Cet article est un extrait du livre Un ancien prêtre vous parle.
Les chrétiens qui veulent rester en harmonie avec la Bible doivent accepter certains points de la doctrine catholique. Toutefois, ils ne peuvent pas les accepter tous. Voici les points de notre accord et de notre désaccord.
I. Points d’accord
A) La révélation chrétienne finit avec la mort du dernier apôtre, c’est-à-dire avec la mort de Jean.
Les apôtres, comme il a été prophétisé par Jésus-Christ, ont été conduits par le Saint-Esprit dans toute la vérité :
« Le Paraclet, l’Esprit-Saint que le Père enverra en mon nom, vous enseignera tout et vous rappellera tout ce que je vous ai dit. » (Jean 14.26)
« J’ai encore beaucoup de choses à vous dire, mais vous ne pouvez pas les porter maintenant ; quand il viendra, lui, l’Esprit de vérité, il vous conduira vers la vérité tout entière. » (Jean 16.12,13)
Si les apôtres ont été conduits dans toute la vérité, il n’y a pas d’autre révélation après la mort du dernier apôtre de Jésus-Christ. Les révélations nouvelles de Lourdes ou de Paray-le-Monial concernant Marie ou le Sacré-Cœur de Jésus, bien qu’acceptées par les évêques et les papes, n’ont aucune valeur dogmatique. Tous les dogmes, nous disent les théologiens romains, doivent être bâtis sur le fondement des apôtres, c’est-à-dire sur la révélation qui nous a été donnée une fois pour toutes par les apôtres. Seuls les apôtres, étant des témoins oculaires et auriculaires de Jésus-Christ, ont été envoyés par lui pour annoncer au monde entier la Bonne Nouvelle du salut éternel.
B). La prédication des apôtres nous est aujourd’hui présentée dans les livres inspirés du Nouveau Testament.
C’est seulement par le moyen de ces livres que nous, aujourd’hui, pouvons écouter la vraie parole des apôtres, comme elle était prêchée dès les premiers jours du christianisme
1. Pour les savants, ce sont les seuls livres historiques qui nous soient parvenus des premiers temps de l’Église.
a) J’estime beaucoup les livres qu’on appelle subapostoliques, à savoir les lettres de Barnabas, de Clément Romain, la Didaché, etc. Ce sont des livres d’une haute valeur historique, liturgique ou archéologique ; mais ce ne sont point des documents de l’aube chrétienne écrits par les apôtres. Ils sont tous postérieurs aux apôtres et ne présentent donc pas la documentation de la première génération chrétienne.
b) J’estime beaucoup les manuscrits qu’on a tout récemment découverts près de la mer Morte. Ils nous dévoilent le milieu théologique, historique, et religieux dans lequel le christianisme a vécu et s’est développé. Mais contrairement à tous les efforts accomplis par Mr Del Medico et Mr Teicher, ce ne sont pas des documents chrétiens. Tous les autres savants ont bien démontré que c’est en vain qu’on y cherche le nom de Jésus ou la doctrine de la première génération chrétienne. Ce sont et restent des écrits juifs, copiés ou préparés par des esséniens, vraisemblablement, et cachés dans quelques grottes reculées vers l’an 68, quand les troupes romaines se sont approchées de la plaine de Jéricho.
c) Les livres du Nouveau Testament sont des livres historiques. Certainement, ces livres n’ont pas le but d’exposer une histoire complète ou de satisfaire notre curiosité. Ce sont des livres théologiques plutôt que des livres historiques dans le sens actuel du terme. Leur but est celui de créer la foi en ceux qui les lisent, comme avouait jadis l’apôtre Jean : « Jésus accomplit en présence de ses disciples encore bien d’autres signes, qui ne sont pas relatés dans ce livre. Ceux-là l’ont été pour que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et que croyant vous ayez la vie en son nom » (Jean 20.30,31). On ne peut accepter les idées de quelques critiques modernes, comme Bultmann, qui refusent absolument d’y mettre leur confiance.
2. Pour les croyants, les livres du Nouveau Testament sont garantis par l’inspiration divine.
Les livres des apôtres ont une valeur supérieure à celle des livres humains, parce qu’ils ont été écrits par des personnes inspirées par Dieu auxquelles Jésus avait promis le Saint-Esprit.
« L’Esprit Saint, que le Père enverra en mon nom, vous enseignera tout, et vous rappellera tout ce que je vous ai dit. » (Jean 14.26)
Pierre en était profondément convaincu, lui qui n’eut pas peur de comparer les écrits de Paul à ceux de l’Ancien Testament, reconnus universellement comme inspirés (2 Pierre 3.15,16). Paul pouvait donc répéter à Timothée les paroles suivantes, qui, bien que référant à l’Ancien Testament, visaient aussi le Nouveau :
« Toute Écriture est inspirée de Dieu, et utile pour enseigner, réfuter, redresser, former à la justice : ainsi l’homme de Dieu se trouve-t-il accompli, équipé pour toute œuvre bonne. » (2 Timothée 3.16)
C’est donc par la Bible inspirée que l’homme de Dieu peut avoir tout ce qu’il lui faut pour parvenir à la perfection, pour soutenir la doctrine chrétienne et pour redresser dans la vérité ceux qui l’ont quittée.
II. Points de désaccord
Cependant les théologiens catholiques enseignent aujourd’hui que la prédication des apôtres n’a pas été consignée entièrement dans la Bible, mais a été transmise aussi par la prédication oralement par l’Église sans avoir été écrite dans la Bible. La Bible renfermerait donc seulement une partie de la prédication apostolique, tandis que l’autre partie – peut-être la majeure partie et la plus importante – n’a pas été consignée dans les écrits bibliques.
Ce serait donc cette prédication orale qui pourrait nous expliquer la Bible, compléter la doctrine biblique et nous conduire à mieux saisir les enseignements de l’Écriture Sainte. Ce serait seulement par la tradition orale, c’est-à-dire par l’enseignement de l’Église provenant des apôtres, que nous pourrions être conduits dans toute la vérité.
Je m’empresse de dire que je désire moi-même accepter toute tradition qui ait été prêchée par les apôtres. Cependant jusqu’à ce moment je n’ai pas encore trouvé une seule tradition catholique qui soit vraiment apostolique, c’est-à-dire qui remonte au temps des apôtres. Je ne veux pas ici réfuter la doctrine catholique par une discussion théorique (qui a déjà été faite dans le chapitre précédent). Je désire ici réfuter l’enseignement catholique seulement par un exemple : à savoir, la naissance de Jésus-Christ.
III. Bible et tradition dans la naissance de Jésus
A) La tradition, interprète de la Bible.
Bien souvent on nous répète : « La Bible est difficile à comprendre, la Bible peut être interprétée de différentes manières. C’est seulement par la tradition que nous pouvons saisir la vraie interprétation de la Parole de Dieu. » Bien ! Je veux appliquer ce principe aux deux difficultés que nous trouvons dans la narration biblique de la naissance de Jésus, pour voir si ce principe fonctionne ou non.
Exemple d’une difficulté historique : le recensement de Quirinius.
L’Évangile de Luc nous dit que la naissance de Jésus eut lieu « pendant que Quirinius était gouverneur de la Syrie » (Luc 2.2). Or, l’histoire – comme elle nous est racontée par Flavius Josèphe – nous affirme au contraire que Quirinius était gouverneur de la Syrie, et qu’il y accomplit un recensement, quelques années après la naissance de Jésus (Antiquitates Judaicae XVII, 355 ; XVIII, 1). Il n’était donc pas gouverneur de la Syrie pendant la naissance de Jésus.
Les critiques du Nouveau Testament ont proposé bon nombre de solutions. La Bible n’est pas vraie, disent certains. Non ! répondent d’autres, ce n’est pas la Bible qui est fausse ; c’est Josèphe qui s’est trompé. D’autres nous disent que Quirinius fut, peut-être, gouverneur de la Syrie deux fois : une fois pendant la naissance de Jésus et l’autre quelques années plus tard. D’autres encore ont proposé une nouvelle traduction de la phrase de Luc et l’ont interprétée comme suit : « Ce recensement (à savoir celui de la naissance de Jésus-Christ) eut lieu avant celui qui fut accompli quand Quirinius était gouverneur de la Syrie. »
Ce sont toutes des interprétations possibles ; cependant je refuse d’admettre qu’il y ait une erreur dans la Bible. Je suis sûr que si nous aurons, dans le futur, la possibilité de mieux connaître l’histoire de ce temps-là, Luc aura finalement raison. Souvent les critiques ont blâmé la Bible, la disant pleine d’erreurs ; mais plus tard, de nouvelles découvertes ont prouvé qu’elle avait raison. Néanmoins, jusqu’aujourd’hui, il y a ici un petit problème qui n’a pas encore reçu son explication.
Eh bien ! Vais-je alors interroger la tradition catholique en lui demandant de m’expliquer la phrase de Luc et de me donner l’interprétation exacte ? Mais la tradition catholique ne saurait pas m’éclairer sur ce passage ; elle ne me dit rien du tout. Donc, ce n’est pas vrai que la tradition catholique nous explique les passages de la Bible que nous ne pouvons pas comprendre. En pratique, on voit que ce principe théorique du catholicisme ne fonctionne pas.
B) La tradition, « complément » de la Bible.
Oui, la tradition complète la Bible. Mais dans le cas de la naissance de Jésus, elle la « complète » par des légendes, par des erreurs et par des coutumes païennes.
1. La tradition « complète » la Bible par des légendes.
Beaucoup de traditions catholiques sont de pures légendes.
a) Les trois rois mages.
Aujourd’hui on parle communément de trois mages qui étaient aussi des rois. La Bible ne nous dit pas qu’ils étaient trois ni rois. Le nombre devint commun pendant le Moyen Âge et fut établi par des raisonnements sans aucune valeur historique. La Bible parle de trois dons offerts par les mages : or, encens et myrrhe. On a donc conclu : les mages étaient trois.
Dans le Psaume 72.11 on lit : « Tous les rois se prosterneront devant lui », à savoir devant le Très Haut, le Dieu tout puissant. Au Moyen Âge, on a voulu y trouver une prophétie concernant le Christ, et on a donc conclu que les rois prosternés devant le Christ étaient ces mages. C’est une pure légende dérivée d’une fausse interprétation de la Bible.
b) Les deux animaux devant la crèche.
Cette légende commença au sixième siècle, quand l’évangile faussement attribué à Matthieu – ce n’est pas l’évangile de la Bible, mais un autre écrit au 6e siècle – affirma qu’il y avait auprès de la crèche un âne et un bœuf (cf. A. Bonaccorsi, Vangeli apocrifi, Firenze, 1948 pp. 187-188).
Comment pouvait-on savoir au sixième siècle qu’il y avait ces deux animaux auprès de la crèche de Jésus ? Encore une fois par une fausse interprétation de la Bible. Ésaïe avait en effet dit que les Juifs étaient pires que des animaux. Tandis que ceux-ci sont reconnaissants envers la main du patron qui leur donne la nourriture, les Juifs ne manifestaient point de reconnaissance envers Dieu qui leur donnait ses bénédictions :
« Le bœuf reconnaît son bouvier et l’âne la crèche de son maître : Israël ne connaît rien, mon peuple n’a point d’intelligence. » (Ésaïe 1.3)
Le surnommé évangile apocryphe, oubliant le contexte, y a voulu voir une prophétie de Jésus, et a conclu que près de la crèche de l’enfant Jésus il y avait un âne et un bœuf, qui ont reconnu en Jésus leur créateur et maître. Il est possible qu’il y ait eu des animaux près de la crèche, mais les documents historiques ne nous disent rien à ce sujet. Il faut donc nous taire pour ne pas créer des légendes sans aucune valeur historique.
2. La Tradition « complète » la Bible par des coutumes païennes.
On fête à l’heure actuelle la Noël, qui est considérée comme étant le jour anniversaire de la naissance de Jésus. On trouve cette fête pour la première fois dans l’an 336, mentionné dans un document qu’on appelle la Chronographe de 354. Les Orientaux, par contre, célébraient la naissance de Jésus le 6 janvier.
Ces deux traditions sont cependant réfutées par la Parole de Dieu, qui nous force à éliminer la saison hivernale pour la naissance de Jésus. Le déplacement du recensement n’était pas indiqué pour l’hiver. Bien plus, Luc nous dit qu’à la naissance de Jésus il y avait des bergers qui veillaient la nuit dans les champs où ils gardaient leurs troupeaux (Luc 2.8). Dans la Palestine les bergers restent dans les champs du mois de mars jusqu’au mois de novembre. En plus de cela, au mois de mars, les soldats du grand-prêtre juif devaient se chauffer au feu, parce qu’il faisait trop froid (Jean 18.18). Comment les bergers auraient-ils pu alors passer la nuit dans les champs durant le mois de décembre ? La Noël n’est donc pas indiquée pour commémorer la naissance de Jésus.
Pourquoi la Noël fut-elle acceptée comme l’anniversaire de la naissance de Jésus ? Ce fut pour se débarrasser d’une fête païenne. Le 25 décembre, depuis le troisième siècle, était célébré par les Romains et les païens grecs comme une fête dédiée à la naissance du dieu Mithra, le dieu-soleil, l’esprit de la lumière divine. On sait, en effet, qu’après le solstice d’hiver le soleil commence sa victoire sur les ténèbres, et les jours commencent à se rallonger, tandis que les nuits deviennent plus courtes. La fête du soleil, instituée par l’empereur Aurélien en l’an 274, avait reçu beaucoup d’honneur au temps de Constantin-le-Grand dont l’amour pour le dieu-soleil est bien connu. Les évêques romains, incapables d’arracher cette joyeuse solennité, en changèrent l’objet. Au lieu de célébrer le soleil naissant, on célébra en ce jour la naissance de Jésus, qui est « le soleil de Justice » (Malachie 4.2) et la « lumière du monde » (Jean 9.5). Léon-le-Grand, évêque de Rome, blâmait les chrétiens qui, encore au 5e siècle, célébraient « la naissance du soleil au lieu de la naissance du Christ » (Sermo de Nativitate Domini, Patrologie Latine, 54, 198).
La tradition de la Noël ne nous provient donc pas des apôtres, mais c’est la continuation d’une pratique païenne.
C) La tradition théologique « complète » la Bible en y introduisant des doctrines qui sont en contradiction avec la Parole de Dieu.
Je sais que les catholiques les plus érudits acceptent tout ce que nous avons dit jusqu’ici sur la tradition catholique. Cependant ils nous diront que la tradition exaltée par les catholiques n’est pas une simple tradition historique, comme celle que nous venons de montrer. Leur tradition est une tradition théologique. Ils diront que ce n’est que cette tradition théologique qui complète la Parole de Dieu écrite. Néanmoins, je dois dire que pour ce qui concerne la naissance de Jésus, cette tradition théologique des catholiques ne rend point explicite ce qui est contenu dans la Bible ; au contraire, elle la contredit. Cette tradition ne peut donc pas venir du même Esprit qui a inspiré la Parole de Dieu. Voici quelques-unes de ces contradictions :
1. Aujourd’hui on célèbre dans beaucoup d’églises, soit catholiques soit protestantes, la fête de Noël, un culte qui peut tomber sur n’importe quel jour de la semaine. On y célèbre le culte par le Repas du Seigneur ou la Sainte-Messe. Cependant, les premiers chrétiens n’avaient d’autre fête que le dimanche. Le culte était alors célébré chaque dimanche, mais seulement le dimanche. Paul resta à Troas sept jours avant de célébrer le repas du Seigneur avec les frères (Actes 20.6,7). Les documents subapostoliques, comme la Didaché, nous confirment cette pratique biblique.
Donc, si nous voulons être dans la vérité comme l’Église du Nouveau Testament l’était, nous ne devons rien ajouter ni rien retrancher de la parole du Seigneur. Il faut tout simplement et humblement la mettre en pratique encore aujourd’hui. Il faut donc célébrer le culte du Seigneur le dimanche et seulement le dimanche, sans y ajouter d’autres jours dans la semaine. Il ne faut faire aucune exception, même pour la Noël, parce que ces jours n’étaient pas observés par les premiers chrétiens. « Rien au-delà de ce qui est écrit », disait Paul aux Corinthiens. Ce proverbe, accepté et prêché par Paul, doit être la règle de notre conduite religieuse (1 Corinthiens 4.6).
2. Le culte de la Noël chez les catholiques est uni au culte des images. Plusieurs fois on voit sur les autels des sculptures de l’enfant Jésus devant lesquelles on agite l’encensoir. Le code de droit canonique dit en effet qu’on « doit vénérer les reliques et les images et qu’on doit leur offrir un culte relatif aux personnes qui y sont représentées » (Can. 1255).
Néanmoins, dans le christianisme originel il n’y avait pas d’images ou de sculptures. Le culte chrétien était alors accompli en esprit et en vérité (Jean 4.23,24). L’unique « image » autorisée par le Christ dans le culte chrétien est le pain et le vin, qui chaque dimanche nous rappellent que par sa mort il nous a rachetés de nos péchés. En l’an 406, les évêques réunis dans un concile à Elvire en Espagne défendirent aux chrétiens de reproduire dans leurs temples tout ce qui est l’objet du culte.
Le culte de la Noël, accompli avec des images, est donc en contradiction avec la Parole de Dieu et l’enseignement des apôtres. Il n’est pas un développement de la parole divine, mais il y est en contradiction. Le culte de la Noël ne provient pas de la Bible, mais du paganisme. Ce furent en effet les païens qui, au quatrième siècle, obligés par l’empereur Théodose de se convertir, y introduisirent les usages païens d’images et transformèrent ainsi le christianisme en catholicisme postérieur. C’est pour cela qu’aujourd’hui dans les catéchismes catholiques, on élimine le deuxième commandement de Moïse qui défend le culte aux images ; et pour rétablir le nombre dix – réduit à neuf – on coupe en deux parties le dixième commandement : ne convoitez pas les choses d’autrui et ne convoitez pas la femme d’autrui.
3. La festivité de la Noël sépare trop l’Incarnation de la Passion ; la naissance de Jésus de sa mort et sa résurrection ; la Noël du Vendredi Saint. En célébrant la nativité de Jésus on risque de perdre de vue le point fondamental de notre salut, qui est sa mort et sa résurrection et non sa naissance. « Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils » (Jean 3.16) Jésus est venu sur cette terre pour mourir ; telle était la mission qu’il avait reçue de son Père. La naissance sans la mort et la résurrection n’aurait pas sauvé les hommes. C’est par « ses meurtrissures que nous sommes guéris » (1 Pierre 2.24). « Si le Christ n’est pas ressuscité votre foi est vaine ; vous êtes encore dans vos péchés » (1 Corinthiens 15.17). L’exaltation du Christ à la droite de Dieu est le fruit de son humiliation sur la croix :
« Étant devenu un homme, il s’humilia plus encore, obéissant jusqu’à la mort, et à la mort sur une croix ! Aussi Dieu l’a-t-il exalté et lui a donné le Nom qui est au-dessus de tout nom, pour que tout, au nom de Jésus, s’agenouille, au plus haut des cieux, sur la terre et sous la terre, et que toute langue proclame de Jésus-Christ qu’il est le Seigneur à la gloire de Dieu, le Père. » (Philippiens 2.7-11)
Voilà le message que les apôtres ont prêché : ils n’ont pas exalté la naissance de Jésus-Christ, mais sa mort et sa résurrection. C’est cette mort et cette résurrection qui constituent la Bonne Nouvelle, l’évangile du salut, par lequel les hommes peuvent recevoir miséricorde et le pardon de leurs péchés. Fêter la Noël, c’est perdre de vue ce message, c’est exalter ce qui chez les premiers chrétiens n’était pas exalté.
4. Célébrer la Noël, c’est oublier ce qu’est Jésus-Christ aujourd’hui. Pour les premiers chrétiens, il était le Seigneur qui régnait dans les cieux, qui avait été élevé à la droite de Dieu, le Père. Il était le Médiateur auprès du Père. Les prières n’étaient donc pas adressées au Christ, mais au Père par le nom du Christ, comme Jésus-Christ lui-même l’avait enseigné (Jean 16.23,24). Le catholique Jurgenmeyer, dans son livre Le corps mystique du Christ, le reconnaissait quand il écrivait :
« Dans la vie de la piété chrétienne des premiers quatre siècles, le Christ était Celui qui vit, qui règne et qui est assis à la droite du Père. Il était le Médiateur universel chez le Père. La prière alors n’était pas adressée au Christ, mais était faite au nom du Christ… Alors était valable la loi du Synode d’Hippone, annoncé en l’an 393 dans la présence d’Augustin : la prière doit toujours s’adresser au Père (Can. 21). On ne priait pas le Christ, mais le Père au nom du Christ. Dans la suite, toutefois, le Christ glorifié s’effaça et la piété commença à se concentrer dans le Christ de la vie terrestre… Ce fut un changement profond. » (Il corpo mistico di Cristo, 4e édition, Brescia, 1945, pp. 141-143)
Quand on fête la Noël et l’on prie l’enfant Jésus, c’est aller contre le commandement de Jésus qui nous enseigne à prier le Père en son nom (Jean 16.23,24) ; c’est regarder encore Jésus-Christ dans sa vie terrestre tandis que Paul ne voulait pas le voir ainsi, mais seulement dans sa gloire. « Même si nous avons connu le Christ selon la chair, nous ne le connaissons plus ainsi à présent » (2 Corinthiens 5.16).
5. Une autre erreur de la Noël a été la place toujours plus importante qu’on donne à Marie. Parce qu’on a oublié que Jésus est notre puissant Médiateur, on a vu en lui seulement le Juge juste. On a cherché alors à trouver un autre médiateur auprès de lui, et on a trouvé Marie, qui lui a donné sa vie charnelle. C’est de la naissance de Jésus que dérive toute la doctrine mariologique prêchée aujourd’hui par le catholicisme. Ainsi donc, Jésus est réduit à la condition d’un enfant dans les bras de Marie, sa mère. Le pape Léon XIII est allé jusqu’à écrire qu’on ne peut pas aller au Christ si on ne passe pas par Marie (Encycl., octobre mense 1891).
Mais la Parole de Dieu nous dit que Jésus est le seul médiateur entre Dieu et les hommes, le Christ Jésus, homme, qui s’est livré en rançon pour tous (1 Timothée 2.5,6). Le chrétien est uni intimement au Christ comme le sarment au vrai cep (Jean 15.1,2,5).
La tradition a donc trahi la Parole de Dieu, comme au temps des Juifs. Ces paroles de Jésus-Christ sont valables aujourd’hui comme en son temps :
« Ésaïe a joliment bien prophétisé de vous, hypocrites, dans ce passage de l’Écriture : Ce peuple m’honore des lèvres, mais leur cœur est loin de moi. Vain est le culte qu’ils me rendent, les doctrines qu’ils enseignent ne sont que préceptes humains. Vous mettez de côté le commandement de Dieu pour vous attacher à la tradition des hommes. » (Marc 7.6-8)
Il faut donc retourner encore à la seule Parole de Dieu, qui doit nous guider. Il faut « combattre pour la foi transmise aux saints une fois pour toutes » (Jude 3). Il ne faut rien ajouter ni rien retrancher de la parole du Seigneur (Apocalypse 22.18,19). Il faut regarder la parole prophétique comme une lampe qui doit nous conduire dans les chemins de notre vie jusqu’au bonheur éternel :
« Ainsi nous tenons plus ferme la parole prophétique : vous faites bien de la regarder, comme une lampe qui brille dans un lieu obscur, jusqu’à ce que le jour commence à poindre et que l’astre du matin se lève dans vos cœurs. » (2 Pierre 1.19)