer. Sans ces directives, chacun la comprend selon sa propre volonté, et on arrive aux divisions de sectes protestantes. »
Mes amis, je ne veux pas nier que certains passages de la Bible sont difficiles. C’est l’apôtre Pierre qui, à propos des événements concernant la fin du monde, dit que « notre bien-aimé frère Paul vous l’a aussi écrit, selon la sagesse qui lui a été donnée. C’est ce qu’il fait dans toutes les lettres, où il parle de ces choses, dans lesquelles il y a des points difficiles à comprendre » (2 Pierre 3.15,16). Mais que dit-il ? Affirme-t-il que nous devons aller aux évêques pour avoir la juste interprétation ? Pas du tout ! Il dit seulement que ce sont les ignorants et les mal affermis « qui tordent le sens… pour leur propre perdition ».
Donc, on ne doit pas être ignorants et mal affermis. On ne doit pas « tordre » le sens, mais l’accepter fidèlement comme il se trouve dans la Bible. C’est-à-dire, on doit étudier la Bible et, quelquefois, on doit consulter des personnes plus instruites que nous pour connaître la véritable signification d’un passage. On doit étudier toute la Bible, et ainsi un passage nous donnera la lumière nécessaire pour mieux comprendre ce que nous dit un autre passage. Bien plus, dans la Bible, tout n’est pas difficile. Et toutes les choses relatives au salut sont claires et lumineuses. Mais pourquoi faisons-nous cette discussion ? Cherchons plutôt dans la Bible ce que Jésus et les apôtres ont enseigné sur ce problème. Ainsi, nous aurons la certitude d’être dans la vérité.
Jésus n’a pas envoyé ses auditeurs vers des maîtres infaillibles pour connaître la Bible, mais les a amenés vers une interprétation personnelle de la Bible. S’ils lisent la Bible avec humilité, les Juifs auront la possibilité de connaître que Jésus est dans la vérité. Il ne dit pas : « Croyez en moi, qui seul ai la possibilité d’interpréter exactement la Bible. Vous, vous ne le pouvez pas ! » Non ! Il dit :
« Vous sondez les Écritures, parce que vous pensez avoir par elles la vie éternelle : ce sont elles qui rendent témoignage de moi… Ne pensez pas que ce soit moi qui doive vous accuser devant le Père. Celui qui vous accusera, c’est Moïse, en qui vous avez mis votre espérance. » (Jean 5.39-45)
Donc, si Moïse accuse les Hébreux, c’est que, par eux-mêmes, ils ont la possibilité d’interpréter exactement la vraie signification de ses mots.
Luc nous enseigne la même chose. Il loue grandement les mérites des Juifs de Bérée. Qu’avaient-ils fait, ces Juifs ? Ils n’avaient simplement pas cru aux affirmations de Paul. Avant de croire, ils avaient étudié les prophéties de l’Ancien Testament pour voir si les choses étaient vraiment conformes à ce que l’apôtre prêchait. Et Luc ne les blâme pas ; Paul ne dit pas comme les évêques ou le pape d’aujourd’hui : « Croyez en moi ! Moi seul qui ai le pouvoir de comprendre exactement la Bible ; vous, vous ne le pouvez pas. » Non ! Au contraire, Luc les loue pour leur étude personnelle de la Bible.
« Ceux-ci eurent des sentiments plus nobles que ceux de Thessalonique, et ils accueillirent la parole avec beaucoup d’empressement, examinant tous les jours les Écritures, pour vérifier ce qu’on leur disait. » (Actes 17.11)
Pourquoi ce qui a été possible aux Juifs de Bérée ne le serait-il pas pour nous ? S’ils pouvaient par eux-mêmes comprendre les prophétie de l’Ancien Testament, pourquoi ne le pourrions-nous pas aujourd’hui ? Oui ! Nous aussi, comme ces Juifs, nous devons examiner tout ce qu’on nous prêche au nom de Jésus et de Dieu. Nous ne devons pas y croire aveuglément. Toutefois, nous devons nous demander : Est-ce en harmonie avec la Bible ? Si oui, acceptons-le donc ! Si ce n’est pas conforme à la Bible, écartons-le donc ! Ainsi, nous serons en parfait accord avec ce que Jésus et les apôtres ont enseigné.
La même norme était prêchée par les évêques des premiers siècles. Je veux seulement rappeler les sages paroles de l’archevêque de Constantinople, Jean Chrysostome, qui vécut au 4e siècle (347-407). Célèbre par son éloquence, il a laissé d’admirables homélies et fut proclamé saint par l’Église catholique. Mais, à propos de la lecture et de la compréhension de la Bible, il était beaucoup plus proche de nous que de l’Église catholique. Voici ses sentences :
« Je ne comprends pas la Bible, me dis-tu. Mais comment pourrais-tu la comprendre si tu ne l’étudies pas ? Prends le livre dans tes mains et lis l’histoire complètement Quand tu auras compris les passages les plus faciles, va à ceux qui sont plus difficiles et obscurs. Si tu ne comprends pas une chose, cherche quelqu’un qui soit plus instruit que toi, et demande à cette personne l’interprétation… Si aucune ne peut t’expliquer ce que tu désires connaître, Dieu lui-même, sans aucun doute, te le révélera. »
Les apôtres et les prophètes ne voulurent pas, comme les philosophes, cacher leurs messages. Ils écrivirent toutes choses dans un langage simple et facile, parce qu’ils voulurent que tout le monde fût capable de le comprendre. Quel est celui qui ne peut pas comprendre l’Évangile ? Quand on entend dire : « Heureux les artisans de paix, heureux les miséricordieux, heureux ceux qui ont le cœur pur », a-t-on besoin d’un interprète ou d’un maître pour comprendre ces sentences ? Et les narrations des miracles et des faits historiques ne sont-elles pas faciles et intelligibles à tout le monde, parce que simples en soi ? La difficulté de l’Écriture est plutôt un prétexte à votre paresse.
« Mes frères, ne jouons pas avec notre salut. Toutes les choses de la Bible ont été « rapportées pour nous avertir » (1 Cor. 10.11). Grande est la sécurité de celui qui connaît les Écritures. Mais profonde est la ruine pour ceux qui ignorent les Écritures. Ce fut l’ignorance de la Bible qui, à l’origine des hérésies, bouleversa toute chose. Mais la lecture de la Bible amène toujours beaucoup d’avantages et de profits. » (De Lazaro Concio, III, 2-3, en Migne, Patrologie grecque, pg. 48, 994-996)
Étudions donc, nous aussi, la Bible.
Quand nous voulons de l’eau fraîche et pure, c’est à la source que nous remontons, parce qu’en parcourant le pas, l’eau devient tiède et impure. La source de la foi chrétienne, c’est la Bible, et surtout le Nouveau Testament ; l’Ancien Testament n’en est seulement qu’une préparation. Retournons donc à la Bible. Par ce moyen, nous pourrons redécouvrir la vraie foi des apôtres et éliminer toutes les erreurs qui, dans le cours des siècles, ont pénétré dans le pur message de Jésus-Christ. Nous y retrouverons les anciennes voies de Dieu, qui conduisent à la félicité et au salut.
Par la Bible, les apôtres, témoins de Jésus-Christ, continuent à faire retentir leur voix jusqu’à la consommation des siècles. Et leur voix, c’est la voix de Dieu. « Toute l’Écriture, nous dit l’apôtre Paul, est divinement inspirée, et utile pour enseigner, pour instruire dans la justice, afin que l’homme de Dieu soit accompli et apte à toute bonne œuvre. » (2 Tim. 3.16,17)
Gardons-nous d’ajouter, comme faisaient les Juifs, des traditions humaines à la Parole de Dieu, si nous ne voulons pas encourir les mêmes reproches que Jésus leur adressa.
« Ésaïe a bien prophétisé à votre sujet, hypocrites, ainsi qu’il est écrit : Ce peuple m’honore des lèvres, mais son cœur est bien éloigné de moi. C’est en vain qu’ils me rendent un culte, enseignant des préceptes qui ne sont que des commandements d’hommes. Vous abandonnez le commandement de Dieu, et vous observez la tradition des hommes… Vous annulez fort bien le commandement de Dieu, pour maintenir votre tradition. » (Marc 7.6-9)
Oui ! Notre Père, donne-nous à tous une faim, non des aliments de cette terre, mais de ta Parole, qui est vraiment la nourriture céleste, qui nous amène à la vie éternelle. Et donne-nous la joie d’être tes instruments pour faire aujourd’hui grandir, par la connaissance de ta Parole, la vraie Église du Christ, qui n’a jamais failli. Amen.